Ça fait un an que l’affaire Harvey Weinstein a débuté, libérant des milliers de paroles de victimes de violences sexuelles unies sous un même cri : #MeToo, #MoiAussi !
Le sujet est régulièrement débattu, et là c’est Patrick Sébastien qui a un avis dessus.
Patrick Sébastien, #MeToo, les salopards et les victimes seins nus
Invité des Grandes Gueules sur RMC, Patrick Sébastien s’est donc exprimé entre autres au sujet de #MeToo.
Franchement, ça partait bien :
« Je suis totalement pour dénoncer les salopards. J’en connais, j’en ai croisé, des salopards. C’est infernal de se faire agresser. »
Oui c’est un oui, ok nickel, on est d’accord, se faire agresser, sexuellement de surcroît, et en plus dans le cadre de son boulot, c’est infernal. Le mot est correctement choisi.
Allez, la suite ?
« Après… [rires] il faut faire la part des choses. Y a une bienveillance à dénoncer un salopard et y a une malveillance à dénoncer n’importe qui à tort et à travers. »
Mmh… oui j’imagine que oui, je suis lassée qu’on rappelle sans cesse que ATTENTION CERTAINES ACCUSATIONS SONT PEUT-ÊTRE FALLACIEUSES car le taux de fausses accusations est incroyablement bas…
Mais ça peut arriver, pourquoi ne pas le dire, bon, certes.
On s’arrête là ? Eh non… oh non.
« J’ai un peu de mal avec certaines victimes, qui ont les seins dehors, les fesses à l’air… »
À ce moment, l’autre invité, le cheminot et militant SUD-Rail Anasse Kazib, interrompt Patrick Sébastien :
« Mais ça change rien ! »
Fin de la séquence. Merci Anasse Kazib.
Seins nus ou en col roulé, une victime est une victime
Cécile Duflot, ex-ministre sous François Hollande et femme engagée, a partagé cette séquence ainsi que ses pertinentes réflexions à ce sujet.
C’est vrai, ça veut dire quoi, ce « j’ai un peu de mal » ?
De mal… à les croire, les victimes seins dehors, fesses à l’air, qui disent avoir été agressées ?
De mal à croire qu’elles n’en ont pas envie, alors qu’elles ne demandent que ça, alors qu’elles se montrent ?
Alors qu’elles sont des allumeuses ? C’est ça ?
Cécile Duflot ironise en partageant cette image rappelant que Patrick Sébastien est habitué à travailler avec des femmes « les seins dehors et les fesses à l’air » : les célèbres danseuses du Lido.
Sa pique n’est pas dénuée de bon sens : j’ose espérer que via cette expérience professionnelle, l’animateur est bien placé pour savoir qu’une poitrine nue n’équivaut pas à une invitation coquine !
Le consentement n’est pas un vêtement
Alors je le rappelle, puisqu’il faut sans cesse le rappeler, à Patrick Sébastien et à beaucoup d’autres : en col roulé ou les tétons à l’air, une femme, un homme a le droit de disposer de son corps et de voir son consentement respecté.
Couverte des sourcils aux chevilles ou totalement nue, toute personne a le droit de refuser un acte, et ni l’apparence ni les vêtements ne sont un passe-droit ou une invitation.
Le consentement n’est pas brodé dans une profondeur de décolleté ni une longueur de mini-jupe, il se dit avec les mots et avec les gestes, et lorsqu’il n’est pas là, pas libre, pas complet, alors il ne faut pas insister.
Même en plein milieu d’un acte sexuel, on a toujours, toujours le droit de dire « non », d’arrêter, et de voir son envie respectée. Personne n’est jamais mort d’une érection gâchée.
On peut avoir les seins dehors, les fesses à l’air, et être victime d’un salopard. Car ce n’est pas la tenue qui fait l’agression : c’est l’agresseur.
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