J’ai découvert Cédric Klapisch grâce à L’Auberge Espagnole, comme pas mal de monde, mais j’ai vite pris le temps de regarder aussi Le Péril Jeune, Chacun cherche son chat, Un air de famille… Bref, une bonne partie de sa filmographie. Autant dire que j’adore ce type et ce qu’il fait. En gros, depuis les fameuses Poupées Russes en 2005, j’attendais vraiment, mais alors vraiment, son retour. Encore plus depuis la sortie de la superbe bande-annonce de Paris…
Hier soir, j’étais donc très excitée quand j’ai acheté ma place et que je me suis installée dans mon fauteuil. C’est limite si je n’étais pas en train de danser tellement je voulais que le film commence. Les lumières finissent par s’éteindre, le générique apparaît, les 2h10 passent, je sors et je suis emballée. Ca pourrait s’arrêter là, mais bon, il y a toujours un mais.
Après cinq petites minutes (le temps de redescendre sur terre), je dois tirer une grave conclusion : Paris me laisse un désagréable arrière-goût. Le film est très loin de ce que la bande-annonce promettait. Paris est superficiel : je n’ai plus que ce mot là à la bouche depuis que la copine avec qui je suis allée voir le film me l’a sorti. Je trouve que ça colle tellement bien…
Alors, pourquoi donc Paris est-il superficiel ? A cause de l’histoire ? Oui et non. D’abord, c’est quoi l’histoire en fait ? Un parisien incarné par Duris qui est malade et qui, parce qu’il est coincé chez lui, se met à regarder les gens du haut de son balcon ? Pas vraiment. C’est plutôt l’histoire, enfin les histoires de personnes très différentes, qui ont toutes leurs emmerdes, et qui se croisent au marché, à la fac, au détour d’une rue… C’est vaste, n’est ce pas ? Oui, bah c’est comme ça dans le film. C’est d’ailleurs son principal défaut, ce qui est plutôt étonnant puisque c’est cette forme chorale qui devrait faire sa force.
Quand on écoute les avis des uns et des autres à la fin de la séance, on est obligé de constater que Klapisch a perdu son pari (ha-ha) aux yeux du public : les personnages s’entrecroisent très maladroitement et leurs intrigues ne sont que peu creusées, ce qui fait qu’on est un peu perdu au milieu de tout ce monde.
Klapisch a voulu nous dresser un portrait varié de la population de la capitale mais la foule de personnages qu’il nous a créée a en réalité rendu impossible l’étude plus approfondie de ces mêmes personnages. Ils sont là, ils vivent, et puis voilà : on tourne en rond et ça ne mène à rien. Leurs paradoxes, leurs émotions et leurs sentiments ne sont qu’en surface. On suit l’assistante sociale, le danseur, les maraîchers, le prof, l’étudiante, l’architecte, les mannequins, la boulangère ; on les regarde évoluer et gérer leur lot de problèmes et puis, malheureusement, ça s’arrête là. Pas de réflexion derrière, et pourtant y’avait moyen comme dirait l’autre.
L’immigration et le secteur social sont par exemple deux sujets récurrents dans le film mais ils ne sont finalement pas suffisamment exploités, ou plutôt pas bien exploités. Seuls les thèmes de la maladie et la vieillesse sont plus ou moins habilement présentés et nous touchent plus particulièrement.
D’abord, il y a Pierre, le malade, celui qui regarde les autres vivre en se demandant s’il va mourir.
Et puis il y a Elise, sa soeur, assistante sociale et mère célibataire à qui l’on reproche de vouloir s’occuper d’elle (de Pierre en réalité) alors qu’elle passe sa vie à gérer les problèmes des autres.
Et pour finir Roland, l’historien en pleine crise, fraîchement tombé amoureux d’une jeunette qui fait ressortir son manque de confiance en lui. Trois héros qui cherchent à porter un regard nouveau sur leur vie, sur la vie. C’est ce que cherchait à faire Klapisch en nous dressant ces portraits d’hommes et de femmes de la capitale. C’est ce qu’il a un tantinet raté.
Malgré tout, je n’ai pas résisté aux répliques croustillantes semées dans le scénario et aux états d’âmes de ces parisiens (on en a tous un en nous !). Dépourvu d’un véritable souffle et d’une trame solide, Paris a quand même le mérite de posséder des scènes hilarantes et qui deviendront cultes, du moins je l’espère. Et puis, malgré le cafouillis de toutes ces histoires, certaines restent très émouvantes.
Dommage qu’il n’y ait pas un film pour chacune d’entre elles : ça nous aurait permis de suivre à fond chaque personnage et de profiter du casting sensationnel. On a quand même le droit à du beau monde : Romain Duris (à qui j’ai eu envie de mettre un coup de rasoir sur le torse pendant tout le film), Juliette Binoche, Fabrice Luchini, Albert Dupontel, Gilles Lellouche, Mélanie Laurent, Zinedine Soualem, Julie Ferrier, François Cluzet, Karin Viard… Forcément : qui dit Paris dit monuments, alors on comprend pourquoi il fallait à Klapisch des Grands du cinéma que le monde entier nous envie.
Enfin bref, j’attendais beaucoup de Paris, peut-être trop. J’ai été un poil déçue mais j’ai tout de même passé une agréable soirée. Finalement, Paris, c’est un peu comme regarder l’album photo d’un étranger : on y découvre sa vie à travers quelques images mais on n’a pas le temps de s’y attacher puisque, en définitive, on ne connaît rien de lui excepté ces quelques moments volés…
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