C’est comme ça dans beaucoup de films : chacun a son héros ou son héroïne soutenu-e par des personnages secondaires de qualité variable. Mais il peut arriver que ces protagonistes soit si bons, si peaufinés et/ou attachants que je me sens profondément frustrée de ne pas les voir occuper le devant de la scène. Dans ces moments-là, je peux éventuellement devenir un peu agacée de voir mon ou ma préféré-e se retrouver à jouer le rôle du faire-valoir, de celui qui vient souligner l’héroïsme du personnage principal (c’est encore plus flagrant en anglais, où l’on parle de « supporting actor/actress»).
Alors pour remettre les pendules à l’heure, je te propose de revenir sur quelques-uns de ces personnages secondaires qui devraient clairement occuper la tête d’affiche à la place du premier rôle. Une liste non exhaustive, parce que je pourrais y passer la semaine.
Ron Weasley (Rupert Grint) dans Harry Potter
Je commence par enfoncer des portes déjà grandes ouvertes – tellement qu’elles en sont dégondées – dans le coeur de beaucoup d’entre vous, j’imagine. Ce n’est pas que je n’aime pas Harry Potter : j’ai un peu d’affection pour lui, parce qu’il a quand même une petite responsabilité sur les épaules (sauver le monde étant un projet bien ambitieux). Mais cette maturité inhérente à son devoir le rend, il faut l’avouer, parfois bien agaçant avec ses mâchoires serrées pour faire sérieux, ses petits tremblements de la tête et ses poings fermés comme pour étrangler le poids de la pression qui pèse sur lui.
Personnellement, j’aurais préféré que cette responsabilité incombe à Ron Weasley et qu’il devienne la vraie vedette du livre comme du film : Ron est à mes yeux un personnage plus complexe et donc plus intéressant, parce qu’il est faillible. Alors que son meilleur copain ne se détourne jamais beaucoup du droit chemin, il lui arrive de craquer un peu, parce que merde ça fait des plombes qu’il se bat incognito avec plus ou moins de succès alors il a bien le droit de prendre le melon. Je l’imagine envisager d’abandonner toutes les trois minutes, se plaindre parce qu’il en a marre de ne manger que du riz ou proposer une micro-sieste au plus fort de l’action. Et dans mon coeur, je crie de plaisir.
Il a pas l’air bien motivé en plus.
Alors bon, par contre, il est évident que tout le monde aurait fini par crever la bouche ouverte, mais j’aurais plus rigolé.
Rachel Hansen (Chloe Moretz) dans 500 jours ensemble
En temps normal, je suis pas trop branchée « enfant qui donne des leçons de vie dans les films », mais Rachel Hansen est quand même absolument géniale dans sa façon de remettre Tom (Joseph Gordon Levitt) à sa place. Lui, c’est un peu comme si, à peine le pied sur l’accélérateur, il se retrouvait à Cabourg alors qu’il était à Strasbourg : en amour, il va beaucoup trop loin beaucoup trop vite.
J’ai beaucoup de compassion pour Rachel : elle a quand même un frère en carton. Quel genre de personnes entre 25 et 30 ans irait imposer à sa toute petite soeur autant de détails sur sa vie intime ? Personne ! Personne, mis à part Tom. Et quand d’autres enfants mettraient leurs mains sur leurs oreilles en criant « JE T’ENTENDS PAS TROP D’INFORMATIONS LAISSE-MOI TRANQUILLE ET ACHÈTE MOI UNE GAMEBOY », elle ne se dégonfle pas et fait tout pour le raisonner sans hésiter à se foutre ouvertement de sa tronche. En ce sens, elle mériterait clairement d’être un peu plus sur le devant de l’écran selon moi. Le film en aurait été départi de son côté relou, même s’il est déjà hyper intéressant en matière de doigt levé aux comédies romantiques traditionnelles.
« C’est pas parce qu’une fille mignonne aime les mêmes trucs chelou que toi qu’elle est ton âme soeur, Tom ». Vrai : si je tombais amoureuse de toutes les personnes qui aiment les sandwiches coulommiers/Carambar, je serai pas rendue. Je crois.
