– Article écrit à quatre mains par Sophie-Pierre Pernaut et Myriam H.
Rory (Gilmore Girls)
Je ne sais pas bien pourquoi, mais je n’ai jamais aimé Rory. Autant j’étais absolument fan de Lorelai, me promettant d’être comme elle si un jour me venait cette idée folle d’avoir des enfants, de les élever dans l’humour, la décontraction et l’estime de soi quoiqu’il arrive, autant la fille m’a toujours hérissé le poil de rage.
Si j’y réfléchis bien, je crois bien que je n’ai jamais supporté son côté première de la classe, pour des raisons de pure jalousie, mais pas que. Elle a cette rigueur au niveau des études que je n’aurais jamais réussi à obtenir, ce côté control freak qui me saoule profondément et, de surcroît, cette façon de se prendre la tête pour des conneries façon « Eh, il m’a embrassée au rayon pop corn, tu crois que ça veut dire qu’il est sautillant comme un grain de maïs dans une machine, j’veux dire, qu’il n’est pas stable ». C’est simple, à chaque épisode de Gilmore Girls, j’ai eu envie de lui hurler de fermer sa bouche.
Elle m’évoque toutes ces filles qui gèrent leur vie avec minutie, de leurs relations sentimentales à leur alimentation, sans jamais s’accorder la moindre surprise. J’ai eu l’impression tout au long des saisons que si elle m’avait rencontrée, elle aurait jugé ma vie foutraque, comme elle avait l’air de juger de loin, sans rien dire, celle de sa mère.
Même quand elle décidait de prendre une année sabbatique, elle restait là, avec son air impassible de fille à qui on la fait pas, que j’interprète inconsciemment comme un air de pure rabat-joie. J’ai bien conscience que cet écart entre les deux protagonistes était l’essence même de la série, mais ça me rendait triste de réaliser qu’elle était incapable, malgré (à cause de ?) son éducation détendue du tanga, de relâcher un peu la pression.
Jessica « Jess » Day (New Girl)
Bon, là, je sais que je touche à un personnage très aimé par beaucoup de madZ mais le niveau d’agacement que « Jess » provoque chez moi frôle la haine, très honnêtement.
Connaissez-vous le thème de la « Manic Pixie Dream Girl » ? Il s’agit d’un personnage féminin (au hasard comme par hasard, disons joué par Zooey Deschanel) qui réussit, grâce à son côté « pas-comme-les-autres », spontané, un peu foufou et « awkward », à sortir un personnage masculin de sa torpeur et à l’aider à trouver le bonheur. Le critique cinéma Nathan Rabin l’a très bien résumé (il parlait du personnage interprété par Kirsten Dunst dans Elizabethtown) :
« Cette créature cinématographique pétillante et creuse qui n’existe que dans l’imagination enfiévrée des scénaristes-réalisateurs sensibles, et qui apprend à des jeunes hommes torturés à s’ouvrir à la vie, à ses mystères et aventures infinies. »
Je n’aurais pas dit mieux moi-même. Jess, dans New Girl, est une telle caricature de Manic Pixie Dream Girl que cette sitcom, qu’on m’a présentée comme rafraîchissante et drôle, m’a mise dans une fureur noire. J’avais l’impression (et le gif ci-dessus prouve que ce n’est pas qu’une impression) que le personnage me hurlait à la gueule : « Regarde ! T’as vu comme je suis bizarre ! Hihi, y en a pas deux comme moi ! Ouh, non je ne suis pas une fille comme les autres, bouh, c’est caca, moi j’aime
Le Seigneur des Anneaux attend ! Hihihi, je suis si awkward que je viens de me casser la figure ! Oh, mais pourquoi ce garçon met-il sa langue dans ma bouche ? », etc., etc.
Ce mélange d’égocentrisme, de fausse modestie et d’humour « absurde » savamment calculé m’a provoqué tant de palpitations et de brûlures d’estomac que je ne peux plus entendre « Hey Girl ! Whatcha doing ? » (le générique de la série) sans mettre un coup de poing dans le mur. Un genre de réflexe pavlovien.
