J’ai la chance d’avoir une chouette relation avec ma mère (et avec mon père aussi d’ailleurs). On se parle régulièrement, on échange à la fois sur nos vies et sur l’actualité, et on arrive à surmonter nos quelques disputes en adultes.
Mais jamais. JAMAIS. JA-MAIS. Je n’ai vraiment parlé de sexualité avec ma daronne. C’est dingue, non ?
Parler de sexe avec sa mère, ça me surprend
J’ai eu l’idée d’écrire cet article en papotant avec une pote, qui me parlait d’une de ses amies, vingtenaire expatriée pour être fille au pair, qui avait appelé sa mère pour lui annoncer…
— Maman, j’ai eu mon premier orgasme !!!
En écoutant cette anecdote, j’ai ressenti un frisson de dégoût me parcourir. Et j’ai détesté ce réflexe.
Car elle n’a rien fait de mal, cette fille ! Et sa mère non plus ! Ça doit être chouette de parler aussi librement de plaisir avec ses parents.
Alors pourquoi je bloque ? Qu’est-ce qui me braque tellement ?
Parler de sexe avec son père ?
Avant toute chose, je tiens à préciser pourquoi, dans cet article, je ne parle que de ma mère.
Car dans la vie, je cause de sexualité avec des filles comme avec des garçons ; je pourrais donc être tout aussi étonnée de ne pas en parler à mon père que je le suis de ne pas en parler à ma mère.
Sauf que, comme beaucoup (si j’en crois les réactions au podcast Histoires de Darons), j’ai un papa du genre… taiseux !
Mon père a un côté pudique qui m’empêche totalement d’imaginer lui parler de sexualité, alors que ma mère est plus ouverte et se confie plus facilement.
Voilà pourquoi, dans cet article, je ne parlerai que de ma mère. Mais au final, mes réflexions peuvent s’appliquer aux parents en général !
Ma mère, le sexe, et moi
Dans ma famille, la sexualité a toujours été un sujet plutôt tabou, qui appartient au domaine du très intime. Genre, on change de chaîne quand y a une scène olé olé dans un film, tu vois ?
Quand on a été en famille voir Le loup de Wall Street. C’était. DUR.
En conséquence, je ne parle pas de MA sexualité avec mes parents, ni de cul tout court, en fait !
La démocratisation des sextoys, le clitoris dans un manuel de SVT, le fait de retirer une capote sans prévenir qui est maintenant considéré comme un viol (et à juste titre)…
Ce sont des sujets de société qu’il est possible d’évoquer sans avoir à raconter ma vie au pieu. Mais je ne l’ai jamais fait.
Je pense ne jamais avoir prononcé le mot « clitoris » devant ma mère. Ni « orgasme ». Ni « sperme ». Ni « jouir ». Et de son côté, elle n’a jamais parlé de ces sujets non plus.
Parler de sécurité, pas de sexe
Les rares fois où le thème de la sexualité a été effleuré avec ma mère, on n’a pas parlé plaisir ni désir. On a parlé protection. Et encore, VAGUEMENT !
« Tu te protèges, hein », je pense qu’on en est restées là. Un peu plus tard, elle m’a exprimé ses inquiétudes autour de la pilule hormonale que je prenais.
Récemment, on a aussi eu une discussion plutôt chouette, sans injonctions ni jugement, autour de mon non-désir d’enfant.
Et quand j’étais gosse, un super livre très didactique m’a expliqué comment on fait les bébés sans que j’aie à tanner mes parents avec des histoires de cigogne ou de choux et de roses.
Mais voilà, ce n’est pas ce que j’appelle parler de sexualité !
Le sexe, un sujet toujours tabou avec ma mère
Je n’ai pas spécialement envie de parler en détails de mes ébats à ma mère, donc je ne souffre clairement pas de cette situation. Mais je m’interroge tout de même.
Je suis très heureuse d’avoir désacralisé le sexe dans ma vie, d’en parler entre la poire et le fromage, de normaliser les échanges autour de la sexualité.
J’ai vu que ça fait souvent du bien aux gens de pouvoir discuter de cul de façon décomplexée, pour se rassurer, échanger, s’améliorer, se libérer.
À l’heure où l’éducation sexuelle à l’école laisse franchement à désirer, c’est en parlant et en écoutant que j’ai détricoté mes blocages et idées reçues autour du sexe.
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Alors
pourquoi ce sujet, ce seul et unique sujet, me bloque tellement quand il s’agit de mes parents ?
Parler de sexe avec ma mère, ça me dégoûte
Au début de cet article, je mentionnais une émotion dont je ne suis pas fière. Le dégoût.
Le mot est fort, et pourtant il est juste. Imaginer parler de sexe avec ma mère génère chez moi une forme de répulsion bien plus intense qu’une simple gêne…
J’ai du mal à comprendre pourquoi je ressens un blocage si viscéral.
Ok, on peut se dire que je n’ai pas envie d’imaginer la sexualité de mes parents, mais je pourrais parler de sexe en général, ou de mes pratiques personnelles.
Je ne suis pas obligée de demander ce qu’il se trame sous les draps de la chambre que partagent ma mère et mon père.
Cette explication, donc, ne suffit pas. Et je ne suis pas habituée à ne pas comprendre ce que je ressens ! Mais je ne parviens pas à trouver la racine de ce dégoût…
Pourquoi parler de sexe avec sa mère ?
Je pars du principe que dans la vie, on n’a jamais fini d’apprendre, donc il n’y a pas de raison qu’une éventuelle discussion autour du sexe avec ma mère ne soit pas enrichissante.
Ce n’est pas parce qu’elle est d’une autre génération qu’elle ne peut rien m’enseigner, au contraire ! Tout comme je pourrais, je sais pas, l’initier à la magie du Fairy !
Le sexe, ça fait partie de la vie, ce n’est pas un sujet que je considère honteux, dégradant… donc il n’y a pas de raison que ça ne puisse pas être sympa d’en causer avec ma mère.
Mais rien n’y fait : je suis INCAPABLE de m’imaginer avoir cette conversation avec elle.
Tu parles de sexe avec ta mère, toi ?
Je vais être honnête avec toi : je n’écris pas cette article pour que tu me convainques d’appeler ma daronne pour lui raconter mon dernier orgasme.
Je pense que je ne franchirai jamais ce tabou. Je ne suis pas sûre d’en avoir envie. Et je ne suis pas sûre qu’elle en ait envie non plus !
Bah oui, à quoi bon me débloquer si c’est pour imposer à ma mère des discussions qui la mettraient mal à l’aise ? C’est plutôt contre-productif.
Peut-être qu’il est trop tard pour que les choses changent. Qu’on a depuis trop longtemps dépassé le virage qui aurait fait de la sexualité un sujet comme les autres.
Peut-être que si, à 15 ou 16 ans, j’avais demandé à ma mère « Dis, pourquoi on ne se parle jamais de sexe ? », la réflexion aurait fait évoluer ce blocage. Mais je pense que maintenant, c’est peine perdue.
Cela dit, je sais qu’il y a des meufs qui parlent de sexe avec leur mère. Des ados qui lui racontent leur première fois autour d’un café. Des daronnes qui déballent un vibro sous le sapin à Noël.
Ça me paraît dingue. Mais ça existe et TANT MIEUX !
Alors je voudrais que tu m’éclaires : tu parles de cul avec ta mère, toi ? Ou avec ton père ? Pourquoi, pourquoi pas ? Est-ce que ça a toujours été le cas ? Est-ce que tu aimerais que ça change ?
Dis-moi tout dans les commentaires !
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