Aujourd’hui, j’ai envie de rendre hommage à des seconds rôles. Je me suis déjà penchée sur la question avec les personnages secondaires du cinéma à qui j’aurais donné plus d’importance, mais cette fois-ci, c’est différent. Je ne veux pas qu’on revienne dans le passé pour mettre les personnages en question en tête d’affiche : c’est justement le côté « vannes par vagues » qui fait tout et permet de ne jamais se lasser d’eux.
Ils ont réussi à me faire regarder des séries que je n’adulais pas forcément dans l’unique espoir de les voir apparaître à l’écran pour balancer leur punchline de feu. Pour éviter qu’ils ne soient un jour oubliés et apporter ainsi ma maigre contribution à la conservation d’une certaine mise en lumière, faisons donc un retour sur 4 personnages de séries drôles à crever mais un peu oubliés.
Karen Walker (Will & Grace)
Clairement, j’ai jamais vraiment accroché à Will & Grace : je trouvais les vannes téléphonées, le personnage de Grace me sortait par les yeux, celui de Will m’ennuyait et Jack était trop caricatural pour avoir ma sympathie.
Pourtant, une force supérieure me forçait à regarder le programme en rentrant de l’école. Cette force, c’était le personnage de Karen Walker, la secrétaire de Grace. J’en ai fait mon animal totem : elle était tellement drôle dans la méchanceté que j’essayais de me souvenir de ses insultes pour les ressortir si jamais on venait me regarder l’acné précoce d’un peu trop près à la récré.
Karen, c’est un personnage insupportable qui tend à la perfection : multimillionnaire suite à un bon mariage, elle reste toute la journée à son bureau à ne rien foutre et envoyer péter tout le monde. Elle a de surcroît une grosse addiction à l’alcool et la drogue — ce qui ne fait qu’exacerber ses penchants cruels.
Aux États-Unis, la série a largement mieux marché qu’en France (ils ont même eu Cher en guest. Cher. La Cher de Sonie, de Strong Enough, la Cher avec les perruques platine. Cher, quoi). Et là-bas, Karen est un peu culte. Elle a même son compte Twitter avec ses meilleures répliques.
Attends, je m’arrête deux secondes : je suis en train de réaliser que je viens d’avouer qu’à neuf ans, mon modèle était une alcoolique, cynique, infidèle, toxicomane, pédante et aussi prompte au travail qu’un métrosexuel façon Confessions Intimes à se laisser pousser les poils de torse. Pour que tu ne penses pas que ça en dit beaucoup sur ma personnalité, je vais me filmer demain en train d’établir un nouveau record du plus grand nombre de personnes âgées aidées à traverser la rue.
Cordelia Chase (Buffy)
J’ai rien contre Buffy contre les vampires
: comme tout le monde, j’ai un peu regardé, comme tout le monde, j’ai un jour voulu être tueuse. J’ai beaucoup aimé, mais pas au point de me faper dessus. Mais ce que je préférais, dans Buffy, c’était pas Buffy, c’était pas Willow, c’était pas ce nigaud d’Alex ou la marque de gel de Spike, non : ce que je préférais dans Buffy, c’était Cordelia.
Ton père est un voleur : il a arraché mon coeur, en a essuyé le sang et retiré toutes les aspérités pour t’en faire un pendentif.
Au tout début de la série, Cordelia, c’est la reine des abeilles : elle est tellement populaire dans son lycée qu’on pourrait la comparer en terme de swaggité à ce qu’aurait pu être l’enfant de Beyoncé et de Jay-Z (ah pardon : on me dit dans l’oreillette que cet enfant existe. On me prévient jamais de rien).
Elle n’aimait personne à part elle et savait le faire comprendre avec beaucoup d’imagination. Mes moments préférés, c’était quand elle s’en prenait à Willow qui, il faut bien le dire, avait autant de profondeur dans la première saison qu’une surface plane.
Totalement égocentrique, elle était capable de sortir le plus sincèrement du monde des phrases comme :
« Cette invasion d’étudiants étrangers, c’est un vrai cauchemar. En plus, ils ne comprennent rien à ce que je raconte. »
ou
« Ça me rend dingue les gens qui croient être les seuls à avoir des problèmes. Par exemple, un jour, j’ai bousculé une fille sur une bicyclette. C’était peut-être l’événement le plus traumatisant de ma vie. Elle ne s’est préoccupée que de sa jambe, et de ma peine, elle s’en fichait. »
Après, elle devient sympa et altruiste au fil des saisons et je ne lui ai plus trouvé aucun intérêt.
Gunther (Friends)
Dans Friends, il faut bien le dire : Gunther ne sert à rien. Il ne sert tellement à rien qu’à la base, il ne devait se contenter que de faire de la figuration : rester derrière son comptoir à faire des cafés sans esquisser un sourire, en bon gérant de café bien cliché.
Gunther et moi, on a déjà un point commun : on déteste tous les deux Ross. En revanche, lui, c’est surtout parce qu’il est amoureux de Rachel. C’est le personnage faire-valoir dont tous les autres se foutent, et qui en est pleinement conscient. Gunther, c’est moi en CM1 en fait.
Avec, quoi, trois répliques par saison, Gunther a néanmoins réussi à supplanter dans mon coeur les autres personnages de la série. Parce qu’avec une simple moue qui montrait combien il était triste d’être rejeté par les clients du Central Perk, il m’est apparu bien plus drôle qu’une Phoebe ou un Joey à mes yeux beaucoup trop dans l’exagération.
Gloire à toi, Gunther : si tu existais vraiment, je t’inviterais à toutes mes soirées.
Denholm Reynholm (The IT Crowd)
S’il y a bien un truc que je comprends pas, c’est la tendance qu’ont les fans de The IT Crowd à préférer Douglas Reynholm, qui remplace son père à la tête de Reynholm Industries, à Denholm, le patriarche.
Là où Douglas est toujours dans l’exagération, Reynholm est plus sub-non. Non en fait, non. Reynholm est tout autant dans l’exagération, mais de manière plus drôle, plus absurde que son fils au QI de nouille chinoise. Denholm est malin, manipulateur, absurde ; Douglas est lourd, influençable et absurde.
J’ai rarement autant ri que quand il lance une grande campagne anti-stress dans l’entreprise qu’il a monté en menaçant ses employés de les virer s’ils sont stressés, par exemple :
Et quand j’ai appris son départ de la série, mon coeur s’est brisé (spoiler : même si on sait tous qu’il est plus heureux là où il est). Parce que je savais qu’aucun patron fictif ne lui arriverait jamais au mollet galbé. Pourtant, je suis seule dans ma peine : quand les gens citent les personnages qu’ils ont le plus aimé dans cette formidable série, le nom de Denholm arrive bien loin derrière tous les autres. Et ça, ça me tue.
Et toi, quels sont les personnages de série que tu trouvais beaucoup plus drôles que leurs collègues ?
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