Publié le 29 juin 2015
Il y a plusieurs siècles de cela, avoir la peau pâle était considéré comme le comble du chic, synonyme de haute naissance. Ceux qui avaient le teint plus foncé se fardaient afin de se rapprocher au maximum de la blancheur immaculée tant désirée.
Avoir une peau blanche et les remarques qui vont avec
Mais de nos jours, quand on a pas le teint hâlé naturellement, surtout en été, il est plutôt courant de prendre des réflexions plus ou moins désobligeantes, allant du « Ohlala t’es blanche ! T’es malade ? » au « Mets-toi au soleil, eh, cachet d’aspirine ! », en passant par la sympathique comparaison des avant-bras par le plus bronzé de tes potes relou, qui a envie d’enfoncer un peu plus le clou.
Alors en tant que jeune femme qui a toujours eu la peau très blanche, je dois dire que j’en ai un peu ras la couenne de toutes ces comparaisons parfois franchement rabaissantes, parce que je n’ai pas choisi d’avoir le physique que j’ai… y compris mon teint pâle.
Petite histoire de ma peau pâle
Comme je le disais en introduction, si, il y a plusieurs siècles, la peau pâle était synonyme n°1 de beauté et de grâce, aujourd’hui, c’est tout le contraire.
Avoir un teint de porcelaine ne rentre pas vraiment dans les critères de ce qui est attirant. Dans l’imaginaire collectif, c’est révélateur d’une mauvaise santé, et ça peut être considéré (du moins, pour le plus grand nombre) comme peu attirant.
Mais en fait — attention, je spoile — je n’ai pas choisi ma pâleur.
Mes ancêtres ayant forniqué dans tous les coins de l’Europe, mon corps est en effet un joyeux mélange : je suis très brune de nature, avec une peau de blonde, porteuse de quelques taches de rousseur sur le nez (sans non plus rougir autant au soleil qu’une personne qui a les cheveux roux), le tout saupoudré d’une pilosité presque absente.
Un joyeux bordel génétique, en somme !
De ce fait, ma peau très blanche, je l’ai toujours eue, comme ma mère, alors que mon frère va bronzer en un clin d’oeil là où il me faut 2 semaines de soleil pour atteindre ne serait-ce qu’un hâle.
Voilà : ça, c’est pas moi.
Avoir la peau claire ce n’est pas grave
Je ne suis pas allergique au soleil : je m’y expose de temps en temps, en mettant de la crème bien sûr, mais il y a fort longtemps que j’ai abandonné le rêve d’avoir une peau mate.
Le pire dans tout ça, c’est que quand j’étais petite, n’ayant connu que ce teint-là, elle m’allait très bien, à moi, ma pâleur.
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Mais c’est en me prenant pas mal de réflexions dans la face de la part des autres que j’ai commencé à comprendre qu’être aussi blanche, ce n’était paraît-il pas joli, et qu’il fallait que « je fasse des efforts » pour correspondre un peu plus aux critères de beauté imposés aujourd’hui.
Ça sent la connerie ? Ouais, ça sent la connerie.
Quand avoir une peau blanche devient un complexe
À force de m’entendre dire que j’étais blanche comme un cul (sachant que mes cheveux bruns accentuent cette pâleur), ce qui ne sonne absolument pas comme un compliment, vous en conviendrez, j’ai commencé à complexer.
À me dire qu’en fait je n’étais pas jolie, que je semblais effectivement malade.
L’année de mes 14 ans, le voyage en Martinique avec la famille tombait donc plutôt bien : je me suis dis que j’allais pouvoir bronzer et me trouver enfin belle.
Sauf que… bah, comme une zozo d’adolescente que j’étais, je n’ai pas fait gaffe en m’exposant au soleil et le résultat a été une brûlure au premier degré sur le visage.
Joie intense.
Depuis cet épisode, je peux encore moins bronzer, surtout au niveau du visage. Mes amis et ma famille le savent, bien sûr, mais ça n’empêche pas toujours les remarques.
Les réflexions quand tu as la peau claire
Petit tour d’horizon des réjouissances entendues.
- « Oulah, t’es pâle non ? » : oui. Parce que c’est mon teint naturel.
- « T’es malade ? » : si on peut considérer l’impolitesse comme une maladie, je pense que c’est plutôt toi qui es souffrant.
- Des amis, il y a quelques années, en s’adressant à moi et mon copain de l’époque, dans la même situation de bronzage que moi : « Eh les vampires mettez-vous un peu au soleil ça vous fera pas de mal hahahhaha ! ». Et si on n’en n’a pas envie, comment on fait ? En plus, vu notre épiderme… si, ça pourrait nous faire du mal !
