Ce jeudi 26 mai 2022, la comédienne Marie Coquille-Chambel, membre du collectif #MeTooThéâtre, annonçait qu’elle allait faire un discours lors de la fameuse cérémonie des Molières, qui célèbre et récompense le meilleur du théâtre français selon eux chaque année.
Ce n’est pas la première fois que cette actrice et YouTubeuse se lève pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles, ainsi que l’impunité qui les entoure dans ce milieu artistique.
Dès octobre 2021 elle affirmait avoir subi un viol, des faits qui remonteraient à 2020 :
« J’ai été violée par un comédien de la Comédie-Française pendant le premier confinement, pendant que je faisais un malaise. Il est toujours membre de la Comédie-Française, même si la direction est au courant d’une plainte déposée. »
Les Molières demandent la réécriture d’un discours sur les violences sexuelles
Pour le collectif #MeTooThéâtre, cette occasion de prendre la parole lors d’un événement majeur pour la profession était donc forcément un symbole fort. Sauf que l’organisateur en a décidé autrement :
« La délégation des Molières a censuré notre texte et nous a demandé d’en réécrire un pour convenir à la cérémonie et répondre à leur cahier des charges », a annoncé le collectif ce weekend.
Du côté des Molières, le Président de la cérémonie Jean-Marc Dumontet affirme au site Sceneweb que le discours « ne correspondait pas à l’accord conclu entre les deux parties » et qu’il devait « éviter l’évocation de cas particuliers ».
Hors de question pour les militantes de devoir nuancer ou réécrire leur texte. Elles ont donc choisi de publier en ligne le discours qu’elles avaient initialement prévu de prononcer :
« En octobre dernier, nous avons lancé le collectif #MeTooThéâtre pour alerter l’opinion sur les violences sexuelles qui ont lieu dans le milieu théâtral. Nous avons été glacées par la déferlante de témoignage que nous avons reçu et que nous ne cessons de recevoir depuis. Nous tenons à dire ce soir aux victimes que nous les croyons. Qu’avec le collectif MeTooThéâtre nous serons là pour elles.
Mais ce n’est pas suffisant. À toute la profession, à vous tous et toutes, nous le disons, ce n’est pas suffisant. Madame la ministre, ce n’est pas suffisant. »
Le collectif MeToo Théâtre appelle à manifester ce lundi 30 mai à 19h30, devant la salle des Folies Bergère, là où se tiendront les Molières.
La libération de la parole dans le théâtre
Depuis 2017, plusieurs prises de paroles ont eu lieu sur le sujet des violences sexistes et sexuelles dans le théâtre. Parmi elles, celles de neuf étudiant et étudiantes qui ont conduit en décembre 2021 à la condamnation de Guillaume Dujardin, professeur de théâtre à l’Université de Franche-Comté, à quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, pour harcèlement, agression et chantage sexuel.
Début 2022, on note aussi le cas du metteur en scène et ancien directeur du Théâtre des quartiers d’Ivry Jean-Michel Baro qui a renoncé à une création dans trois grandes théâtres, après avoir été visé par une plainte pour viol portée par une ancienne collaboratrice en 2018. La plainte a finalement été classée sans suite en mars 2019. D’autres témoignages de femmes qui racontent avoir été victimes de ce metteur en scène ont aussi été publiés par le journaliste Jean-Pierre Thibaudat.
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Crédit photo : 28e nuit des Molières (capture)
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