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Santé

Atteinte de psoriasis, ma peau réagit à mon anxiété

Diane a 20 ans et elle se bat contre sa peau qui réagit quotidiennement à son stress. Plaques, psoriasis, eczéma… elle raconte les étapes de sa vie pendant lesquelles sa peau de l’a pas épargnée.

Cette histoire commence pendant l’été de ma quatrième. Avec ma mère, nous partons en voyage organisé sur un voilier autour des Îles Éoliennes, en Sicile.

C’est à partir de ces vacances que l’état de ma peau a basculé. Je n’avais jamais eu de problèmes cutanés auparavant.

Le jour où mes problèmes de peau ont commencé

Les Îles Éoliennes sont volcaniques et réputées pour avoir un effet bénéfique sur la peau.

Cependant, elles sont aussi connues pour leur chaleur, et au bout de quelques jours de voyage, j’ai découvert qu’apparaissaient sur mon corps des plaques au niveau des plis : cou, seins, coudes, ou encore fesses…

Panique !

Avec ma mère, nous partons quelques jours plus tard en direction d’une pharmacie, sachant que nous sommes en Italie et que ni ma mère ni moi ne parlons italien.

Nous essayons tant bien que mal d’expliquer mon problème, que nous n’avons pas trop de quoi nous doucher (bah oui, on n’avait pas une cabine de 300 m²).

Nous avons finalement réussi à récupérer un produit lavant et eu accès à une douche.

De retour en France, nous prenons rendez-vous avec ma dermatologue qui en déduit que c’est une réaction à la chaleur, rien de grave, et me prescrit des produits lavants et des médicaments.

Le stress de l’épreuve du brevet

Le temps passe et je me retrouve en troisième, année du brevet. Je commence à angoisser à quelques mois de ladite épreuve, sauf que ma peau réagit comme je ne l’avais jamais vu auparavant.

Des plaques sont apparues au niveau de mes oreilles et de mon cuir chevelu. Elle me disait :

« Non, ça ne va pas là ! On n’a jamais fait ça ! »

Je vais voir ma dermatologue et elle en déduit que c’est du psoriasis, une maladie génétique qui se manifeste lors de stress et d’anxiété et qui peut se placer où elle veut : pieds, oreilles, dos ou pire, visage.

Je découvre aussi qu’il n’existe pas de méthode miracle pour s’en débarrasser. Ce n’est pas comme une toux ou une gastro, je l’aurai toute la vie, il sera toujours là.

Je passe donc cette année avec des shampoings spéciaux, des médicaments, des rendez-vous…

La dermatologue Juliette M. explique ce qu’est le psoriasis :

« Le psoriasis est une maladie de la peau qui comporte une inflammation et des peaux mortes. Il peut y avoir des complications, comme par exemple une atteinte des articulations.

Il est dû à une anomalie génétique et à des facteurs de l’environnement. Le stress (quelque soit le type) peut effectivement le déclencher et l’aggraver.

On ne peut pas « guérir » d’une maladie génétique, mais on peut en faire disparaître les symptômes avec des traitements (en crème, comprimés ou piqûres), une modification des facteurs de l’environnement (arrêt de l’alcool, tabac…) et une prise en charge du stress si nécessaire.

Le fait de transpirer aggrave le grattage occasionné par l’inflammation, qui lui-même entretient ou aggrave les lésions.

Par contre, le soleil (en dehors des heures les plus chaudes et en évitant les coups de soleil), améliore l’état de la plupart des patients et patientes.

Le stress aggrave de nombreuses maladies, dont les maladies de peau. Parmi ces dernières, on peut citer aussi l’eczéma. »

La seconde, le baccalauréat et une confiance au plus bas

J’ai toujours été une bonne élève, pas de là à avoir des 20/20 à chaque interrogation, mais j’avais une moyenne de 14 qui tenait la route.

Mais quand j’arrive en seconde, je me rends compte que j’ai beau travailler d’arrache-pied, mes notes ne décollent pas au-dessus de 10.

Je stresse alors pour chacun de mes contrôles, de peur que mes révisions n’aient servi à rien, de peur de paniquer et de ne plus savoir rien faire.

Mon psoriasis est donc de retour et je peux vous dire que le regard des autres et les questions fusent :

« C’est quoi ce truc sur tes oreilles ? C’est contagieux ? Ça te fait mal ? Mais tu fais comment pour vivre avec ? »

Je me disais que cette « maladie de peau » était pour moi une tare. C’est aussi avec ces questions que mon complexe s’est forgé.

Je ressentais du rejet de la part de certains et certaines de mes camarades, et comme je ne faisais pas partie des plus populaires du lycée, ça n’aidait pas.

Après une seconde forte en rebondissements, je me retrouve en terminale ES avec le bac dans le viseur. La panique revient, et les éruptions cutanées aussi.

Je me retrouve toujours avec des plaques mais elles ne sont plus à la même place. Mon cuir chevelu et mes oreilles ne sont presque plus impactés.