- « Tu voudrais pas faire des UV ? » : non.
- « J’ai carrément bronzé regarde ! On compare hahahaha ? » : tu sais TRÈS BIEN que je suis pas dans la compétition, vu que je ne bronze pas (et je m’en fous un peu). Cette remarque est celle qui m’énerve le plus parmi toutes celles que je reçois, car j’ai l’impression qu’elle est vraiment là pour blesser.
- « Eh le cachet d’aspirine haha ! » : je t’emmerde. Si. Fort.
À chaque fois que je reçois une réflexion comme ça, je ne peux pas m’empêcher de la transposer à une autre situation.
Critiquer ma peau blanche c’est m’insulter
Prenons l’exemple des seins ou de la taille marquée. Avoir une poitrine assez volumineuse et/ou une taille bien dessinée sont d’autres critères de beauté importants de nos jours, au même niveau que la peau hâlée.
Si je suis dépourvue de cette dernière, j’ai la chance d’avoir les deux autres.
Est-ce que ce serait normal de ma part de me comparer à une jeune femme qui a de petits seins en disant « Eh, planche à pains ! T’as vu mes nichons comment ils sont plus gros que les tiens ? Va prendre un rendez-vous chez le chirurgien esthétique pour gagner en bonnet parce que là ça va pas » ?
Je ne pense pas que beaucoup de personnes trouveraient ça acceptable ! Vous pouvez maintenant comprendre ce que je ressens face à ces réflexions…
J’aimerais dire à tous ceux et celles qui ont un jour sorti une phrase comme ça à quelqu’un de pâle (et il y en a plus qu’on ne le pense, car on ne se rend pas toujours compte que ça peut être blessant) : avez-vous déjà envisagé qu’une personne très blanche de peau peut s’aimer comme elle est ?
Mon teint blanc pâle et moi, une histoire d’amour récente
Mais il n’y a pas eu que des réflexions et des injonctions négatives à propos de ma peau. J’ai eu aussi plusieurs amants qui trouvaient ça très attirant, me comparant à une poupée de porcelaine, une pin-up ou encore aux modèles des peintures de la Renaissance.
Et franchement, ces compliments, ils me touchent encore plus que les autres, vu que j’ai longtemps complexé sur cette pâleur qui a toujours fait partie de celle que je suis…
La clé est là, en réalité : j’ai compris que mon teint faisait partie de ma moi, et que je ne pourrais rien y changer (sauf en faisant des UV, histoire de risquer un cancer de la peau en plus : combo gagnant).
Je me suis acceptée au fur et à mesure, et j’ai niqué mes complexes. Toi-même tu sais.
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Depuis, quand on me sort que j’ai « vraiment la peau blanche quand même », je réponds avec humour que c’est normal, parce que je suis une aristocrate : le bronzage c’est pour les pécores.
Moi et mes go sûres, en mode chill ma gueule.
J’aime ma peau blanche et c’est tout ce qui compte
Je ne vois pas pourquoi, sous prétexte d’une pression sociale nulle qui veut que toutes les femmes soient à une seule image, je ne pourrais pas aimer ma peau blanche comme neige, et la considérer comme belle, au même titre que mon grain de beauté à côté de la bouche ou ma taille marquée.
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Alors Blanche-Neiges d’ici et d’ailleurs, et toutes les autres jeunes femmes qui souffrent de complexes, venez à mes côtés et combattons ces réflexions blessantes sur le physique, quelles qu’elles soient !
Et pour toutes les personnes qui penseraient qu’une attaque sur le teint d’une personne très pâle pourrait être recevable et drôle… réfléchissez-y à deux fois, cela vous évitera de passer pour un imbécile.
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Les Commentaires
Bref je dirais qu'il y a une sorte de standard moderne qui prête à la peau blanche, blanche bronzée ou naturellement mate mais pas trop, le monopole de la beauté. Tout ce qui s'en écarte et qui serait trop (les noirs/darkskin dès qu'ils sont plus foncés que les métisses/lightskin) ou pas assez (les blancs qui sont vraiment pâles et qui pour diverses raisons ne bronzent pas), est jugé d'office comme 'laid', 'a améliorer', et se prend des critiques. La seule différence entre le "trop" et le "pas assez" c'est que l'un des deux en plus de subir le rabaissement sur l'apparence, doit aussi avoir à faire avec des discriminations qui se basent juste sur cette mélanine en trop et qui touche beaucoup d'autres domaines que l'humiliation physique.. au moins on en est pas encore au point où les personnes trop pâles auraient du mal à trouver du travail, ouf!