À l’issue de 12 jours de débats, les États membres de l’ONU réunis pour la COP15, à Montréal, ont conclu un accord. Intitulé « pacte de la paix avec la nature » ou « accord de Kunmig-Montréal », il vise à enrayer la destruction de la biodiversité. Selon l’AFP, 195 Etats se sont engagés à prendre des « mesures urgentes », à appliquer d’ici à la fin de la décennie.
Un accord historique
« C’est vraiment un texte historique qui a été adopté. Il est équilibré, ambitieux, c’est un compromis. Maintenant, il va falloir passer du texte à son application », a déclaré le commissaire européen Virginijus Sinkevičius. La mesure phare de cet accord concerne la protection de zones représentant 30 % de la planète. Seuls 17 % des terres et 8 % des mers sont actuellement placés sous statut de protection. Les États membres de l’ONU se sont également engagés à restaurer 30 % des écosystèmes et à réduire de moitié les risques liés aux pesticides. Ils ont aussi accepté de débloquer 30 milliards de dollars d’aide annuelle à la conservation pour les pays en développement.
Un accord suffisant ?
Si les signataires de cet accord se targuent de le qualifier d’historique, cela ne présume pas de son efficacité. Protéger et restaurer 30% de la planète suffira-t-il à la sauver ? Un article publié par Le Monde rappelle que selon les scientifiques, les 30 % ne doivent être qu’une étape. À terme, c’est la moitié de la planète qu’il faudra protéger pour espérer sauvegarder l’essentiel de la biodiversité.
Autre étape importante : l’application du texte. Certains membres de gouvernement, comme Steven Guilbeault le ministre de l’Environnement canadien, ont applaudi la comparaison entre l’accord de Montréal et l’accord de Paris, qui vise à enrayer le réchauffement climatique. « Cette analogie est très à propos car nous venons de faire un pas significatif pour la protection de la nature. Et sans Montréal, il n’y a pas Paris, car la lutte contre le réchauffement a besoin de la biodiversité », a-t-il salué. Certes, l’accord de Paris s’était montré ambitieux en fixant la limite du réchauffement climatique à 1,5°C. Mais récemment, un rapport de l’ONU a également indiqué que les « politiques actuelles conduiraient à elles seules à une augmentation de 2,8°C » des températures, d’ici à la fin du siècle. Autrement dit, la signature de l’accord de Paris n’est pour le moment pas doublée d’effets. Sans compter celle des « accords d’Aichi », signés en 2010 au Japon, dont le résultat est un échec.
L’absence des chefs d’États
Difficile aussi de ne pas être pessimiste face à l’absence des chefs d’États à la COP15. Seul Justin Trudeau, le premier ministre canadien du pays hôte, était présent. Côté français, Emmanuel Macron a préféré se rendre au Qatar pour assister à la finale de la Coupe du monde qui se tenait au moment-même où l’ONU votait son accord historique. Avec seulement 3 jours d’écart, le président français a effectué 2 allers-retours à Doha. Le 14 décembre, pour la demi-finale France-Maroc, puis le 17 décembre, pour la finale France-Argentine. Selon les calculs effectués par le Point, ces escapades auraient généré 480 tonnes d’équivalent CO2, soit 53 ans d’empreinte carbone d’un Français. Visiblement, l’écologie n’est pas une priorité pour le président français, ce qui ne laisse rien présager de bon pour ce qui est d’appliquer l’accord de la COP15.
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Crédit photo de Une : Edgar Bullon’s Images via Canva Pro
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