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Parler de sexualité aux enfants, ce défi infernal

Petits enfants, petits problèmes, prétend l’adage. Et si voir son enfant grandir et s’intéresser de plus en plus au monde qui l’entoure est en vérité merveilleux, il y a des sujets qui prennent un peu au dépourvu. Par exemple, comment parle-t-on de sexualité aux enfants ? Et de fonctions biologiques ? Eh bien, on fait comme on peut !

« Dis maman, comment on fait les bébés ? »  Cette phrase fait frissonner les daronnes du monde entier. Si la plupart des humains sont pourtant coutumiers de ce mode de fabrication, au point de le pratiquer régulièrement, expliquer leur déroulement à un jeune public s’avère particulièrement ardu.

Si les prémices de questionnements déboulent en même temps que la parole, il faut parfois quelques années avant de pénétrer dans le vif du sujet (pardon). Des années semées de discussions étranges, au cours desquels on se demande toujours si l’enfant va balancer la question qui tue. Après plus de cinq ans de maternité, je me demande encore, même si l’échéance est proche.

Alors, comment les enfants apprennent comment on fait les bébés ? Et, êtes-vous seuls à paniquer et à raconter n’importe quoi ? (Non).

Avant trois ans : la découverte des fonctions biologiques primaires

Je n’avais pas prévu d’aborder certains détails techniques si tôt, mais l’enfant me suit à la trace, jusqu’au fin fond des toilettes. Au début, elle n’est pas particulièrement attentive à son environnement. Sauf si sa route croise celle d’une brosse w.c., un jouet sensoriel passionnant à manipuler. Le reste du temps, ma fille se contente donc de m’observer attentivement et de commenter avec enthousiasme le phénomène biologique qui se produit devant elle.

Un jour, elle se met pourtant à pleurer. Je la comprends : assister aux processus d’évacuation d’un autre humain n’a rien de réjouissant. Même si vous vouez habituellement une adoration envahissante à cet être humain. Mais, ce n’est pas de ça dont il s’agit et la voilà qui recule avec effroi : 

« Maman, tu saignes ! Tu vas mourir ! » Même si je ne suis pas toujours certaine de les avoir utilisées à bon escient, j’ai effectivement des fonctions reproductives opérationnelles, et les manifestations mensuelles correspondantes : « C’est normal ! Toutes les mamans ont ça ! » Je rétorque, honteuse de mon manque flagrant d’inclusivité. D’ailleurs, cette explication ne la satisfait pas complètement et comme il faut nourrir la curiosité des enfants, j’ajoute : « C’est la nature. Ça veut dire que je n’ai pas de bébé dans le ventre. »

En la voyant réfléchir, je regrette instantanément ma confidence prématurée. Non seulement elle doit penser que l’hypothétique bébé est mort liquéfié, mais elle implique que je fournisse des détails supplémentaires sur les tenants et les aboutissants de la chose. Pas pour l’enfant qui me répond finalement en avisant ma protection mensuelle : « Toi, tu mets des couches. Pourquoi toi, tu veux pas que moi, je mets des couches ? »

Quatre ans, la phase foufouille

L’arrivée d’un petit frère dont le sexe biologique diffère de celui de mon aînée élève le débat. Après avoir constaté certaines différences morphologiques, ma fille veut savoir pourquoi les garçons ont un zizi et les filles, une foufouille. Pour ceux qui se demanderaient d’où me vient ce terme grotesque : il sort tout droit de mon imagination malade. OUI, je sais que l’on doit utiliser les vrais mots, vulve, vagin et pénis, mais franchement, j’aimerais bien vous y voir. Dans un moment d’égarement désespéré, le terme foufouille est sorti de ma bouche. Voilà. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, j’ai paniqué.

Je lui raconte que certains garçons aussi ont une foufouille, et des filles un zizi. Cela ne répond pas à la question, mais me permet toutefois de m’en dépêtrer l’air de rien. J’en profite pour lui rappeler que le zizi de son frère et sa foufouille sont à eux et que personne n’a le droit de les toucher ni de les forcer à toucher… Ma fille hoche la tête avec conviction.
« Maman.
– Oui ?
– Pourquoi t’as des cheveux là, toi ? Lassée de devoir justifier toutes les découvertes que font mes enfants quand ils me suivent contre mon gré dans la salle de bain, je brandis mon plus beau joker :
C’est un truc qu’ont les grandes personnes. Laissez-moi tranquille maintenant ! »

Cinq ans, les mamans sont des vaches comme les autres

Les mères de l’école qui continuent de vous reproduire et d’afficher avec provocation vos ventres ronds, je ne vous dis pas merci. Depuis que la mère de sa meilleure copine est enceinte, mon héritière exige que moi aussi je lui fabrique une petite sœur. J’en déduis qu’elle n’est pas encore consciente du rôle prépondérant que joue le gamète mâle dans tout le processus de confection humaine.

