Manny Guiterriez, alias Manny MUA, est un make-up artist très connu dans la sphère YouTube anglophone. Je vous en avais parlé pour la première fois quand je criais mon amour au maquillage pour les hommes.
Il est également homosexuel et parle de divers sujets sur sa chaîne, entre deux tutos et trois unboxings. Ici, il évoque par exemple son vitiligo, une affection de la peau.
Manny a fait la Une des journaux récemment puisqu’il est devenu égérie pour le nouveau mascara Maybelline. L’occasion pour moi d’en remettre une couche (et pas sur les cils, mdr !!!) en me réjouissant de voir le maquillage enfin ouvert à tous les genres.
Mais forcément, voir un homme maquillé, ça ne plaît pas à tout le monde.
« Voici pourquoi les pères doivent être présents pour élever leurs fils »
Comme l’indique Refinery29, le blogueur (et père de famille) Matt Walsh, aux opinions conservatrices, a utilisé l’image de Manny pour dénoncer la « féminisation de la société ».
Voici pourquoi les pères doivent être présents pour élever leurs fils
En plus de ce tweet, Matt Walsh a publié un article de blog sur le même thème. Morceaux choisis. (Les passages en gras ont été mis en avant par moi-même.)
« Il est possible — mais très improbable, à mon avis — qu’un garçon grandisse avec le meilleur père du monde et finisse quand même par devenir une égérie beauté. Les enfants ont leur volonté et identité propre, après tout, et on ne peut qu’essayer de les modeler. […]
Voici ce que savent tous les parents ne serait-ce qu’un minimum corrects : il faut apprendre aux garçons à devenir de vrais hommes, et aux filles à devenir de vraies femmes.
Sans distractions, sans influences néfastes, peut-être que les garçons deviendraient naturellement des hommes normaux, et les filles des femmes normales.
Mais notre environnement ne permet plus cela.
Nous vivons dans une culture déterminée à subvertir, à pervertir la nature. Les garçons sont naturellement attirés par le masculin et les filles par le féminin, mais de puissantes forces sabotent ce processus et distillent de la confusion dans l’esprit de nos enfants. […]
L’un de nos devoirs principaux, à nous les pères, est de montrer à nos fils ce à quoi ressemble la masculinité. […]
« Voici ce qu’est un homme. Voici ce que fait un homme. Voici comment un homme se tient. Voici comment un homme se comporte. Voici comment un homme s’habille. Voici comment un homme s’exprime. » […]
Si on laisse un garçon découvrir la masculinité par lui-même, dans notre société actuelle, il conclura que la masculinité est toxique ou qu’elle n’existe pas. Il décidera que la meilleure chose pour un homme est de rejeter ce qui fait de lui un homme, et d’adopter le style, les manières et le comportement des femmes.
Il apprendra, en d’autres termes, qu’être un homme bien, c’est être une femme. »
La réponse de Manny MUA (et de son père) aux propos de Matt Walsh
Manny MUA a été prompt à réagir, avec son habituel talent pour le sarcasme. Il répond notamment aux sous-entendus de Matt Walsh selon lesquels lui et James Charles, mannequin pour CoverGirl, auraient grandi sans père (ou avec un mauvais père).
Mon père bosse pour moi, en fait, et il en est SUPER fier. Désolé !
En plus de cette petite pique, Manny a partagé un émouvant message de son père. Ce dernier s’adresse directement à Matt Walsh, si inquiet pour l’avenir des petites têtes blondes américaines.
« Pour commencer, Mr Walsh, sachez que j’ai toujours été là pour mon fils et que je le serai À JAMAIS. Je suis fier, non seulement de ce qu’il a accompli, mais de la personne qu’il est devenu. […]
Si j’étais vous, je ferais plus attention à mes propos et mes actions. Car tout comme vous ne reculeriez devant rien pour votre famille, je ne reculerais devant rien pour la mienne. »
La masculinité toxique… et contagieuse
On pourrait croire à une simple guéguerre entre personnalités du Web, mais l’article de Matt Walsh est révélateur d’une pensée qui fait beaucoup de dégâts.
À la base, rappeler l’importance des pères dans l’éducation et encourager les hommes à s’investir auprès de leurs enfants est une bonne chose. La preuve avec notre rubrique Père & fille, riche en témoignages.
Mais le modèle défendu par Matt Walsh est celui d’une masculinité unique, d’une absence totale de choix. Si tu es un garçon, alors voici l’homme que tu DOIS devenir.
La façon dont on vit sa masculinité ou sa féminité varie énormément selon les individus. Le genre s’exprime notamment par des codes sociaux en constante mutation.
Enseigner aux enfants qu’il n’y a qu’un type de femme ou d’homme qui soit acceptable, c’est les enfermer dans un carcan qui peut devenir extrêmement douloureux pour peu qu’on ne s’y glisse pas parfaitement.
Les dangers d’une masculinité à géométrie fixe
Je ne peux que vous re-conseiller The Mask You Live In, un excellent documentaire disponible sur Netflix qui analyse les dangers de la masculinité rigide imposée très tôt aux garçons.
Les injonctions à « être un homme, un vrai » y sont disséquées et analysées, ainsi que leurs conséquences. Car être un homme, c’est ne pas pleurer, ne pas montrer ses émotions, ne pas appeler à l’aide… et ça mène parfois à des actes dramatiques.
À lire aussi : Des hommes pleurent… pour sauver des vies
Il est important que des exemples comme Manny MUA et James Charles montrent aux garçons qu’ils peuvent devenir l’homme qu’ils souhaitent être — qu’il soit musclé comme Hugh Jackman ou qu’il ait les paupières pailletées comme Manny.
Au final, c’est ça, être un bon père : montrer à ses enfants toutes les possibilités qui s’offrent à eux, et les laisser choisir en les accompagnant. Même s’ils veulent devenir youtubeur beauté.
À lire aussi : Cher Papa, voici comment m’élever de façon non-sexiste
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Mais oui, c'est l'objet de l'article, comment peut-on contester ce droit, cette liberté? Et après ce sera quoi? Et un homme qui se cure le nez en public, c'est pas plus dérangeant? Des fois,on se focalise sur des trucs, ça me fout en l'air.