En partenariat avec JOYclub (notre manifeste)
Attention : cet article est une compilation de témoignages qui partagent des envies ou des expériences sexuelles. Toutes les scènes de sexe décrites ont eu lieu dans le cadre de relations consenties par toutes les parties.
Il y a quelques semaines, on vous a invitées à parler fantasmes, et pas n’importe lesquels : les plus inavoués et « inavouables ». Pas par curiosité, mais parce qu’en matière de sexualités, ce que l’on tait, au même titre que ce que l’on dit, est révélateur !
Et parce que dans ce domaine, il y a encore bien des libertés à conquérir, il est important d’en parler ! Pour s’associer à nous dans cette démarche, quel meilleur partenaire que JOYclub, le site de rencontres sex-positive qui permet à toutes et tous d’échanger autour de ses fantasmes dans la bienveillance ?
Fantasmer sur le « pegging »
Parler de ses fantasmes à son ou sa partenaire, ce n’est pas toujours simple. Particulièrement dans le cas de Fabienne*, qui fantasme sur le « pegging », c’est à dire pénétrer un homme avec un gode-ceinture. Elle raconte :
« Avec mon ex-compagnon, nous avons découvert un peu par hasard le plaisir prostatique. J’ai trouvé ça tellement excitant de pouvoir donner du plaisir autrement à un homme ! Je me sentais détentrice d’un pouvoir, comme si je dominais un peu la situation. Cela m’a donné envie de recommencer, et d’essayer de le sodomiser avec un strap-on. »
Mais, comme on peut s’en douter, l’hétéronormativité qui pèse sur nos sexualités ne rend pas le dialogue à ce sujet très évident :
« Malheureusement, mon ex n’était pas forcément quelqu’un de super ouvert sur des pratiques sexuelles “hors normes”. Et quand il s’agit d’aller titiller cette partie-là d’un homme, il devient parfois difficile d’en discuter ouvertement. Certains peuvent se renfermer totalement.
Pourtant, j’aime beaucoup cette idée d’être plus proactive dans la relation sexuelle, de pouvoir pénétrer un homme et lui donner du plaisir. Il y a comme une sorte d’interdit qu’on brave. »
Aujourd’hui, Fabienne a très envie de réaliser ce fantasme, mais n’a pas pour l’instant réussi à parler en parler.
« Peut-être que j’ai peur de heurter la sensibilité de mon partenaire, ou d’être jugée… Mais pour l’instant, je n’ai pas osé en parler autour de moi, ni dans mes relations, ni avec mes amis. »
Avoir un fantasme voyeuriste
Pour certaines, les fantasmes sont le reflet des expériences passées — qu’elles soient positives ou négatives. C’est le cas de Chloé*, qui confie ne pas pouvoir coucher avec des hommes à cause de traumatismes et de mauvaises expériences. La jeune femme, qui a des relations sexuelles avec des femmes, raconte toutefois être excitée par les rapports hétérosexuels.
« Même si je ne peux pas coucher avec eux, les hommes m’attirent. Quand je regarde des pornos, je suis aussi excitée par les rapports hétéros, mais je n’ai pas vraiment envie de passer à l’acte… Du coup, mon fantasme serait un plan à trois avec un homme et une femme. Ce que j’aimerais, c’est être observatrice de l’acte, pouvoir voir en vrai à deux partenaires qui couchent ensemble. »
Elle explique qu’elle aimerait beaucoup réaliser ce fantasme, mais que ce n’est pas chose simple :
« Le voyeurisme souffre d’une image un peu “sale”, négative, ou malsaine. Mais ce n’est rien de tout ça pour moi !
D’ailleurs, je ne considère pas ce fantasme comme inavouable, mais quand j’en parle, je fais face à beaucoup d’incompréhension. Et je n’ai pas envie de parler de mes blocages pour me “justifier”, alors je n’en parle pas… Mais j’accepte complètement ce fantasme qui m’est propre. »
Fantasmer sur les rapports de soumission, et être féministe
Pendant longtemps Caroline* aussi a caché ses fantasmes : ceux qui étaient liés à la soumission, et aux rapports sexuels d’apparence plutôt « brutale ».
La jeune femme, qui explique avoir été victime d’un viol à l’adolescence, raconte avoir mis du temps, avant de pouvoir entrevoir une sexualité « joyeuse et partagée ». Elle raconte :
« Je suis bisexuelle, et je suis féministe. Ce sont deux éléments constitutifs de mon identité, pour moi-même et pour les autres. Aux alentours de mes 20 ans, j’ai commencé à regarder du porno. Je regardais des vidéos assez trash, qui ne ressemblaient pas au discours féministe que je tiens par ailleurs. Je n’arrivais plus à jouir sans imaginer des scénarios comprenant une femme complètement soumise, et j’en ressentais une culpabilité et une honte énorme.
Non seulement cela allait à l’encontre de tous mes idéaux, mais en plus, cela m’interrogeait sur le lien potentiel entre mes fantasmes, et le viol que j’ai subi. Il m’était impossible d’en parler à qui que ce soit. »
Petit à petit, aidée par son compagnon, sa psy, ses proches, et le féminisme, Caroline* raconte avoir soigné doucement ses traumatismes, et réapprivoisé sa sexualité.
