Dans la vie, il y a toujours une étape pas cool où tu finis par t’apercevoir que tes parents ne sont pas parfaits. En plus d’être souvent un moment capital (comme un boss de fin de niveau), c’est aussi une marche incontournable vers la vie d’adulte.
Ça peut être brutal, un peu comme la lumière de la lampe torche que ton petit frère ou ta petite sœur t’as braquée sur le visage quand vous étiez partis en camping. Mais ça peut aussi se faire doucement, comme quand tu grandis, et dans ces cas-là, tu finis petit à petit par décrocher tes parents du mur où ils étaient encadrés, pour les faire redescendre à ta hauteur… si ce n’est un peu en-dessous dans certains cas.
Car tes parents sont humains, tout simplement, et le moment où tu t’en rends compte peut changer la façon dont tu les vois (même si tu ne te souviens pas bien du-dit moment).
Les parents ont aussi des émotions (autres que la râlerie et le ronchonnement)
Je sais bien que tu t’en doutais un peu, les parents ont leurs propres émotions comme tout un chacun, et ne sont malheureusement pas une espèce à part. Simplement, quand tu étais petiot•e, il y avait certaines émotions qu’ils censuraient devant toi…
C’était peut-être le doute ou la crainte d’être de mauvais parents, la colère ou l’attente, ou l’envie même insidieuse de se moquer de ta coupe de cheveux quand tu as eu ta période rebelle et que tu as fait n’importe quoi vestimentairement et capillairement parlant.
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Les adultes ont des sentiments maîtrisés, ou en tout cas contenus.
En général, ce sont plutôt les sentiments négatifs que peuvent ressentir tes vieux qui vont te faire un petit coup au cœur : les voir pleurer par exemple, ça peut faire un choc.
À l’inverse, les voir sous le coup d’une très grande joie ou d’un enthousiasme exacerbé peut aussi être une surprise. Non pas que tu les considérais comme des amibes, mais bon, les parents, et de façon générale, les adultes, ont des sentiments maîtrisés ou en tout cas contenus, du moins les vrais…
Comme Keanu Reeves…
Sauf qu’en fait, non. S’ils ont été moins expansifs sur leurs petites misères et leurs plus grands malheurs, c’était pour te protéger.
Je ne sais pas pour toi, mais moi, c’est quand j’ai vu mes parents pleurer que j’ai su qu’ils n’étaient pas les plus forts, et aussi que toutes les fois où je me mettrais en danger, ils en souffriraient. La pression…
L’envie de faire de toi ce que tu n’es pas
L’attitude de tes parents envers toi peut aussi finir par te sauter aux yeux, et les faire descendre d’un cran dans ton estime, pour les ramener à ton niveau, et parfois plus bas.
Il y a ces parents qui laissent leurs enfants vivre leur vie sans trop la remettre en question (ce qui ne veut pas dire qu’ils ne s’en inquiètent pas, remarque). Mais il y a aussi ces parents qui ont une toute autre façon de faire et qui cherchent à te contrôler ou veulent faire de toi quelqu’un que tu n’es pas. Souvent, c’est parce qu’ils pensent que c’est pour ton bien.
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Par exemple, quand ils veulent à tout prix que tu ne sortes pas avec « cette jupe vraiment courte », c’est parce qu’ils cherchent à te protéger. Même si pour toi, c’est une forme de slut-shaming inconscient…
Ou quand ils te demandent pour la énième fois pourquoi tu n’as pas voulu continuer les cours de piano, et te disent que tu devrais t’y remettre parce que tu étais particulièrement doué•e.
Sauf que dans ce cas-là, peut-être que c’est également parce qu’ils se projettent : que tu leur ressembles ou pas, il se disent qu’à ta place… ou que eux, ils feraient telle ou telle chose.
Ça ne veut pas forcément dire qu’ils vivent par procuration, contrairement à ce que Tellement vrai veut te faire croire (même si dans certains cas, ça peut effectivement être le cas), mais plutôt qu’ils te connaissent mal. Ou que tu fais preuve de flemme/de mauvaise foi, mais le cas échéant, c’est entièrement ton droit.
Ça ne veut pas forcément dire qu’ils vivent par procuration, mais plutôt qu’ils te connaissent mal.
Après, il y a aussi cette espèce pas si rare de parents qui ne te font pas confiance. Ceux qui, quoi que tu fasses, vont remettre tes choix en question et chercher à t’en faire changer, voire les critiquer ouvertement, insidieusement, ou — c’est la fête du slip — devant toute la famille.
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En général, quand tes parents font ça, au mieux ils t’agacent, au pire ils te déçoivent véritablement ou créent une vraie fracture entre vous.
