Depuis que je suis toute petite, mes parents et mon entourage ne cessent de me répéter :
« Si tu travailles bien à l’école, tu auras un bon métier, plein d’argent, et tu seras heureuse. »
Comme toute personne sensée, persuadée que le St Graal se trouvait au bout du chemin des études, je me suis donnée corps et âme pour avoir de bonnes notes.
Des études à la vie active : la claque
Élève modèle, j’ai grimpé pas à pas toutes les étapes sans trop de difficulté, pour finalement empocher mon Master 2 en stratégie, intelligence et gestion de risques à Sciences Po Lille à 22 ans. Sans n’avoir jamais redoublé, douté ou même hésité.
Seulement voilà, arrivée dans la vie active, la chute a été violente. J’ai vite compris que les choses qui m’avaient été promises depuis que je suis petite n’arriveraient pas.
Je n’étais finalement qu’une personne parmi tant d’autres, qui cherchait avec désespoir un boulot, pour un salaire finalement pas si élevé que ça, gagné grâce à un job qui ne me plaisait pas.
Pendant longtemps j’ai eu l’impression que tout ce que je faisais, c’était par choix, mais je me rends compte que c’était parce que c’était les meilleures études, le meilleur job, le meilleur chemin à suivre…
Selon mon entourage et la société.
Trop occupée à réussir mes études, je ne m’étais jamais réellement demandé ce que je voulais vraiment faire de ma vie.
Je voulais seulement qu’on soit fier de moi, qu’on me valorise et qu’on m’apporte de la reconnaissance.
Je me suis perdue dans mes études et mon métier
Je me suis retrouvée en janvier en stage de fin d’études avec plus de questions que de réponses et l’impression de ne pas être en adéquation avec le reste des gens qui m’entourent.
Pourquoi tout le monde a l’air d’accepter cette situation, cet enchainement métro-boulot-dodo qui ne donne aucune perspective, aucun but ?
Je me suis très rapidement sentie vide de sens, perdue. J’essayais parfois de me convaincre que ce n’était pas si mal comme vie. D’autres fois, je me mettais à pleurer sans raison, stressée par cette situation qui ne semblait avoir aucune solution.
Je ne me sentais pas faite pour vivre de cette façon, mais je subissais.
Je m’étais toujours persuadée que j’apporterais quelque chose à ce monde, que je changerais les choses, que j’aurais un impact et surtout, que je serais heureuse…
Je me rends bien compte aujourd’hui que dans ces circonstances, c’est impossible.
Malheureuse dans mon travail : je ne suis pas seule
Un soir, alors que j’étais avec une de mes meilleures amies, celle-ci s’est mise à pleurer,
épuisée par son boulot qu’elle n’aimait pas, par son patron sur son dos continuellement…
Et à cause de cette désillusion qu’elle a vécu depuis la fin de ses études, tout comme moi.
On en a beaucoup parlé et ça nous a fait du bien. On s’est rendues compte qu’on n’était pas seules et qu’on pouvait se soutenir dans cette période de difficulté.
En regardant bien autour de moi, je me suis finalement aperçue que cette déception face au monde du travail ne touchait pas que moi.
Énormément de jeunes de mon âge ou un peu plus vieux ne s’épanouissent pas dans leur job.
Il n’y a qu’à voir l’évolution du regard sur nos parcours professionnels depuis nos parents : il est de plus en plus rare de voir quelqu’un faire carrière dans une boîte ou même garder un métier toute sa vie.
J’observe que les gens sont las, et ont besoin de changements réguliers pour être un minimum épanouis.
Malheureuse dans mon travail : ma prise de conscience
Aujourd’hui en stage de fin d’études dans un cabinet de conseil réputé, je suis toujours dans cette situation d’inconfort professionnel.
J’ai l’impression d’avoir été dépossédée de toutes mes certitudes, de toutes mes compétences et de mes capacités. Je doute, mais douter est, selon moi, le premier pas vers la résolution du problème.
J’essaie d’apprendre à me connaître, à savoir ce que je veux, ce qui me passionne, ce qui m’intéresse.
Tout ce travail sur moi-même que je n’avais pas eu besoin de faire auparavant parce que j’étais guidée par un but, une fausse promesse qui m’avait tenue en éveil et vers laquelle j’avais foncé sans me poser de questions…
J’ai compris que je devais faire les choses avant tout pour moi, et pas pour les autres. Plus facile à dire qu’à faire, car je considère avoir été guidée toute ma vie par cette idée qu’il fallait à tout prix réussir pour être reconnue et estimée.
Mais j’avance petit à petit. Je me suis remise à écrire et à lire, deux passions que j’entretiens depuis toute petite, mais que j’avais mises de côté ces dernières années.
Quand j’étais plus jeune, mes profs me faisaient régulièrement des compliments sur mes textes. Un été, j’ai même écrit un livre, que je n’ai montré qu’à mes proches.
Et je l’ai complètement effacé quelques jours plus tard parce que ce n’était pas assez bien selon moi.
J’ai toujours adoré écrire, et j’ai toujours eu ce côté perfectionniste : je n’aime pas l’échec.
J’apprends à me connaître et m’écouter pour me réorienter
Je pense à partir à l’étranger un petit moment, je suis jeune et j’ai l’impression d’avoir encore beaucoup de choses à apprendre, mais je ne sais pas encore si je serai capable de sauter le pas.
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L’essentiel selon moi, c’est d’avoir des projets, de me créer des buts et de me motiver. Nous sommes une génération de personnes qui recherchent des idéaux, que ce soit dans nos évolutions personnelles ou à l’échelle de la société.
Il n’y a qu’à regarder toutes les causes pour lesquelles se battent les jeunes aujourd’hui : le climat, les droits de l’homme, le respect des femmes, l’antiracisme, la politique, etc. !
Nous sommes souvent qualifiés de feignants et de flemmards par nos aînés, mais nous sommes, selon moi, une génération qui cherche un but pour mettre fin aux frustrations et aux déceptions que nous subissons.
Aujourd’hui j’ai décidé de m’écouter et je suis persuadée que c’est en apprenant à mieux me connaître et à lâcher prise que je me sortirai de cette situation.
Je n’ai pas d’idée précise de ce que je voudrais faire, peut-être tendre petit à petit vers le journalisme ? C’est le métier que je rêvais de faire quand j’étais plus jeune…
Mais j’ai envie d’y aller doucement, à mon rythme, ne pas me jeter à corps perdu dans un nouveau métier. Je ne veux pas faire ça sur un coup de tête.
Le fait d’écrire des petits articles comme celui-là, c’est déjà pour moi un bon début. Et la suite on verra !
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Les Commentaires
Je ne saurais pas te donner de conseils, je suis moi-même trop perdue, mais sache que tu n'es pas seule