« C’est à ce moment-là que je dérape avec un collègue, et nous entamons une liaison. Nous sommes proches et nous connaissons depuis des années, pourtant, petit à petit, notre relation dévie et, quasiment du jour au lendemain, naît entre nous une tension sexuelle que nous assouvirons rapidement, puis régulièrement.
Notre amitié et la confiance ancienne que nous avons l’un envers l’autre, l’intimité nouvelle provoquée par nos rapports sexuels, nous permettent de parler énormément de tous les sujets. En quelques semaines, il devient la personne à qui je me confie le plus. »
Grâce à cette proximité émotionnelle et cette confiance, ils explorent leurs envies, et notamment des rapports empreints de la domination dont Caroline* avait envie : c’est avec lui qu’elle réalise ses fantasmes jusqu’ici « inavouables ».
« Un jour, après de longs échanges à ce sujet, il me saute dessus avec brutalité, met son sexe dans ma bouche en me tenant les cheveux, et finit par éjaculer sur mes fesses quelques minutes après. Je tremble d’excitation. Tout de suite après, il culpabilise, a l’impression que son comportement était déplacé.
Moi aussi, je culpabilise, d’avoir pris tant de plaisir dans un moment si brutal. On en parle beaucoup, on s’interroge. On se dit que peut-être que si j’aime ça, c’est parce que je suis en confiance avec lui. Je me sens en sécurité, je sais que je peux tout arrêter à tout moment, que mon consentement et le sien seront toujours respectés, entendus.
Alors, ensemble, au fil de nos échanges, nous avons commencé à explorer une sexualité plus violente. De temps en temps, un peu de culpabilité revient, jusqu’à ce qu’il tombe sur un podcast d’ARTE Radio sur les féministes qui aiment être soumises au lit. On l’écoute, on en parle, et cela nous libère en nous aidant à comprendre les mécanismes de nos rapports : le fait que c’est une preuve de confiance, l’abandon le plus absolu, et que cela peut même être une prise de pouvoir pour certaines. »
Avoir réalisé ce fantasme a permis à Caroline de l’apprivoiser : elle n’a plus honte de ces désirs, et se sent libre d’explorer pleinement sa sexualité.
« Depuis, je me suis mise à parler librement de ces fantasmes avec mes amis, à accepter complètement que c’est une petite part de ma vie sexuelle qui en comporte plein d’autres. Le fait d’avoir assouvi ce fantasme me permet de m’en libérer : je ne suis plus si obsédée que ça par la soumission au lit, j’apprends à jouir avec d’autres choses.
J’ai encore tant de choses à explorer et à découvrir et je n’ai plus envie de me mettre de barrières ! »
Fantasmer sur des hommes beaucoup plus âgés
Si le fantasme de Julie* est inavouable, c’est parce qu‘il a tendance à susciter des réactions réprobatrices.
« Mon fantasme un peu inavouable, c’est d’avoir une relation avec un homme beaucoup plus vieux que moi. La plupart des crushs de star que j’ai eu dans ma vie étaient sur des hommes plus vieux, comme Hugh Laurie dans Dr House, ou Brad Pitt dans Once Upon a time in Hollywood. Et dans la vie de tous les jours, c’est un peu la même chose.
L’année de mes 18 ans, je me suis mise à considérer mon coach de 45 ans d’une toute autre façon, laissant souvent mon esprit divaguer et imaginer ce qui pourrait se passer entre nous. En en parlant à mes amies, les réactions étaient souvent la surprise et le dégoût : on me disait qu’il aurait pu être mon père, et que c’était une situation bizarre…
Quand ma sœur s’est rendu compte de l’attirance que j’avais pour cet homme, elle m’a tenu un discours tendre, mais réprobateur, parce qu’elle avait sincèrement peur pour moi. »
Mais pour elle, tous les fantasmes n’ont pas vocation à être réalisés. D’ailleurs, elle raconte ne pas avoir envie de passer à l’acte :
« Je n’ai jamais eu de relation d’aucune sorte avec un homme plus vieux, et je ne suis même pas sûre d’en avoir envie. C’est juste une chose à laquelle je pense parfois et qui m’excite ! »
Que vous ayez envie de les réaliser ou non, il y a quelque chose de libérateur dans le fait de pouvoir parler de ces envies : trop de tabous continuent à peser sur la sexualité, particulièrement féminine, et empêchent nombre d’entre nous de s’épanouir. Pouvoir en parler, c’est aussi permettre à d’autres d’apprivoiser leurs fantasmes, parfois marqués par la honte ou la culpabilité… dont il est grand temps de se défaire !
Et pour vous accompagner dans cette grande aventure qu’est la sexualité, n’hésitez pas à rejoindre la communauté de JOYclub, où vous pourrez rencontrer celles et ceux qui partagent vos fantasmes, pour en parler ou les réaliser !
À lire aussi : On fait le point sur les fantasmes, essentiels à la naissance du désir, avec une sexologue
*Les prénoms ont été modifiés
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On a hâte de vous lire !
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