— Article initialement publié le 18 septembre 2013
Je ne suis pas seule dans ma tête, c’est un fait. Et je crois qu’on est beaucoup dans ce cas.
Perfecto en cuir, robe à fleur et t-shirt troué
Je suis le genre de nana à porter une veste en cuir et des chaussures cloutées en fumant des Gitanes maïs le lundi, à enfiler une petite robe à fleurs et à mettre du blush pour siroter un rosé-pamplemousse le mardi, et à traîner chez moi toute la journée dans un t-shirt troué et plein de taches de coloration sur les épaules le mercredi.
Mes ami-e-s se sont habitué-e-s à mon inconstance vestimentaire et capillaire (il faut dire que personne sur Terre n’a autant expérimenté que moi sur le sujet, j’en mettrais ma main à couper). Mais les variations de ma personnalité ne s’arrêtent pas là !
Soirées rock’n’roll et matinées aux fourneaux
Si le jeudi soir je vais me mettre une race à la bière, éructant au visage des malheureux ayant croisé ma route sans avoir la présence d’esprit de s’enfuir, me grattant les cojones et hurlant à qui veut l’entendre que cette chienne de société de consommation aura notre peau et notre âme, il y a fort à parier que le vendredi je passerai ma journée derrière les fourneaux, à mijoter de bons petits plats afin d’accueillir des invités dans de la vaisselle qui brille avec des serviettes pliée en forme de fleur de lotus.
Je suis un peu comme une punk doublé d’une fille d’une bonne famille d’un autre temps.
L’héroïne d’United States of Tara a aussi plein de facettes, mais c’est moins drôle : elle souffre d’un trouble dissociatif de l’identité.
Cheveux emmêlés et maquillage travaillé
Aujourd’hui, je gueule sur ma meilleure amie car elle s’est encore une fois faite avoir par un connard. Je lui fait un énième sermon sur l’indépendance des femmes, le fait de se prendre en main, en passant par les dangers de la sexualisation des mineures et le fait que dire d’un mec qu’il est « trop meugnooon !! » revient parfois à le comparer à un caniche nain.
Et demain, je me ferai toute petite et travaillerai dans l’ombre pour permettre à cet ami d’avoir les honneurs au boulot, parce qu’il en a plus besoin que moi.
Aujourd’hui, je sors mes cheveux en crinière de lion même pas démêlés, sans correcteur et jugeant de loin les fashionistas de 16 ans qui croient que paraître et être sont des synonymes. Et demain je passerai deux heures dans la salle de bain à me maquiller comme si je recevais un Oscar.
Et c’est comme ça tout le temps. S’enfermer dans un seul rôle semble être la norme, comme si on était tous des stéréotypes de séries télé. Des êtres à une dimension.
Et si on sortait de nos cases ?
On peut être la féministe qui ne rase pas les aisselles OU la nana à faux cils qui glousse en soirée mondaine. On peut être la marrante qui crache sa bière par le nez OU la jolie fille qui fait des yeux de biches en sirotant un Monaco.
Bah non, désolée ! Je suis multiple, je suis paumée dans tout ce bordel et je m’en cache pas. Je prends la vie comme elle vient, et comme je peux.
Oui j’ai envie de gueuler, me rebeller, faire la morale, et oui j’ai conscience que je ne vaux souvent pas mieux que ceux que je critique, que tou-te-s autant qu’on est, on essaie seulement de tirer notre épingle du jeu, de trouver une place où on se sent bien, où on se sent utile.
Ma place à moi, je la sens partout. Je me sens éternelle célibataire et épouse aimante, je me sens femme politique et éleveuse de chèvres, je me sens brune, blonde, rousse.
Je sais pas si on est ce que les autres font de nous, ou si on ne se définit que par nous-mêmes, mais en tout cas je suis pas prête à ce qu’on me mette dans une boîte. À mon avis le truc c’est pas de s’accepter telle que l’on est, c’est de comprendre toutes celles que l’on peut être. Alors soyons folles, soyons multiples et vivons cent vies dans une vie !
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