Il fut un temps où j’étais vierge et vraiment très frustrée par cette situation. Les hormones me bouffaient littéralement.
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Biberonnée par des idéologies vantant une sexualité libérée et assumée, j’étais persuadée d’être très fantaisiste dans mes envies. Je voyais du cul PARTOUT, et chaque personne qui s’intéressait à moi provoquait une cascade dans ma culotte.
En bref, j’avais LA DALLE DE SEXE… sans zgueg à me mettre sous la dent.
Le problème était que je ne plaisais pas. J’avais tenté des approches mais, à dix-huit ans, aucun bigorneau ne s’était encore approché de ma moule.
Dieu sait combien j’ai haï les gens qui affirmaient que « C’est facile de niquer quand on est une fille » (est-ce que ça voulait dire que je n’étais pas une fille ?). Mon corps était constitué de larmes de cyprine…
… tant et si bien qu’une fois arrivé le jour de grâce où j’ai commencé à toucher du kiki (et À PLAIRE) (notons que c’est arrivé au moment où j’ai développé ma confiance en moi), j’ai voulu combler toutes ces années de frustration en BAISANT BEAUCOUP et en multipliant les expériences.
Je me voyais jeune femme épanouie, sûre d’elle, croqueuse d’hommes. Je ne me sentais plus et c’était cool.
Usant (voire abusant) des sites de rencontres, je me suis rendue à de multiples rendez-vous. À force, je me suis liée d’amitié avec des garçons qui m’intégraient à leur réseau. C’est par ces connaissances communes que j’ai rencontré Marie, mon alter-ego sur la route du cul.
Marie et moi sur la route du YOLO
Avec Marie, on parlait beaucoup cul. C’était cool, on se voyait régulièrement, se racontant nos expériences respectives. Un jour, un peu bourrée, au milieu d’une soirée, je lui ai dit, pleine d’assurance :
« Viens on organise une partouze. »
Ce à quoi elle a répondu le plus naturellement du monde :
« OK. »
Mon côté chie-culotte s’est soudainement retrouvé confronté à ma fierté. Marie était à l’aise et très enjouée. Personnellement, je sentais que l’idée puait la merde (en même temps je me chiais dessus), mais je voulais me la jouer aussi cool qu’elle (ALERTE — CECI EST UNE MAUVAISE IDÉE).
En cinq minutes, on a échafaudé un plan qui consistait à organiser l’événement chez mes parents alors en vacances. On a listé les convives que l’on voulait inviter (deux autres filles et cinq garçons de notre entourage) et on a envoyé une valse de SMS :
« Coucou, mercredi j’organise une partouze chez mes parents, tu veux participer ? »
Passées les premières réponses un peu surprises qui demandaient si j’étais bourrée (OUI) ou si je m’étais trompée de destinataire (ç’aurait été cocasse), tout le monde semblait plutôt d’accord pour participer.
La veille, j’ai renvoyé un SMS rappelant l’heure et l’endroit en précisant à tout le monde de bien amener des capotes, du vin et des fruits.
Ouais, j’avais l’inspiration romaine.
Le début de soirée : la gêne ne fait que commencer
Qu’on se le dise, chacun•e savait pourquoi il/elle était venu•e. Mais comme c’était une première générale, on ne savait pas trop comment ni à quel moment la soirée allait décoller jusqu’au septième ciel.
D’un côté, je me rassurais presque en me disant que ça n’arriverait de toute manière pas, et de l’autre je m’auto-congratulais en me disant que c’était quand même super badass et libéré ce que je faisais.
À 22h30, il ne se passait toujours rien. Alors, je me suis dit que tant qu’à faire un truc de ouf, autant y aller à fond. J’ai demandé le silence général pour dire :
« Bon, on monte dans ma chambre pour faire la partouze ? »
C’était un peu gênant.
On est montés. Arrivés dans ma chambre qui ne contenait qu’un lit une place, on s’est regardés, l’air un peu bête, se disant que niveau logistique ça allait être bof.
C’est à ce moment-là que j’ai pensé à récupérer le matelas deux places que ma sœur avait largué dans la remise suite à un déménagement. Nous avons donc redescendu deux étages, la queue entre les jambes (littéralement), pour récupérer ce matelas et le remonter.
LE MALAIIIISE… MAIS LE MALAIIIIISE…
C’est une fois (de nouveau) dans ma chambre que l’un des garçons a décidé de poser une question très pertinente :
« On fait comment pour commencer ? »
Je n’avais jusque-là pas trop pensé à cette question, pensant que ça se ferait naturellement (NON), alors j’ai répondu :
« Je sais pas, on peut commencer par se mettre tout nus… »
En terme de sensation, la scène qui a suivi ressemblait aux sorties piscine au collège : on s’est déshabillés côte à côte, un peu gêné•e de se retrouver dénudé•e face à tout le monde, regardant furtivement comment les autres corps étaient faits.
Marie a alors décidé de faire le grand plongeon en sautant sur un garçon ; une fille s’est jointe à eux et la danse a commencé.
C’est marrant parce que j’avais toujours imaginé ce genre de scène comme un amas de corps qui s’enlacent. Dans notre cas, ça ressemblait plus à une bande de gens peu sûrs d’eux avançant à tâtons.
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Jusqu’à présent, je n’avais jamais touché de fille et c’est ainsi que, quand j’ai voulu m’intégrer en tripotant la schneck d’une meuf, le doigt maladroitement inséré à angle droit le plus profondément possible, elle a gentiment retiré ma main en me disant :
« Meuf, ça se sent tellement que t’es hétéro ! »
C’était pas grave, mais même avec les mecs, ce soir-là, ça ne semblait pas coller. Vous voyez ce moment où, lors d’une soirée, un groupe de gens parle entre eux et que vous n’arrivez pas à vous intégrer à la conversation ?
C’était moi. Sauf que là… je n’arrivais pas à m’intégrer à la partouze que j’avais organisée.
La gêne, pour toujours, à jamais
On a continué comme ça un certain temps, et alors que j’avais finalement trouvé un garçon à chevaucher, on a entendu un bruit de clés. Mon frère m’avait vaguement dit qu’il devait passer en fin de soirée chercher des affaires avant de rentrer chez sa copine. Oups.
Nous avons donc fait la statue pendant cinq très longues minutes, tout nus et dans le silence, à se demander si on allait se faire choper ou non.
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Ambiance.
Le frangin est reparti et nous aussi ; on a donc continué à ken comme des petits lapins. On a finalement compris que neuf personnes en même temps, c’était un peu compliqué. On a donc fini la soirée en se contentant de boire des coups à la fenêtre pendant qu’un couple (ou trouple) prenait son pied.
Cette partouze a sonné pour moi le déclic d’une sexualité nettement plus basique comparée à celle que j’espérais ou croyais vouloir avant. Non, je n’étais pas la meuf cool que je pensais être… mais est-ce bien grave ?
Pour la petite histoire, quand mes parents sont rentrés de vacances, voyant le matelas deux places dans ma chambre, il m’ont gentiment demandé :
« Oh, tu as eu un petit copain cet été ? »
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