Frida Kahlo au Palais Galliera
Les femmes artistes ont longuement été invisibilisées, les manuels d’histoire de l’art les reléguant souvent à des rôles subalternes de mères, d’épouses ou de soeurs, lorsqu’ils n’omettaient pas, tout simplement, leurs noms. Frida Kahlo est l’une des rares à faire exception à la règle. Née en 1907, elle fut l’une des artistes les plus influentes du XXe siècle, diffusant même son art jusque dans la pop culture, la rendant ainsi incontournable aux yeux du grand public. Mais les expositions à son sujet sont déjà pléthores. Qu’avait-on donc à dire et à montrer de plus ?
Cette année, le Palais Galliera s’est penché sur son rapport à l’habit, et s’est questionné sur la construction de son identité à travers la manière de se présenter au monde, et de se représenter.
En collaboration avec le Museo Frida Kahlo, l’exposition dévoile un ensemble incroyable de plus de 200 objets provenant de la maison de Kahlo à Mexico, Casa Azul, où l’artiste est née et a grandi. On y retrouve des vêtements, des correspondances, des cosmétiques, des accessoires, prothèses médicales (Kahlo souffrait énormément, des suites d’un accident, à l’âge de 18 ans, qui l’a handicapée pour le restant de sa vie)… Cette précieuse collection de ses effets personnels avait été mise sous scellés à sa mort, en 1954, par son mari, le peintre Diego Rivera et a été redécouverte cinquante ans plus tard, en 2004.
C’est donc un vrai trésor, de robes traditionnelles, de colliers précolombiens que Kahlo collectionnait, ainsi que des photos et des vidéos, que donne à voir le Palais Galliera. Pour entrer dans l’intimité de l’artiste, au plus proche de celle que l’on connait sans véritablement la connaitre, surtout à travers des autoportraits aussi impressionnants qu’énigmatiques de prime abord.
“Frida Kahlo, au-delà des apparences”, au Palais Galliera, à partir du 15 septembre et jusqu’au 5 mars 2023
Alice Neel au Centre Pompidou
D’abord prévue en 2020, puis reportée pour cause de pandémie, la rétrospective consacrée à l’artiste figurative américaine Alice Neel ouvrira ses portes dès le 5 octobre.
Une exposition attendue, qui présente près de 75 peintures et dessins de cette figure éminente de l’art nord-américain, pourtant restée dans l’ombre toute sa vie.
Peintre inclassable, Alice Neel est à l’origine d’une œuvre unique, engagée, dépeignant une société américaine en marge, invisible ou opprimée. Elle peint notamment de nombreuses femmes, avec un regard très éloigné du male gaze américain, rompant avec les canons masculins de l’époque. Dès les années 1930, elle réalise des séries de portraits mettant en scène des personnages typiques du New York d’alors. Mais son travail a aussi, tout au long de sa carrière, été traversé par la question de la maternité, suite au drame de la perte de sa première fille, des suites d’une maladie.
Longtemps restée en marge du monde de l’art, elle se retrouve propulsée sous le feu des projecteurs au tournant des années 60-70, à la faveur du Mouvement des libérations des femmes, et notamment lorsqu’elle réalise le portrait de la féministe Kate Millet pour la couverture de Time Magazine. Elle-même féministe et très engagée politiquement, elle a aussi longtemps liée au Parti communiste américain.
Même après son décès, en 1984, son importance n’a jamais cessé de croître, à la faveur de plusieurs expositions dans des institutions culturelles phares, et de la diffusion d’un film biographique réalisé par son petit-fils, en 2007.
Longtemps ignorée de son vivant, ne s’intégrant à aucun courant, qu’elle a pourtant traversé sans flancher, du pop art à l’art conceptuel, Neel s’est toujours inscrite à contre-courant des avant-gardes de l’époque.
“Alice Neel, Un regard engagé”, au Centre Pompidou, à partir du 5 octobre et jusqu’au 16 janvier 2023
Rosa Bonheur au musée d’Orsay
Rosa Bonheur est l’une des artistes femmes les plus connues aujourd’hui, et 2022 commémore le bicentenaire de sa naissance, à Bordeaux. C’est dans ce cadre qu’est organisée l’une des plus grandes rétrospectives de son œuvre au musée d’Orsay, en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de sa ville natale, le musée Rosa Bonheur de Thomery (Seine-et-Marne) et le musée départemental des peintres de Barbizon.
Artiste hors normes, Rosa Bonheur (oui, c’est bien son vrai nom) était aussi une immense amoureuse de la nature, et plaça très tôt le monde animal au cœur de son art. S’engageant pour la reconnaissance des animaux, elle a été précurseuse du mouvement naturaliste, et a produit un nombre immense d’œuvres exceptionnelles de réalisme. Elle est notamment à l’origine de multiples peintures dressant le portrait d’animaux comme des individus à part entière, avec une technicité prodigieuse.
Bénéficiant d’une immense reconnaissance du public, Rosa Bonheur a été l’une des premières artistes femmes à pouvoir vivre de son travail. Une célébrité qui l’a même conduite à avoir une poupée à son effigie, et une rue à son nom, après sa mort, début 1900 (un fait suffisamment rare, voire inexistant à l’époque pour être souligné).
À l’âge de 37 ans, elle achète un château à Thomery, non loin de Paris et y installe l’immense atelier dont elle a longtemps rêvé. Le lieu dispose aussi d’une ménagerie, permettant à Rosa Bonheur de s’entourer de dizaines d’animaux.
Oubliée un temps des manuels d’histoire de l’art, elle est rapidement revenue sur le devant de la scène, et compte aujourd’hui parmi les femmes artistes les plus connues du grand public. À tel point qu’à Paris, aujourd’hui, plusieurs guinguettes portent son nom…
Image de Une : Unsplash / Bastien Nvs
“Rosa Bonheur (1822-1899)”, au musée d’Orsay et au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, à partir du 18 octobre et jusqu’au 15 janvier 2023
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