Chaque semaine, Pénélope Jolicoeur nous faire marrer en nous délivrant son regard de fille sur l’actu de madmoiZelle.
Si ce n’est pas déjà fait, file jeter un oeil sur son blog, « Ma vie est tout à fait fascinante ». En plus de son métier d’illustratrice, elle y raconte quotidiennement une tranche de sa vie par un dessin léger, très très drôle et en musique !
madmoiZelle.com : Explique-nous, c’est quoi être illustratrice ?
Pénélope : Etre illustratrice, c’est faire des dessins dans les journaux, les livres, les pubs, les flyers, les sites web, parfois même les murs quand on est un peu foufou. Et puis être payée pour le faire, parce que sinon ça s’appelle juste dessiner.
madmoiZelle.com : Et comment l’es-tu devenue ?
Pénélope : J’ai un parcours très classique en fait : après le bac ES que j’ai eu par je ne sais quel miracle, j’ai fait une prépa puis une école d’art qui s’appelle l’ENSAD, à Paris (les Arts Décoratifs). Là bas, j’ai fait du multimédia et de l’animation. J’ai été diplômée en décembre 2006. Mais comme tout ça, c’est très compliqué, en sortant je me suis empressée de ne pas faire d’animation, et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à dessiner pour un journal, puis deux, à avoir un agent et puis finalement à en vivre (ce qui est assez chouette).
madmoiZelle.com : Souvent, dans ton blog, tu laisses à penser qu’être illustratrice ce n’est pas un vrai métier, voire un sous-métier. C’est un complexe ou c’est juste pour faire rire ?
Pénélope : Disons que je ne sais faire que ça, dessiner. A part ça, j’aurais pu essayer d’être comptable, ou peut-être avocate d’affaires, je pense que j’aurais cartonné. Mais c’est vrai qu’à l’école, je n’étais pas vraiment une superstar. Comme, en plus, je suis une grosse feignasse, je fais le boulot qui est le plus simple pour moi, même si à la base, on m’a appris à faire des dessins animés, des sites web avec plein de trucs interactifs de dingue dedans, du montage et plein d’autres trucs compliqués comme ça.
Quant au métier d’illustratrice, je fais la maligne et je rigole, mais je bosse tous les jours de 9h à 20h, souvent le week-end, je négocie mes tarifs comme une marchande de tapis et je me débrouille presque avec ma compta.
madmoiZelle.com : Est-ce que tu peux nous expliquer, de A à Z, ta méthode de travail ?
Pénélope : D’abord, je me mets en condition. Je me fais du thé, je mets mon plus beau pyjama, l’été je reste en culotte (c’est bien, de travailler chez soi). Je mets la musique très très fort, j’essaie de mettre des trucs vraiment pourris, parce que c’est la musique qui m’inspire le plus. Après, je déblaie une couche de bordel de mon bureau, et sur une feuille volante qui traine, je fais un crayonné très sommaire (niveau bonhomme batons), je le scanne. Si je bosse pour un client, c’est ce crayonné que je lui montre, pour voir s’il aime l’idée. Si c’est OK, je fais un dessin bien clean et je le colorie, le tout sous Photoshop, avec une tablette graphique (meilleure amie de l’homme). Je ne sais pas colorier autrement, de toute façon. Et puis quand c’est beau, je l’envoie à la personne qui me l’a commandé. Et après, je prie secrètement pour qu’on ne me fasse pas faire trop de modifs.
madmoiZelle.com : Pour qui travailles-tu ?
Pénélope : Pour des journaux féminins, pour des livres aussi (des livres pour filles, étonamment). En pub, paradoxalement, je bosse surtout pour des gros clients hyper sérieux et a priori pas très rock n’roll. Mais au final, quand ils font appel à moi, c’est toujours pour qu’on fasse des choses colorées et rigolotes, donc je suis très contente. A part ça, je fais des tas de petits trucs à côté (des commandes pour des particuliers, des affiches, des bannières web), et puis last but not least, un dessin hebdomadaire pour madmoiZelle, bien entendu.
madmoiZelle.com : Vendre ses dessins, c’est aussi se plier aux contraintes d’un commanditaire : essuyer des refus, devoir faire des modifications, … Est-ce difficile de gérer son amour-propre dans ces cas-là ?
Pénélope : Au début, c’est vrai que ça change beaucoup de l’école, où tu fais tes trucs à fond, personne ne te bride, tu peux partir un peu dans tous les sens. Moi, mon premier client après l’école, ça a été le Crédit Agricole, ça fait drôle. Mais assez rapidement, si tu as un style qui commence vraiment à se préciser, c’est pour ce style et pas un autre qu’on fait appel à toi. Donc on attend de toi que tu fasses vraiment les choses à ta manière, et on ne te bride pas tant que ça en fait. Par exemple, on ne me demande pas tellement de dessiner des gentils lapins qui font une farandole, ni des scènes hyper glauques de prisons pour mineurs. Mais c’est vrai que quand tu bosses pour un client, il faut t’attendre à ce qu’on pinaille sur la couleur d’un pull, des blagues qui ne passeront pas forcément très bien, etc. (On s’y fait très bien.)
madmoiZelle.com : Et quand c’est accepté, publié, affiché… Est-ce qu’à chaque fois tu sens poindre un petit sentiment de fierté ?
