Et vous, que feriez-vous si votre voisine était frappée par son mari ? Ce ne sont pas vos affaires. Et d’abord, est-ce que vous avez des preuves ? Puisqu’elle vous dit que tout va bien, qu’ils se disputent, oui, mais « comme tous les couples »…
Et vous, quel serait votre point de rupture ? Combien de questions inquisitrices pourriez-vous tolérer, combien de coups pourriez-vous pardonner avant d’appeler à l’aide ?
Le film de Jérôme Cornuau dépeint une situation de violence conjugale, loin des caricatures dramatiques dont on a l’habitude dans les téléfilms. Celui-ci est différent.
C’est pas de l’amour est quasiment un huis-clos à quatre personnage, deux couples voisins qui sympathisent et dont les relations évoluent au fil des doutes :
« Laëtitia, mère au foyer, vit à la campagne, où elle s’ennuie souvent. Son mari part régulièrement en déplacement, la laissant seule avec son enfant. La jeune femme est bouleversée quand elle découvre que sa voisine Hélène est victime de violence conjugale.
Harcelée mentalement et physiquement par son mari, un médecin en apparence charmant, celle-ci refuse d’accepter son statut de victime et va jusqu’à se considérer coupable. Malgré ce déni douloureux, Laëtitia ne veut pas rester sans réagir. Témoin chaque jour d’actes insupportables, elle est bien décidée à agir pour tenter de sauver Hélène de l’enfer de la violence conjugale… »
Déborah François incarne avec une sincérité confondante le rôle de Laëtitia, témoin des violences subies par sa voisine et amie Hélène, interprétée par Marie Guillard.
C’est cette position de « témoin » des violences qui m’a particulièrement interpellée. Qu’aurais-je fait à sa place ? Que devrais-je faire si je suis un jour témoin de violences conjugales, comment aider la victime sans la mettre davantage en danger ?
Sortir de la violence : un débat avec Najat Vallaud-Belkacem
La soirée se poursuivra sur France 2 avec un débat animé par Benoît Duquesne. La ministre des Droits des femmes y présentera notamment les mesures du plan de lutte contre les violences faites aux femmes, dont l’objectif est clairement affiché : ne laisser « aucune violence déclarée sans réponse pénale, sanitaire et sociale ».
Certaines de ces mesures figurent déjà dans la loi pour l’égalité réelle, en cours d’adoption par les assemblées.
Seront également présent-e-s Sophie Gromb-Monnoyeur, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, experte auprès de la cour de cassation, Luc Frémiot, l’avocat qui a notamment défendu Alexandra Guillemin, et Marie Guillard, prix de la meilleure interprétation féminine au 15ème Festival de la fiction TV de La Rochelle pour le rôle d’Hélène dans C’est pas de l’amour.
Violences conjugales : sortir de l’isolement
Si ce film permet à certaines de trouver le courage de sortir du silence, il aura déjà fait beaucoup. France Télévisions se mobilise pour libérer la parole : une tribune a été ouverte sur la page Violences Conjugales : sortir de l’isolement, où chacun•e peut poster son témoignage, anonymement au besoin.
Le 3919 est le numéro d’écoute anonyme et gratuit pour toutes les victimes ou les témoins de violences conjugales qui cherchent une écoute, et/ou de l’aide.
Rappelons-le : en France, une femme meurt toutes les soixante heures sous les coups de son conjoint. Une morte tous les trois jours. 400 000 femmes victimes de violences conjugales en quatre ans. Ces chiffres sont alarmants.
C’est pas de l’amour : ce soir à 20h45 sur France 2
Le film sera visible sur Internet simultanément via le site de France Télévisions, puis il sera accessible en replay.
Pour aller plus loin :
- Femmes battues : le réquisitoire poignant d’un avocat général en colère
- Témoignage : J’ai été victime de violences conjugales
- Violences conjugales : France Télévisions s’engage. Pas comme d’autres… via 20 minutes
- La loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes a été adoptée
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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