Rien que déjà le mot « féminisme » ! Dedans c’est le mot « femme » qu’on retrouve, ça veut bien dire que les femmes veulent être supérieures aux hommes !
Quand mon père a prononcé ces mots, je dois avouer que je suis un peu restée sur le cul. J’étais énervée, et désemparée de voir à quel point il était peu informé.
Ça a influencé notre relation et au fur et à mesure, j’ai intégré que mon père était anti-féministe. Si c’est aussi ton cas, ces conseils sont pour toi !
Mon père est anti-féministe
Le féminisme, à l’opposé de vouloir dominer les hommes, cherche juste à rétablir le rapport de force, à détruire la domination patriarcale et les schémas sexistes qui, clairement, nous détruisent les ovaires avec puissance.
Bon, il est évident qu’il y a un fossé entre mes aspirations et celles de mon père. Nous ne sommes pas de la même génération, mais a priori l’ouverture d’esprit n’a pas d’âge, non ?
Par exemple, mes discussions entre potes et les siennes n’ont rien à voir.
Alors que j’évoque le fait d’arrêter joyeusement de m’épiler, mon père échange avec ses collègues sur les poils dépassant du t-shirt de leur supérieure hiérarchique qui « n’est pas très féminine ».
Ce dont je m’étais offusquée quand il l’avait raconté, évidemment.
« Non mais pour les odeurs quand même ! » avait-il répondu.
Alala, si peu de mots, tant de choses à dire…
Une autre fois, les médias relayaient en masse le dépôt de plainte pour viol d’une jeune femme américaine, Kathryn Mayorga, contre le footballeur Cristiano Ronaldo.
Révoltée, j’en avais parlé à table…
Et mon père, comme une poignée de gens un tantinet insup’, avait remis en cause la légitimité de la plainte, en raison de la popularité du potentiel violeur, mais aussi du délai entre l’acte et la démarche de la victime.
Ma mère et sa charge mentale
Le féminisme, c’est donc rétablir le rapport de force.
Depuis mes 14 ans, j’ai très bien remarqué qu’à la maison, même si d’après ma famille « la condition des femmes s’est nettement améliorée blablabla », c’est tout de même ma mère qui a le mauvais rôle.
C’est elle qui s’occupe de laver le linge, de le repasser, le plier, le ranger DANS LES PLACARDS, de faire les courses, de faire le ménage (et même récurer les toilettes, oui oui), de prendre les rendez-vous médicaux quand il y a besoin, d’être attentive…
Bref, la totale. La charge mentale.
Quand mon père veut entraver mon corps
Avant de passer au plan d’action, dernière anecdote prouvant qu’être une femme, c’est disposer d’une liberté à jouir de son corps (lol).
Je me rendais avec joie et hâte au concert du meilleur groupe de rock EVER, j’ai nommé Arctic Monkeys.
C’était le printemps, il faisait déjà chaud et personnellement, j’aime pas trop suer, j’avais donc revêtu mon plus beau short.
Face à ma tenue, mon père m’avait questionnée :
Tu vas y aller comme ça ? Il fait beau, mais bon c’est Paris, il faudra pas s’étonner…
Certains pourront se dire que je suis peut-être un peu trop vive à crier au sexisme, mais je pense que mes potes et moi sommes toutes d’accord pour dire qu’on en a assez.
On en a assez de vivre en fonction du regard des autres. Ou plutôt en fonction du regard des hommes.
Il y a eu plusieurs autres situations comme ça, où les décennies de sexisme que mon père avait ingurgitées sortaient morceaux par morceaux via ses cordes vocales, et où j’avais juste l’impression d’être dans un film de science-fiction.
Alors si ton père est anti-féministe, concrètement, comment ne pas faire une syncope face à une palette flamboyante de propos problématiques
?
Mettre en place un plan d’action face à ton père anti-féministe
Je ne te dis pas que ce sera facile, loin de là. Tu vois cette année j’ai fait un TPE sur l’art comme facteur d’émancipation pour les femmes, alors niveau féminisme, j’étais plus qu’au taquet.
Je te promet qu’avec un poil de courage et des nuits de 8h ça ira.
Faire preuve d’empathie avec ton père anti-féministe
Premièrement, je te dirai d’essayer d’être compréhensive et de prendre de la distance. Souffle un coup. Il va falloir faire un petit taf de réflexion et d’analyse : essaye de te mettre à sa place.
Dans le cas de mon père, je me suis vite rendu compte qu’il ne faisait que reproduire le schéma de vie de ses parents.
Il a reçu une éducation tout ce qu’il y a de plus sexiste : issue du milieu rural, ma grand-mère restait au foyer, s’occupait des enfants, tandis que mon grand-père, lui, travaillait de ses mains pour ramener un salaire.
C’étaient les mœurs de l’époque malheureusement, et ma mère, bien qu’elle comprenne tout à fait les enjeux du féminisme, n’a jamais eu ni la force ni l’envie de prendre part activement au combat contre la domination patriarcale.
Faire preuve de patience et de pédagogie avec ton père anti-féministe
Deuxièmement, tu dois t’en douter, il te faudra être patiente. Si ton père n’est pas trop fermé, tu peux lui proposer quelques lectures.
Avant de comprendre le féminisme, il faut déjà connaître son histoire. Pour ça, tu peux lui offrir La petite Bédéthèque des Savoirs : Le féminisme de Anne-Charlotte Husson qui retrace l’histoire du féminisme, et ses principales actrices.
Ensuite, s’il est chaud, tu peux lui acheter Beyoncé est-elle féministe ? pour saisir les enjeux, mais aussi toutes les problématiques que combat le féminisme.
Puis empresse-toi de lui faire écouter The Boys Club et Histoire de Darons : le mix des deux lui permettra de réaliser que l’égalité est une lutte collective qui peut aussi passer par l’éducation.
Il verra aussi qu’y prendre part et être empathique n’entravera pas sa masculinité, mais surtout qu’être un papa féministe c’est cool, autant pour ses enfants que pour toutes les meufs en général.
Avec ça, si ses préjugés ne sont pas déconstruits, je ne sais pas ce qu’il faut de plus…
Accepter l’échec face à un père anti-féministe
Pour finir, si aucun de ces conseils n’a porté ses fruits, tu devras garder ton sang froid et encore une fois, prendre du recul… Ou tout simplement éviter le sujet.
Avec le temps, il faut apprendre à dissocier le père de l’être humain, parce qu’aimer son père n’implique pas d’aimer la globalité de la personne qu’il est.
Dans mon cas, le féminisme est un des seuls sujets qui m’oppose à lui alors j’apprends petit à petit à faire l’autruche.
Ça me fait un petit pincement au cœur, parce que c’est une sorte de renoncement, mais l’amour est parfois plus fort (c’est beau roh là là)…
Papa, si tu lis cet article, sache que j’ai espoir qu’un jour on soit du même côté, vraiment, et que je t’aime fort.
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