J’ai longuement hésité avec Paul, joué par Matthew Gray Gubler. J’aurais voulu qu’il soit séduit par Summer et inversement et qu’ils forment ensemble un couple équilibré, complice, sans admiration creepy ni lecture pompeuse dans les signes. Tom aurait alors vu, mis en application, tous les bons conseils que son ami lui donnait et aurait peut-être enfin compris de quoi il parlait.
Louise (Julia Faure) dans Camille Redouble
Je sais pas si tu as vu Camille Redouble, mais ce film est loin d’être dégueu : j’ai souri beaucoup, pleuré un peu et je me suis fait une petite idée de ce à quoi avait pu ressembler l’adolescence des gens qui ont l’âge de ma mère. J’ai vraiment passé un bon moment à le regarder, en somme, mais je crois que je l’aurais encore plus aimé si le personnage principal était en réalité celui joué par Julia Faure, Louise, une des trois meilleures amies de Camille.
Les quatre vivent des évènements plus ou moins bouleversants pendant la période où le personnage de Noémie Lvovsky revient involontairement refaire un tour dans ses années lycée. Je ne peux trop rien dire pour ne pas spoiler celles qui n’ont pas vu le film, mais Louise apprend, alors qu’elle a 16 ans, qu’il va lui arriver quelque chose de bien particulier sous peu et elle est, à juste titre, complètement perdue. Sauf qu’une fois l’annonce passée, ce point de vue est un peu écarté pour se concentrer sur Camille – ce qui est par ailleurs tout à fait logique. Ça m’a rendue triste parce que j’ai eu l’impression d’abandonner Louise. Et je crois qu’encore maintenant, je serais pas contre l’idée d’un spin-off sur l’évolution de ce personnage tellement sympathique en tenant compte de ce critère.
Mooooh !
Pat Senior (Robert De Niro) dans Happiness Therapy
Contre toute attente, je n’ai pas franchement aimé Happiness Therapy. J’ai trouvé ça un peu gonflant. Le personnage campé par Jennifer Lawrence est plutôt sympa, mais ce n’est clairement pas la relation qu’elle a avec Pat (Bradley Cooper) qui m’a le plus émue : c’est celle que ce dernier entretient avec son père, beaucoup plus intense. Pat Senior est ronchon, un peu névrosé et maladroit dans sa façon d’exprimer ses sentiments : c’est le combo gagnant du personnage qui humecte l’oeil.
Et puis, c’est Robert De Niro qui le joue. Un acteur tellement ému par le scénario qu’il en a les larmes aux yeux sur un plateau de télévision, c’est pas rien. Je crois bien que c’est lui qui m’a donné envie de voir le film avant tout. Il est le meilleur représentant de Happiness Therapy, celui qui en a parlé de la manière la plus touchante et celui qui m’a le plus émue de l’oeuvre toute entière.
J’ai tellement regretté qu’il n’apparaisse pas dans toutes les scènes que j’ai envisagé un temps d’imprimer une vignette de lui et de la coller en haut à droite de mon écran pour avoir sa présence tout au long de l’intrigue. Mais j’ai déjà la flemme d’aller faire pipi quand je suis calée devant un film alors faudrait voir à pas déconner.
Otis (Edouard Baer) dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre
Pour le coup, c’est différent : je ne voudrais presque rien changer à Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre, parce qu’il est absolument hors de question qu’on me fasse regarder une version avec moins d’Alain Chabat (d’ailleurs, tu viens le voir avec nous ?)
C’est juste qu’en secret, je rêve d’une pièce de théâtre façon Monologue du Vagin avec Edouard Baer qui improviserait en Otis. Le public lui poserait des questions dans les moments de creux et il y répondrait en digressant. Pendant 5h. Minimum.
Sans possibilité de sortir pour aller aux toilettes histoire de vivre l’expérience à fond.
Maintenant, à ton tour : quels sont les personnages secondaires qui ont le premier rôle dans ton coeur ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Je suis d'accord avec tout ça ! Punaise, c'était pas assez..J'irais à Poudlard sur les rotules s'il le fallait !