Publié le 12 décembre 2019
Il y a quelques semaines, Esther et Déborah m’ont contactée pour écrire le Manifesto de leur nouveau projet photo : Parisiennes.
Un projet pour bousculer les clichés et les codes associés aux habitantes de la capitale, à leur identité, leur corps, et leurs habitudes.
Parisiennes, le projet photo qui célèbre les femmes de couleur
Originaire du Burkina Faso, Esther est la créatrice de wä dé, une plateforme mettant à l’honneur la culture africaine, et ses créateurs et créatrices de talent :
« wä dé était dans ma tête depuis longtemps. Je construisais son histoire puis je balayais tout en me disant que c’était nul et que ça n’intéresserait personne.
À travers ce processus, mon idée mûrissait et un jour, après un stage horrible dans une grande agence de pub, j’ai décidé de me lancer.
Je voulais à travers cette plateforme mettre en avant l’artisanat africain aussi bien vintage que contemporain et surtout sans passer par le wax.
Car l’Afrique regorge de talentueux créateurs que l’on ne met pas en avant.
Dans un premier temps, je me suis concentrée sur le Burkina, le pays de mon papa. À ma petite échelle, je voulais mettre en avant ce pays qui fait partie intégrante de moi. »
La Parisienne s’est inscrit naturellement dans le prolongement de wä dé, un endroit pour laisser s’exprimer les Muses de notre temps, une ode aux femmes de couleurs.
Un projet qui traduit le sentiment d’Esther de ne pas être représentée :
« J’aime visualiser wä dé comme une grande maison avec une multitudes de portes alors pour moi, Parisiennes y a sa place.
Parisiennes ouvre le bal des Muses sur wä dé, dans lequel j’ai vraiment envie de mettre en avant des histoires de femmes fantastiques, mais c’est avant tout une ode aux femmes de couleur.
J’ai toujours aimé l’univers de la mode (que je suis maintenant de loin), et petite, Vogue était pour moi comme pour beaucoup le Saint Graal.
Puis en grandissant, je ne me retrouvais nulle part. Aussi bien lorsque l’on parlait de la Française et encore moins dans les clichés de la Parisienne.
Je n’étais pas mince, je n’habitais pas un superbe appartement avec moulures dans le 6ème. En résumé, je ne ferai jamais la couverture de Vogue ou autres magazines du même type !
Certaines cultivent et vivent de ces clichés qui sont maintenant exportés à l’étranger, mais ce n’est pas la réalité. Je voulais à travers ce projet exposer ma réalité.
Montrer qu’à Paris il y a un tas de filles belles, talentueuses, de couleur, toutes aussi cool que ces filles qui elles, sont exposées. »
Les clichés photo de Parisiennes
sont authentiques, assez bruts, et veulent coller au mieux aux personnalités des femmes qu’ils représentent :
« À travers Parisiennes, j’ai tout simplement eu envie de donner une voix et un visage à ces femmes-là. Prendre la parole là où personne ne nous regarde, sauf pour combler un quota.
Ces femmes ont leur propre histoire avec Paris, qu’elles y habitent ou qu’elles y traînent. Il n’est pas question de trop grosse, trop maigre, trop grande, trop ceci, trop cela. Non.
Le plus important était de travailler avec des femmes qui adhéraient et qui avaient envie de participer au projet.
Avec Déborah, nous n’avons pas voulu faire quelque chose de léché mais rester plutôt authentiques, comme les parisiennes que nous avons voulu mettre en valeur. »
Parisiennes, un projet photo et vidéo
Déborah a 22 ans, et c’est elle la photographe et réalisatrice. La photo, c’est sa passion, depuis toujours :
« La photo est arrivée très très vite dans ma vie. À 6 ans ma mère m’a confié son jetable lors du mariage d’une de mes cousines.
10 minutes après la pellicule était pleine !
À 14 ans je me suis vu offert mon premier reflex amateur (que j’ai d’ailleurs seulement changé il y a 2 ans). J’ai passé mon adolescence à shooter avec mes copines.
Nous cherchions les meilleurs lieux que notre vallée offrait et nous partions avec des sacs entiers de fringues. Au lycée, déjà, je voulais en faire mon métier avant d’hésiter à travailler dans le cinéma.
Pendant les vacances d’été, avant d’entamer ma dernière année d’étude à l’école de cinéma 3iS, j’étais bel et bien décidée à suivre mon idée première. »
Bien avant le projet Parisiennes, Déborah a toujours aimé shooter des femmes qui lui ressemblent, qui représentent la beauté, sous toutes ses formes :
« Les jeunes femmes que je shoot sont celles qui attirent le plus mon œil, sûrement car je me reconnais un minimum en elles.
Mes goûts ont été modelés par le fait que depuis mon jeune âge, la société m’a fait comprendre que je n‘étais pas considérée comme la femme à représenter ou qui fait vendre.
Ma vision de la beauté et des normes a donc forcément dû s’élargir et être différente de ce que l’on me proposait.
Mais peu importe les diktats et les critères du moment, je veux juste shooter la beauté. Et cette notion peut même se trouver dans son opposé. »
Suis et participe au projet photo Parisiennes !
Parisiennes, c’est la vision de Paris dans les yeux d’Esther, Déborah, et à travers les habitudes de celles qui y vivent.
Ce sont de magnifiques photos, de magnifiques personnalités, des mots, et des vidéos.
Pour voir tous les portraits de Hallya, Karla, Béatrice, et Besos, rendez-vous sur le site Internet de wä dé, et sur Instagram !
Tu y trouveras également le Manifesto du projet La Parisienne, ainsi que sa vidéo de présentation.
Si tu veux participer au volume 2 du projet, qui s’étendra en des discussions plus poussées avec chacune des femmes, tu peux envoyer un mail à Esther à l’adresse hello[at]wade-store.com avec ton profil Instagram !
« Moi, ma peau mate, ma peau noire, mon style tranché, et mon gras. Moi, toujours pressée et occupée. Vraie, forte, caractérielle et rebelle.
Moi qui ne me conforme pas, qui fait du bruit, et que l’on voit. Celle qui serait iconique si les magazines voulaient bien de moi. »
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Les Commentaires
Après, d'un point de vue de "provinciale" de toujours, c'est ironique, parce que Paris est typiquement le lieu où on voit les gens de couleurs par rapport au reste de la France. Beaucoup de grandes villes régionales ont des populations de couleur mais rarement autant qu'à Paris et en région parisienne (et pour cause, la concentration d'activité et de population va dans ce sens)_un bémol pour Marseille qui est plus cosmopolite. Pour avoir vécu dans des grandes villes en région, la population y est beaucoup plus blanche. Et je ne parle même pas des villes moyennes où les personnes de couleurs sont bien moins nombreuses en proportion (je vous parle pas de mon village familiale en Ardèche où y'a une famille noire, sur l'air de Marly-Gaumont). Donc clairement, s'il y a une personnification de la femme de couleur urbaine, c'est la Parisienne.