Mes parents ont divorcé quand je n’étais encore qu’une enfant, aux alentours de mes 6 ans. À cet époque, quand j’allais chez mon père le week-end, il ne faisait aucun effort pour être un bon père aimant. Je passais mes journées devant la télévision. Puis petit à petit, il a commencé à organiser des sorties à la montagne, dans un parc d’attractions, etc.
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Éloignement et colère
Puis un jour, sans que je me souvienne pourquoi, je ne voulais plus aller chez lui : j’avais peur de lui. C’est une personne qui ne parle que très peu, il est très renfermé sur lui-même. Et surtout, il peut avoir des excès de colère et se fâcher très fort.
Après quelques temps, j’ai accepté de retourner le voir. Mais je passais de nouveau mes journées devant la télévision et lui devant son ordinateur. Nous vivions à deux dans l’ennui.
Quelques temps plus tard, quand j’avais 14 ans, nous sommes partis au Vietnam voir la famille. Ayant aussi ma famille maternelle là-bas, j’ai pu passer une semaine chez eux au milieu de celles que je passais chez celle de mon père.
À la fin de la semaine, quand mon père est venu me chercher, j’ai remarqué qu’il portait une alliance à son doigt, jusque là resté vierge depuis le divorce avec ma mère. Le soir j’ai pu voir la même alliance au doigt de la femme qu’on m’avait présentée comme étant une élève de mon grand-père professeur d’anglais et une amie de la famille. Mon père s’était remarié à mon insu alors que nous étions partis ensemble en vacances ! Il avait fait ça dans mon dos, alors que j’étais juste chez ma famille maternelle, dans le même pays, la même ville…
J’ai fait une énorme crise de colère dans la chambre que nous partagions, je l’ai mise sens dessus-dessous. C’est là que j’ai découvert les albums photos du mariage. J’ai appris par moi-même ce secret que toute ma famille paternelle s’était appliquée à me cacher. Une seule personne m’a demandé le lendemain si j’étais au courant. Personne, que ce soit mon père ou les autres, ne m’a raconté comment cela s’était fait, les détails. Ils faisaient tous comme si de rien n’était. Ainsi quand je demandais à mon père quand cette « amie » de la famille viendrait chez nous, il restait évasif et avait même le culot de me demander pourquoi donc elle viendrait… Il niait fermement.
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Une relation définitivement changée
En rentrant, j’ai continué à voir mon père mais seulement parce que je me disais que j’y étais obligée. J’ai très mal digéré cette histoire, et je la ressortais à chaque fois que ça n’allait pas vraiment avec lui.
Il a complètement refait sa vie avec sa nouvelle femme, qu’il a fait venir en France l’air de rien. À mes 16 ans j’ai arrêté d’aller chez eux, car ma marâtre me faisait sentir que je n’étais plus la bienvenue. Je ne voyais donc mon père qu’une fois par mois pour un repas en tête-à-tête au restaurant.
Et depuis qu’il a décidé de refaire sa vie avec cette femme, il m’a en quelque sorte mise de côté. Il a eu deux autres enfants. Et avant d’avoir le deuxième enfant, il s’est retrouvé au chômage. Quand il a su qu’il allait à nouveau être père, il est venu me dire qu’il allait arrêter de payer ma pension alimentaire — ce qui nous a mises, ma mère et moi, très en colère, car il n’assume pas ses actes. Ma mère lui a dit que ce n’était pas parce qu’il allait avoir un autre enfant qu’il pouvait se permettre de me « jeter à la poubelle ».
Et maintenant ?
J’essaye de ne plus me torturer avec mon père. Je m’implique au minimum dans notre relation et je l’implique au minimum dans ma vie. Par exemple, ça fait deux ans que j’ai ma propre voiture, que je me suis payée en travaillant, et je le lui ai caché. Je suis quasiment certaine qu’il s’en servirait d’excuse pour ne pas payer ma pension, arguant que si j’ai pu me la payer c’est que j’ai ce qu’il me faut. Il m’a beaucoup déçue avec ces histoires d’argent et son mariage, et je crois que maintenant plus rien ne pourrait me décevoir venant de lui.
J’ai mis beaucoup de temps à lui pardonner pour le mariage parce qu’il a attendu longtemps avant de me demander pardon. Il m’a dit qu’il regrettait beaucoup de me l’avoir caché, et qu’il sait qu’il aurait pu mieux faire. Pour autant il ne s’est pas vraiment expliqué sur les raisons qui l’avaient poussé à agir comme ça. Je crois que c’est tout simplement dans sa nature.
Maintenant on se contente en quelque sorte de se voir pour entretenir notre relation « père-fille », mais de la façon la plus simple et la plus banale possible.
Nous nous voyons de manière très irrégulière. Il nous arrive de nous rencontrer deux fois par mois, ou tous les deux mois. Il m’appelle de temps en temps, au moins une fois par mois pour avoir des nouvelles, mais lorsque nous nous voyons, on se parle très peu. Premièrement parce qu’il ne parle pas et qu’il a toujours l’air de n’écouter que d’une oreille, et deuxièmement parce que vu notre relation, je ne me vois pas lui raconter ma vie. On se regarde donc dans le blanc des yeux et on mange en silence.
Maintenant mon beau-père s’occupe plus de moi que lui, et je m’en sens vraiment beaucoup plus proche. Je vois mon père parce que ça reste mon père. Mais parfois, quand je parle de lui, je ne dis pas « mon papa » mais « mon géniteur ».
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Les Commentaires
Je voulais te dire que, mon papa étant cavaleur, j'ai eu affaire à pas mal de belles-mère, et si certaines se sont montrées odieuses, deux, géniales, comme toi, se sont occupés de ma petite soeur et moi, en nous impliquant totalement dans la vie de famille (alors qu'on n'allait chez mon père qu'un weekend par mois), en nous faisans sentir qu'on était les bienvenues et en nous aimant.
Et à ces femmes géniales, j'aurai toujours énormément d'amour et de reconnaissance.
Alors merci d'avoir ce super état d'esprit et cette parfait attitude