Longtemps, Patagonia semblait faire figure d’exception au sein d’une industrie de la mode mortifère. Entre sa volonté de préférer réparer des vêtements plutôt que d’en vendre toujours plus, son art du trolling engagé, et son fondateur qui a fait don de son entreprise valorisée 3 milliards à un fonds de préservation de la planète.
Mais voilà que la marque fait parler d’elle pour une raison bien moins reluisante. Un rapport publié le 10 juin 2023 par Follow The Money (une plateforme néerlandaise d’investigation) informe que l’entreprise produit dans des usines communes à celles utilisées par la fast-fashion.
Autrement dit, Patagonia a beau vouloir se montrer éthique sur toute la ligne, les ouvriers textiles auprès desquels la marque sous-traite ne voient pas la différence entre œuvrer pour elle ou d’autres griffes associées dans l’imaginaire collectif au pire de l’industrie de la mode.
Patagonia et la fast-fashion auraient plus d’usines en commun qu’on ne l’imagine
Comme le relève Fashion United qui relaie le rapport, Patagonia fait fabriquer certaines de ses pièces auprès de l’usine sri-lankaise Regal Image, où des vêtements Primark sont également conçus par exemple. Le directeur de l’usine témoigne auprès de Follow The Money qu’il ne remarque pas de différence entre travailler pour Patagonia ou des marques de fast-fashion.
En fait, Patagonia travaille avec 61 usines, dont 2 aux États-Unis, 1 au Portugal, et le reste dans des pays à salaires bas, comme le Vietnam ou le Sri Lanka. Pour s’assurer des conditions de travail de ses ouvriers textile, la marque fait signer un code de conduite (pas de travail d’enfant ni travail forcé, pas de harcèlement, d’heures supplémentaires, pas de semaine de travail de plus de 60h). Pour s’assurer du respect de ce code de conduite, Patagonia inspecte l’usine une fois par an, tandis que 2 autres ONG font d’autres contrôles au cours de l’année.
« Continuer à participer à des installations de production partagées »
Or, d’après le rapport de Follow The Money, des dizaines de violations ont été observées. À commencer par des journées de travail pouvant durer jusqu’à 17h, faisant des semaines à 80 h. Interrogé par Follow The Money sur le sujet, Patagonia a répondu que produire dans les mêmes usines que d’autres marques permettait de rester compétitif, et de tenter d’améliorer les choses de l’intérieur :
« Nous sommes un acteur assez petit dans l’industrie de l’habillement. C’est pourquoi nous recherchons toujours des moyens d’accroître notre impact et d’élever les normes de l’industrie à tous les niveaux. Pour cela, il est crucial de continuer à participer à des installations de production partagées. »
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