Un jour, ma fille m’annonce finalement que je suis comme les vaches. Avant de la déshériter, je lui laisse le bénéfice du doute et la laisse poursuivre :
« Les vaches, c’est comme les mamans, elles, ont des bébés dans le ventre et du lait dans les titis (encore un moment de panique lexicale) ! »

À force de la voir si fascinée par toutes ces choses de la vie, j’aimerais bien crever l’abcès une fois pour toutes. Elle me demande si ça fait mal quand le bébé sort, mais ne me demande pas par où il sort. Elle veut savoir si l’on peut attraper un bébé comme ça, mais ne se renseigne pas plus avant, quand je lui dis que non. 

Elle se contente de revenir à la charge avec des questionnements toujours plus poussés, à la manière de la mouette qui convoite mes churros estivaux et s’approche l’air de rien, jusqu’au moment où elle sera prête à me fondre dessus. 

Six ans, la question frontale (ou presque)

L’enfant est toujours particulièrement obsédée par ces histoires de bébés dans le ventre. Mais aussi par le fonctionnement des éléments météorologique, le système solaire, les dinosaures et les animaux marins. Comme ce n’est pas mon cas, mais que j’admire sa curiosité, je me renseigne en même temps qu’elle et nous découvrons ensemble que les créatures marines préhistoriques n’étaient pas des dinosaures à proprement parler. Quel est le rapport avec le reste ? Mon désir ardent d’étaler ma science :

« – C’est comme les baleines ! dis-je. Tu sais que ce ne sont pas des poissons ? » 
L’enfant sait déjà : 

« – Oui, maman, c’est parce qu’elles ne peuvent pas respirer sous l’eau. 
Mais encore ?  Je ne lui laisse pas le temps de répondre : – Elles ne pondent pas d’œufs et portent leurs bébés dans le ventre !
– Et comme les vaches ! Et comme toi ! Ce sont des mammifères comme toi et comme moi, quand je serai grande !« 

Elle a saisi le concept. 

« – Et comme ton frère, aussi« , j’ajoute, mue par la culpabilité réflexe réservée aux deuxièmes, pauvres créatures qui ne connaîtront jamais l’exclusivité parentale. Le remords me perdra. Littéralement :
« – Bah non, ce n’est pas un mammifère, réfléchit ma fille, il ne peut pas porter de bébés.
Oui, mais il aide à les faire.
– Comment ?
– Papa ne t’a pas expliqué ? 
J’essaye de gagner du temps.
– Non ! (Mon mari est en lâche.).
– Le papa et la maman font un gros câlin et le papa plante une graine pour faire pousser le bébé.
– Dans la terre ?
Non dans le ventre de la maman. Tu veux que je t’achète une glace ?« 

Sept ans et plus, qu’est-ce qu’on fait ?

À l’heure où je vous écris ces quelques lignes, nous n’avons pas terminé notre voyage sur les chemins de l’apprentissage biologique. Je continue de répondre factuellement — et avec un brio certain, vous en conviendrez — à toutes ses questions, en essayant de ne pas lui fournir les détails qu’elle ne réclame pas.

J’essaye aussi de ne pas faire peser le poids d’un tabou ou d’un secret sur ces échanges. Selon les experts du web, l’âge de raison permet de fournir quelques détails techniques, et d’introduire la fonction du zizi dans tout ce bazar. En ce qui concerne le déroulement exact des opérations, mes sources recommandent d’attendre neuf ou dix ans.

Moi, j’ai surtout envie de vous conseiller de faire comme vous pouvez, et de ne pas hésiter à me donner vos conseils en commentaires ! 


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Les Commentaires

4
Avatar de princess_cass
10 juillet 2023 à 16h07
princess_cass
Contenu caché du spoiler.
1
Voir les 4 commentaires

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