Cependant, je commence à avoir des plaques rouges dans le dos et sur le creux des coudes et des genoux.

Elles me démangent mais n’ont pas la même apparence que le psoriasis que j’avais. Je prends des savons sans alcool, adaptés aux peaux sensibles, mais rien n’y fait.

Finalement, cette invasion dermatologique passe et je me retrouve en vacances avec mon bac en poche.

Mes plaques dans le dos et mes démangeaisons durant ma première année post-bac

Après mon bac, je suis acceptée dans une école privée de communication et de design, et durant deux ans, mon corps a toujours des plaques mais elles ne me démangent pas.

Elles ne me font pas nécessairement mal, elles sont présentes, me grattent un peu de temps en temps, mais surtout elles envahissent le haut de mon dos.

Quand je stresse, mon dos me démange et je commence à le détester avec ses plaques rouges, suintantes, qui me dégoûtent parfois.

Si bien que c’est devenu un défouloir pour moi de me gratter, comme pour apaiser la douleur de l’anxiété.

Quand je me regarde dans le miroir, j’ai l’impression que quelqu’un m’a frappée, que je suis victime de ma propre violence, celle de mes angoisses.

Durant ces deux ans, je n’ai pour autant pas de grosse poussée, les plaques elles viennent et partent en fonction de mon humeur et de la météo aussi (la chaleur et la transpiration les font se multiplier).

Ma peau ne veut plus partir de Paris

Lors de ma deuxième année, je pars à Paris durant 2 mois pour un stage. Je vivais pour la première fois seule, j’avais rencontré des personnes formidables et je ne voulais plus partir.

Mais je devais me résoudre à retrouver ma vie d’étudiante tourangelle.

Une semaine avant la fin, je ne me sens pas bien, je n’ai pas envie de partir de cette ville où j’ai appris à vivre librement sans aucune interdiction. Pendant ce stage j’ai compris un sentiment que j’avais toujours cherché : l’indépendance.

Je commence à avoir mal à la gorge (en plein mois de juillet) et ma peau réagit, comme toujours.

Des petits boutons jaunes et blancs apparaissent sur mes bras et sur mon cou. Mon psoriasis est de retour sur mon cuir chevelu et mes oreilles.

Je me sens horrible, je ne comprends pas ce qu’il se passe, je me sens impuissante face à mon corps qui me dit de rester à Paris. Je vais à la pharmacie et demande de quoi calmer mon stress, me disant que ce n’est rien et que cette poussée de boutons va passer.

Je retrouve ma mère le week-end pour qu’elle m’aide à déménager, elle me retrouve dans cet état et me traîne jusqu’à la pharmacie pour trouver des produits qui pourront m’apaiser.

De retour à Tours, je prends rendez-vous en urgence avec ma dermatologue qui m’annonce que c’est, entre-autre, un impétigo : une poussée d’infections cutanées superficielles qui peuvent arriver suite à plusieurs facteurs, dont l’eczéma.

Petite précision du Dr Juliette M. sur l’impétigo :

« L’impétigo est une infection bactérienne de la peau.

Elle n’a aucun lien avec le stress (si ce n’est qu’il peut aggraver un eczéma, qui lui-même peut s’infecter : on parle alors plutôt d’impétiginisation que d’impétigo (qui survient sans maladie de peau sous jacente).

L’impétigo est généralement traité avec des antiseptiques et des antibiotiques en crème ou en cachet. »

Durant plusieurs semaines, je me sens déprimée et incapable de faire la moindre chose. Je me sens nulle. Après quelques semaines, je reprends pied et mes plaques disparaissent.

Mon stress, mes problèmes de peau et mon rapport à mon corps

Aujourd’hui, je n’ai plus le courage de me battre contre mon anxiété et ma peau qui n’en fait qu’à sa tête. Je n’ai pas envie que ma vie soit rythmée par des prises de médicaments et des anti-dépresseurs.

Je ne suis pas qu’une personne atteinte par des problèmes cutanés et des problèmes d’anxiété : je suis une personne qui vit, qui aime vivre, sortir.

Mon rapport au corps est toujours un peu compliqué, il y a des jours où je ne l’aime pas trop et d’autres où je me sens l’âme d’une vraie star.

Et puis quand je vis des évènements particulièrement stressants, je me sens plus vulnérable et ma peau aussi, et j’ai toujours du mal à montrer mon dos avec des vêtements par peur des remarques.

Je sais que toute ma vie je devrai vivre avec ça, mais c’était important pour moi d’en parler, parce que je sais que je ne suis pas la seule !

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Les Commentaires

11
Avatar de GIJane
30 octobre 2023 à 11h10
GIJane
Team stress, anxiété et psoriasis ici : pour le cuir chevelu, les shampoings à l’eau froide marchent vraiment bien (avec shampoing doux et masque). Un peu rude en hiver mais ca fait 2 ans que je fais ça et je n’ai quasiment plus jamais de crise dans le cuir chevelu (sauf après avoir porté pendant longtemps casquette ou bonnet).
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