Pénélope : Et comment ! J’ai acheté en trois exemplaires le premier magazine où j’ai été publiée !
madmoiZelle.com : Parlons un peu de Pénélope Jolicoeur.
Sur ton blog, on saisit vite quels sont tes sujets de prédilection : les fringues, le travail, l’amoureux, les manies de filles, etc. Est-ce qu’il y a encore des thèmes que tu n’as pas explorés et que tu aimerais mettre en image ?
Pénélope : Oui, je trouve que mon blog ne parle pas assez de golf. Je vais y remédier.
madmoiZelle.com : Pourquoi as-tu créé ce blog ?
Pénélope : Pour deux raisons : déjà parce que je sais d’expérience que quand on ne dessine pas, même pendant deux jours, on rouille, et on dessine inexorablement de plus en plus mal, et inversement. Donc, à la base, c’était un peu ma gym, un genre de séances d’abdos pour pas faire trop de lard.
Et puis l’autre raison, au fond, c’est surtout que je suis la fille la plus bavarde de la galaxie, que je suis toujours à saouler tout le monde avec mes histoires, et que le blog, c’est un sacré défouloir pour embêter un peu moins ses amis.
madmoiZelle.com : Les commentaires autour de tes dessins sont nombreux et tu réponds quasiment à chacun d’entre eux. Cette idée d’échange était importante pour toi le jour où tu as monté ton blog ?
Pénélope : En fait, à l’origine, je n’avais même pas prévu de donner l’adresse de ce blog à qui que ce soit. Je n’avais pas bien compris qu’à partir du moment où trois personnes l’ont vu, tu peux oublier l’anonymat tout de suite. Alors quand deux, trois, quatre personnes m’ont laissé des commentaires, j’allais pas faire ma grosse malpolie et ne pas leur répondre ! Bon, et puis maintenant, ils sont un peu plus nombreux, mais j’ai toujours un peu le sentiment que la moindre des choses, c’est de répondre aux commentaires, aux mails, aux questions. Les gens prennent bien le temps de m’écrire, eux ! C’est sûrement mon éducation.
madmoiZelle.com : A priori, un blog c’est un espace d’expression personnel qui laisse une liberté totale. Mais, étant donné que c’est aussi ta vitrine, est-ce qu’il arrive parfois que tu te freines ?
Pénélope : Ça m’arrive. Rarement, mais ça m’arrive. Pas tant pour les inconnus qui me lisent, mais surtout depuis que ma mère a découvert mon blog (je ne sais pas comment). Il y a des choses que je ne peux pas raconter, du coup.
madmoiZelle.com : Pourquoi as-tu choisi de mettre en scène un seul personnage, ton double virtuel si je ne me trompe pas ?
Pénélope : C’est bizarre qu’on me demande ça comme si c’était un personnage, qu’il lui arrivait des aventures, tout ça. Je fais un blog comme les milliers de nanas qui racontent leur vie, leur mec, leur journée, leur shopping et leurs emmerdes, mais je dessine mieux que je n’écris. A part ça, c’est tout, on ne peut pas vraiment dire que j’ai choisi de me mettre en scène.
madmoiZelle.com : Cette Pénélope pourrait t’elle exister ailleurs que sur le web ? Pourquoi pas en faire une B.D. ?
Pénélope : Ouh la la quelle bonne idée. (hé hé hé)
madmoiZelle.com : Ta Pénélope Jolicoeur a largement déclassé celle des Fous du volant, pas de scrupules ?
Pénélope : Au début, c’est vrai que j’avais un peu de peine pour elle. Mais bon, il faut replacer les choses dans leur contexte, je crois. Les Fous du Volant, c’est plus tout jeune, et Pénélope Jolicoeur non plus d’ailleurs. Elle a eu son heure de gloire, et aujourd’hui, elle est obèse, ruinée, camée, et elle vit en Floride. Place aux jeunes, que diable.
madmoiZelle.com : Question de fille : Comment Pénélope fait-elle pour être toujours si bien coiffée ?
Pénélope : Ah si tu crois que je vais livrer le secret de mon poulpe capillaire si facilement ?!
Mes cheveux sont des petits rebelles qui refusent toute forme de coiffure ou de brushing. J’ai tenté de les dompter pendant des années à coup de brosse ronde et de fer, et puis aujourd’hui j’ai capitulé, je les laisse vivre leurs aventures. Ils ont leur petite vie propre. Alors je me coiffe de manière un peu expérimentale, souvent à l’aide d’un crayon (ou pire).
madmoiZelle.com : Hors Pénélope Jolicoeur, as-tu des projets, des envies de travail ?
Pénélope : J’ai plein de choses en cours dont je ne peux évidemment pas parler, sinon ce serait trop simple. J’espère que je vais continuer à dessiner toute la journée, faire des tas de trucs marrants, et rencontrer plein de gens incroyables. Mais c’est vrai que j’aimerais bien ouvrir un petit zoo pour animaux mignons, et vivre parmi les koalas et les pandas.
madmoiZelle.com : Et enfin, ça signifie quoi, pour toi, être une madmoiZelle aujourd’hui ?
Pénélope : Avoir autant de classe en escarpins talons aiguille qu’en vieilles baskets
pourraves.
madmoiZelle.com : Merci beaucoup, Pénélope. On attend la suite !
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