Mise à jour du 2 mars 2021
La grande consultation citoyenne au sujet du cannabis récréatif, à laquelle nous vous invitions à participer en début d’année (lire ci-dessous), est terminée avec plus de 250.000 répondants et répondantes ! Verdict : le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on arrive à s’accorder sur deux-trois trucs, en France. La légalisation de la weed par exemple.
80% des Français et Françaises favorables à une législation du cannabis
France Info relaie les chiffres principaux issus de cette consultation, dont celui-ci, écrasant : 80% des personnes ayant répondu au questionnaire sont « d’accord avec une autorisation de la consommation et de la production de cannabis dans un cadre régi par la loi ».
Notez bien qu’on parle ici de cannabis récréatif, donc d’une consommation personnelle pour le plaisir, et non d’un usage thérapeutique visant à apaiser, par exemple, des douleurs chroniques. Et par « législation », on entend « rendre légal » : on peut imaginer le cannabis produit selon des règlementations décidées par l’État, vendu dans des commerces spécifiques (l’option choisie par 62,4% des votants et votantes), et accessible seulement aux personnes majeures. Comme le tabac, quoi.
Quand on parle de « dépénalisation », une option soutenue par 13% des citoyens et citoyennes sondées, on ne parle pas de rendre le cannabis accessible légalement mais « simplement » de supprimer les sanctions pénales qui pèsent dessus : on ne peut plus finir en prison, mais on peut quand même se prendre une amende si on se fait choper avec un joint, pour résumer.
À quand la légalisation du cannabis, du coup ?
Malheureusement, rien n’oblige le pouvoir législatif à agir dans le sens de cette consultation citoyenne… ce qui ne veut pas dire que rien ne va être fait.
Toujours sur France Info, le député La République en Marche (LREM) de la Creuse Jean-Baptiste Moreau affirmait dès le 28 février, jour de clôture de la consultation citoyenne sur le cannabis récréatif :
« Il faudra lancer une vraie consultation populaire et pourquoi pas un référendum. On fera des propositions d’ici un mois. […]
La prohibition, ça ne fonctionne pas, ça stimule un trafic parallèle. […] La dépénalisation seule ne suffira pas. Sans contrôle de la qualité des produits et du prix des produits commercialisés, on va avoir un appel d’air pour le trafic international. »
À un an d’une présidentielle aux enjeux multiples, reste à voir si la légalisation du cannabis sera regardée par les élus et élues en place d’un œil aussi favorable que celui des citoyens et citoyennes.
Un débat parlementaire sur le cannabis
Le 18 janvier 2021
Le cannabis va-t-il être légalisé ? La réponse est non… En tout cas pas en 2021. En revanche, une mission parlementaire se penche sur les usages récréatifs du
cannabis, et dans son sillage, une consultation citoyenne a été lancée sur le sujet du 13 janvier au 28 février.
Français et Françaises peuvent désormais répondre à un questionnaire en ligne pour donner leur avis sur la politique publique et la législation du cannabis !
Après avoir abordé le sujet du cannabis thérapeutique, les parlementaires s’intéressent au cannabis récréatif ; le rapport sur ce sujet délicat est attendu pour avril. Le député de la Moselle Ludovic Mendes (LREM), qui est l’un des rapporteurs, a précisé à l’AFP :
« La démarche n’est pas de montrer comment légaliser, mais qu’il y a une véritable attente des citoyens sur le sujet de l’évolution de la législation. »
Alors que depuis janvier 2020, spécialistes et professionnels ont été auditionnés sur la question, citoyens et citoyennes peuvent également partager leur avis en répondant à un questionnaire. Pour les parlementaires, « cette réflexion ne peut être envisagée sans une écoute attentive des attentes des citoyens. »
Cette démarche permettra d’en savoir plus sur la sensibilité des Français et Françaises au sujet du cannabis et surtout de vérifier la réalité des sondages. En effet, selon une enquête IFOP réalisée par le think tank Terra Nova et le lobby participatif et citoyen Echo Citoyen, un français sur deux est favorable à un changement de la législation !
À ce propos, la députée du Loiret, Caroline Janvier (LREM) a affirmé à l’AFP :
« Le questionnaire va permettre de comprendre comment l’opinion publique perçoit ces sujets, quelles sont ses attentes en terme de politique publique et de répression associées à la consommation et au trafic de cannabis. »
Gérald Darmanin contre la légalisation du cannabis
Alors que les parlementaires ouvrent le débat, le ministre de l’Intérieur a affirmé à plusieurs reprises son opposition à toute légalisation du cannabis.
Dans un entretien accordée à L’Union le dimanche 13 septembre, en répondant à la demande du maire Reims — favorable à l’expérimentation de la légalisation — Arnaud Robinet (LR), Gérald Darmanin refuse tout débat :
« La loi de la République, c’est l’interdiction des drogues. […] Je ne peux pas, en tant que ministre de l’Intérieur, en tant qu’homme politique, dire à des parents qui se battent pour que leurs enfants sortent de l’addiction à la drogue, que l’on va légaliser cette merde. Et je dis bien cette merde. »
Une position réaffirmée sur le plateau de LCI, le lundi 14 septembre où il qualifiait cette éventualité de « lâcheté intellectuelle. »
Certes, le gouvernement ne risque pas de changer d’avis en 2021… Mais à l’approche de l’élection présidentielle, la question de la légalisation du cannabis fera partie des débats de société.
Alors c’est à vous de donner votre avis en répondant à la consultation citoyenne ! Mise à jour du 2 mars 2021 : la consultation est clôturée.
À lire aussi : Une instance préconise la légalisation du cannabis en France
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
En France le CBD n'est pas classé parmi les stupéfiants, sa vente est libre depuis quelques années. C'est la molécule recherchée d'un point de vue thérapeutique me semble t'il (pour ses effets antalgique, anti inflammatoire, antianxiolytique...) contrairement au THC dont les effets positifs sont moins évidents, et qui est par ailleurs plus addictive.
Évidemment, je ne crois pas que les médecins puissent aujourd'hui prescrire du CBD, néanmoins j'en prend en autre pour régler les douleurs liées à l'endometriose et sous les conseils de ma généraliste et de ma psychiatre.
Pour moi la dépénalisation du cannabis est une mesure importante, très importante, avec des enjeux sanitaires et sociaux majeurs. Je ne pense pas que la lutte pour la légalisation du cannabis thérapeutique entre le moins du monde en concurrence ^^