Sheldon Cooper (The Big Bang Theory)
Avant tout, précision : oui, je sais, beaucoup pensent que Sheldon souffre du syndrome d’Asperger et que cela explique qu’il soit légèrement nul pas très doué socialement. Mais QUAND MÊME.
Si Sheldon n’était pas un génie, ce serait tout simplement un gros con. Il méprise toutes celles et ceux qui ne partagent ni ses centres d’intérêts ni ses références culturelles, ne fait preuve d’aucun tact (il rappelle régulièrement à Penny que ses rêves de gloire se sont effondrés pour la laisser dans un job de serveuse, par exemple), n’est prêt à aucun effort pour améliorer la vie de son coloc, Léonard, et refuse absolument de se remettre en question.
Pour monsieur Sheldon et son gros cerveau, le reste de l’humanité (à quelques exceptions près) semble être composé de petits sous-hommes bons à servir ses commandes de nourriture extrêmement chiantes, à prendre en compte tous ses tics et ses petites habitudes, et à lui laisser le champ libre pour qu’il fasse marcher ses neurones pour « des trucs plus importants ».
On peut tout à fait être Asperger, être conscient des difficultés que l’on rencontre au niveau des codes sociaux et s’efforcer de les comprendre pour ne pas trop gêner ou vexer les autres. Mais Sheldon, non. Pas besoin de faire l’effort : ces codes sociaux sont ridicules, puisqu’illogiques et arbitraires (alors que c’est très logique de taper un scandale pour une place sur un canapé… hmhm). Il peut donc continuer à se complaire dans son attitude de gros relou et à mépriser tous ceux qui tentent de lui faire comprendre un tant soit peu qu’il est cruel et irrespectueux. Je le dis haut et fort : l’intelligence n’excuse pas tout. Oh que non.
Jack Dawson (Titanic)
Vas-y, achève-moi : je sais que je le mérite. Quand j’étais petite, j’adorais Titanic mais ce n’était certainement pas pour le personnage masculin du film, Jack Dawson.
Évidemment, ça me rendait un peu chafouine de le voir mourir dans l’eau glaciale, parce que son couple avec Rose était mignon – même si je me rendais bien compte à l’époque qu’il était absolument hors de question que je sacrifie ma vie pour une personne que j’ai rencontrée 3 jours plus tôt – mais sans plus.
Je n’aime pas Jack Dawson pour une raison très simple : je le trouve gentil, certes, mais arrogant, et ce n’est pas parce que j’ai un problème avec les gens qui ont confiance en eux. Bien sûr, je suis toujours touchée quand il tremble de froid et de peur juste avant de faire taktak avec la fille qu’il aime, mais je crois que c’est tout.
Il a un discours adorable de naïveté (je vis au jour le jour, la vie est un don merveilleux, tant que j’ai de l’air dans les poumons et des feuilles pour dessiner je suis heureux BLABLA), mais je ne peux m’empêcher d’en être agacée, d’avoir l’impression qu’il est un donneur de leçons qui dit en substance qu’il a tout compris à la vie. Le souci, c’est ça : je suis persuadée que si je le croisais en soirée, il serait du genre à essayer de me convaincre que j’ai été complètement neuneu de me faire aliéner par la société, au point de vouloir un salaire régulier et un appartement.
Et toi, quels personnages généralement très appréciés te donnent envie de tout péter ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
-La Princesse de Cleves : désolée mais même si elle a le contexte historique et l’éducation limite misandre de sa mère comme excuse , son attitude un peu gamine gâtée chouineuse sur les bords m’a pas mal soûlée !
-Paul Young dans DH:
un pervers narcissique froid et qui cache bien son jeu.
-CeCe Drake dans Pretty Little Liars : certes aimante et loyale vis-a-vis de sa soeur , mais bien atteinte dans le style aussi …
Et sinon j’ai une amie qui peut pas blairer Spencer Reid d’Esprits Criminels ( nous sommes en totale divergence elle et moi sur ce point la !) , pas qu’elle le trouve malsain ou quoi mais elle le trouve fade et chiant a faire son Mr-Je-Sais-Tout ( je cite ) , alors la ca rentre totalement dans la catégorie des personnages adulés détestés ! ( injustement par elle a mon goût sur ce coup-là…)