On le sait, ce n’est pas un secret et tout le monde est forcé de l’admettre : les personnages féminins forts, indépendants, qui ne servent pas de joli faire-valoir et qui sont d’une complexité satisfaisante sont rares dans le paysage culturel. Et plus particulièrement dans celui des séries télé.
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Alors quand on tombe sur une série dont le protagoniste principal est une protagoniste de ce style — parce que ça arrive heureusement de plus en plus — c’est la fête. Sans rire. Non seulement ça change, et c’est toujours bon pour la santé du ciboulot de lui présenter un peu de diversité… Mais en prime, ça nous fait enfin des personnages féminins véritablement inspirants, pour nous autres pauvres et frêles femmes ! Mine de rien, c’est important.
Mais si, vous savez ! Ces personnages dont les aventures, autant que les déboires, nous font penser que tout est possible si on se sort un peu les doigts du… Bref, qui nous motivent ! En tout cas, en voici trois qui me donnent envie de me passer les épisodes en boucle.
Veronica Mars, la (très) jeune détective qu’il ne faut pas chercher
Certes, la première saison de Veronica Mars est sortie en 2004, et la série n’est jamais, à mon grand dam, allée au-delà de la troisième saison. Mais ça ne m’empêche pas de la connaître par coeur, et d’être actuellement en plein énième binge-watching de mes coffrets DVD. Il y a quelque chose dans cette série qui fait que je ne me lasse jamais. Et ce n’est pas tant le côté série policière que son héroïne.
Veronica Mars n’a que 16 ans au début de la série, j’en ai 26, et j’apprends encore d’elle. Il faut dire que c’est dans l’adversité que l’on reconnaît les personnages inspirants — et l’adversité, elle connaît. Quand l’histoire commence, sa meilleure amie a été assassinée, son père a perdu son poste de shérif et le respect de la communauté en poursuivant les parents, sa mère les a abandonnés, son grand amour l’a quittée du jour au lendemain sans rien dire, et elle sait qu’elle a été droguée et violée lors d’une soirée sans qu’elle sache par qui, ni que le nouveau shérif ne la prenne un minimum au sérieux. Pfiou. Pas mal pour une adolescente, non ?
Ah, oui, et sympathique cerise sur le gâteau : dans le petit monde joyeux du lycée, ses déboires inspirent mépris et moqueries cruelles à ses petits camarades plutôt que compassion.
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Mais Veronica n’est pas qu’une victime pour autant. Pour le coup, tout ce qui ne l’a pas tuée l’a rendue plus forte. Et si elle reste une adolescente qui fait des erreurs, se montre bornée et peut juger hâtivement une personne en se laissant dominer par ses sentiments… Elle se montre la digne fille de son détective de père en l’assistant avec brio, et en menant ses propres enquêtes avec intelligence, maturité, courage, loyauté, et une débrouillardise à toute épreuve.
Bien sûr, d’un autre côté, elle s’enferme aussi dans une espèce de carapace blindée pour se protéger. Sauf que c’est là que s’apprécie toute la complexité du personnage, qui évolue au fil du temps et des rencontres. La jeune fille revêche et cynique apprend au fur à et mesure à refaire confiance, en même temps qu’elle apprend à se relever de manière saine de ses chutes.
Et ça, c’est au moins aussi important à mes yeux que sa force mentale et son indépendance.
Sun Bak (Sense8), guerrière sur le ring et dans la vie
Je pourrais disserter pendant des heures sur Veronica Mars, sa façon de ne jamais lâcher sa proie, ou sa formidable relation avec son père… Mais je finirais par vous perdre en route. Ce qui serait fort dommage, car il n’y a pas que Veronica Mars dans mon coeur. Non madame ! Figurez-vous qu’une petite dernière s’y est invitée récemment, tandis que je regardais par curiosité les premiers épisodes d’une série dont je ne savais rien : Sun Bak, de Sense8.
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La première chose qui frappe chez Sun Bak, c’est son poing (tu l’as ?). La jeune femme, qui pour le coup se rapproche un peu plus de mon âge, est ce qu’on appelle une championne de kickboxing de l’ombre. Toute menue, toute frêle, encore moins épaisse que ma pourtant petite personne, elle casse la gueule à qui elle veut, même seule contre quatre grands gaillards agressifs. C’est un peu jouissif.
Sur ce plan-là, donc, elle mérite son titre de guerrière. Mais sa maîtrise d’elle-même va bien au-delà de la maîtrise de son corps. C’est même précisément parce qu’elle est forte mentalement qu’elle peut démonter des gueules physiquement. Et attention à ne pas confondre « forte » avec « insensible ».
Au contraire, Sun Bak est une personne blessée, qui vit avec un sacrifice. Ayant promis à sa mère sur son lit de mort, alors qu’elle était enfant, de protéger son frère et son père, elle vit dans l’ombre de ces deux derniers tout en portant sur ses épaules le poids de leurs échecs. Et son plus gros combat sera, paradoxalement, de s’émanciper et se sortir de cette prison-là.
(Bon, et puis elle tabasse super bien, quand même.)
Sarah Manning (Orphan Black), celle qui remonte toujours la pente (et de loin)
On l’aura compris : on reconnaît un personnage fort à sa propension à garder la tête hors de l’eau. Soit un personnage auquel le/la scénariste fait tous les sales coups possibles et imaginables, juste pour voir comment il ressortira de toutes ses épreuves. Et ce qui est fantastique avec Sarah Manning d’Orphan Black, dont je suis secrètement amoureuse, c’est qu’elle sort chaque fois meilleure qu’avant.
Je la fais courte, parce que cette série est tout de même assez complexe, mais en gros, quand elle commence, Sarah est plus ou moins une racaille. Dealer, arnaqueuse professionnelle, elle tombe enceinte et laisse sa fille à sa mère adoptive pour fuir avec son incapable et autre dealer de petit ami. Or un beau jour, elle revient avec la ferme intention de retrouver sa fille, et découvre… Qu’elle est un clone. Oups.
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Que celles et ceux dans la salle qui n’ont pas encore vu la série ne me balancent rien à la figure : je ne spoile rien. C’est le pitch, okay ? Sachez juste que par la suite, ça devient de plus en plus compliqué. Que Sarah se débrouille pour éviter la moindre galère. Et puis un beau jour, on regarde un nouvel épisode, et on réalise qu’elle est devenue quelqu’un de bien, qui affronte les problèmes au lieu de les fuir, et ce au nom des personnes qui lui sont chères. Que de petite frappe, elle est passée au statut de grande soeur ou maman qu’on rêverait d’avoir, et qui inspire une loyauté sans faille.
Bref. Moi quand je serai grande, je veux être Sarah Manning. J’ai déjà le prénom, c’est pas mal, non ?
Et toi, quels personnages féminins de série te tirent vers le haut ?
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