Au lieu de ça, il est devenu quasiment introuvable. De mon côté, je l’ai trouvé un peu par hasard en juillet 2006, en me baladant à la FNAC, quelques jours après avoir vu ma première fille venir au monde.
Faut dire qu’on avait avec ma femme décidé de garder la surprise du sexe jusqu’au bout et que ce sujet à propos des pères (un autre a été republié depuis), créé durant la grossesse sur madmoiZelle, m’avait un peu terrifié à l’époque… les filles qui y venaient raconter une relation « sereine » à leur père n’étaient pas si nombreuses. Bordel, c’était donc si compliqué que ça, d’avoir une fille ?
Et en matière d’éducation, c’est souvent la théorie du Chaos qui s’applique : un bonbon refusé à deux ans peut transformer votre rejeton en serial killer vingt ans plus tard et sur le moment, impossible de capter que tu fais une boulette. Mon idée, c’était de savoir ce que tel comportement pouvait amener (ou pas) à la relation avec la fifille.
Je cherchais donc sans trop d’espoir un bouquin bien fichu sur les relations père-fille, un peu de théorie dans cet univers impitoyable d’amour déraisonné, d’interdit d’inceste, d’Oedipe ou de haine (parfois) exagérée et je suis tombé sur ce petit livre, à la couverture un peu concon (comme tous ceux du genre). Je l’ai embarqué. En même temps, c’était le seul sur le sujet alors c’est pas comme si j’avais eu le choix.
L’auteure, Valérie Colin-Simard, a rencontré différents « couples » pères-filles, ayant chacun des relations bien spécifiques, les a interviewées séparément et a retranscris le contenu des entrevues sans jamais intervenir en tant que journaliste. Le résultat est souvent assez scotchant. Chaque duo d’entretiens est ensuite appuyé par l’avis d’un spécialiste.
J’ai littéralement avalé ce bouquin. Chaque « cas » amène quelque chose par rapport au précédent et joie dans mon coeur, il reste très factuel : ici, point de recettes ou de conseils foireux (typiques de ce style de livres et rédhibitoires pour ma part).
En le refermant, on comprend un truc – que je pense – essentiel et que chaque père devrait intégrer : pour le bien de sa fifille (et de son rapport aux mecs), le paternel SE DOIT de merder. Oui voilà, ça devrait être le rôle historique de chaque père par rapport à leur fille. Aussi, il faut essayer de merder le moins possible, ou du moins en ayant conscience qu’il FAUT merder. Et pour ça, il n’y a aucune méthode meilleure que l’autre.
- Un père trop présent et trop cador, c’est pas bon : votre fille verrait en vous l’Homme Ultime et n’en sortirait jamais. Si ça peut faire plaisir à l’ego du papa, ça peut aussi créer deux-trois soucis avec ses futurs mecs, puisqu’elle passerait son temps à comparer ses prétendants à son père, qui seraient forcément MOINS BIEN (quel couillon peut prétendre se battre contre une relation longue de toute une vie ?).
- Un père trop absent non plus. Parce que les filles ont besoin d’une figure paternelle pour se définir par rapport à leur mère et en tant que future femme.
- Quant à ceux qui s’imaginent que ne pas bouger une oreille pourrait éventuellement leur permettre de sauver la mise, c’est bien pire, puisque l’amour et le conflit sont au final bien plus salvateurs pour la fille qu’une relation « molle ».
L’un des trucs marquants du livre, c’est que pas une fille n’y dit « mon père est parfait ». Quoiqu’il fasse, y’aura un truc qui manque : de l’affect, de la poigne, des larmes, de l’autorité… Et au final, heureusement, puisqu’en fait, c’est par le père (et la rupture avec lui) que la fille se construit.
Pourquoi je vous parle de ce bouquin ? Parce que s’il est instructif pour les pères, je pense aussi qu’il l’est tout autant pour les filles, le « décryptage » étant aussi efficace des différents points de vue.
Si vous cherchez à piger le pourquoi du comment avec votre père, ça peut être une lecture fichtrement intéressante. Il est trouvable sur amazon en occasion… Et si vous n’arrivez pas à le trouver, envoyez des mails à l’éditeur (Marabout) pour qu’il se sorte les doigts et réimprime cette petite pépite de bouquin. Reconnu d’utilité publique, je vous dis.
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