Tu te rends compte qu’ils peuvent faire preuve de mesquinerie, ou simplement n’ont pas le même respect pour toi que tes ami•es ou même tes profs (car oui, ne pas te faire confiance du tout, c’est quand même te manquer de respect, même si tes deux dernières actions consistaient à mettre le chat dans la machine à laver, puis à en faire un shooting photo…).
Toutes les personnes dans mon entourage qui ont vécu des situations comme celles-là ont maintenant des relations tendues ou, comme dirait Facebook, un rapport « compliqué » avec leurs parents.
Chers parents, si vous lisez ceci, n’oubliez pas que vos enfants ont le droit de faire leurs propres erreurs, tout comme vous avez fait les vôtres…
Des valeurs qui divergent
Et puis, il y a aussi celles et ceux qui découvrent que leurs parents n’ont pas que des valeurs qu’ils partagent. J’ai des ami•es qui se sont rendu compte que leur père était sexiste et refusait de faire le ménage parce que :
« Le ménage, c’est un boulot de gonzesse, un point c’est tout. »
Ambiance. Et d’autres ami•es dont la mère n’accepte pas l’idée qu’ils/elles ne veuillent pas d’enfants, n’en voudront jamais et ne feront pas d’eux « des grands-parents » (comme si c’était une bonne raison pour faire des enfants, tiens…).
Évidemment, plus ces valeurs sont éloignées des tiennes et plus c’est difficile à accepter. Là, on peut passer par une palette d’émotions relativement large : surprise, tristesse, déception, colère… c’est le loto des sentiments, il n’y a plus qu’à attendre que ça passe, quand ça passe.
Oui, c’est peut-être un cauchemar… peut-être
Les valeurs, c’est un vrai motif de rupture, qu’il s’agisse d’une relation amoureuse ou amicale. Et non, la relation parentale ne fait pas exception à la règle, dur dur de s’entendre avec quelqu’un dont tu ne partages pas le point de vue.
Pourtant, ça ne veut pas dire que nous sommes tou•tes condamné•es à rompre avec nos parents ou à nous battre avec eux comme des chiffonniers. Ils ne sont pas parfaits, simplement (Et pouf ! tu le sens le piédestal comme il est parti ?).
Avec mes parents, on arrive à s’entendre malgré nos différences, parce qu’il y a plein d’autres trucs sur lesquels on est d’accord.
De mon côté, je suis féministe, et dans ma famille, même si on n’est pas contre, ce n’est pas particulièrement un sujet de discussion. Alors voilà, ça m’énerve que ça les intéresse moins qu’un slip qui te rentre dans les fesses, mais c’est comme ça, malgré toute ma pédagogie, certains sujets ne les attirent pas et c’est tout.
Pour autant, on arrive tout à fait à s’entendre eux et moi, parce qu’il y a plein d’autres trucs sur lesquels on est vachement d’accord… un peu comme avec mes potes, en fait.
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Après, il faut juste que tes parents acceptent eux aussi l’idée. Autrement, tu vas avoir droit à « Je sais parce que c’est moi l’adulte » pendant un petit bout de temps. L’argument typique de l’adulte qui est à court d’idées : domi dommage le fromage (droits d’auteure Margaux Palace). Et dommage pour eux oui, car toi, tu n’es pas à court d’arguments…
Ce n’est pas la fin du monde
Quand tes parents se sont cassés la gueule de leur piédestal, tu t’es peut-être dit que tu étais déçu•e, ou tu as culpabilisé parce que tu t’es mis•e à les aimer différemment, ou tu as souvent eu envie d’aller au clash.
L’essentiel n’est pas que tes parents soient parfaits, mais que tu sois capable de l’accepter, que cela ne t’empêche pas de les voir et de les aimer, sans te forcer.
Oui, certain•es d’entre nous sont fâché•es avec leurs parents parce que leurs valeurs, ou leurs caractères sont incompatibles..
Mais dans la plupart des cas, il s’agit seulement d’un ajustement, un peu comme quand Windows 8 est sorti et que tout le monde s’est facepalmé en pensant que ce serait horrible… et en fait pas tant que ça.
Bon ok, c’est vrai que ça craignait quand même
On a envie de s’attendre au pire, car ça permet de ne pas être déçu•e.
Parfois, cette nouvelle relation va créer une vraie tension ou creuser un fossé entre vous, mais il faut savoir pardonner pour autant et ne pas tomber dans l’excès inverse : si tes parents n’étaient pas des anges, il y a de fortes chances pour qu’ils ne soient pas non plus des démons.
Je sais que l’envie de s’attendre au pire peut être forte car elle te permet in fine d’éviter la déception, mais tes parents seront aussi capables de te surprendre dans le bon sens !
Tu es un peu confus•e et tu veux une astuce ? Essaie de voir comment tu le prendrais s’il s’agissait d’un ami. Et surtout, il n’y a pas deux familles qui se ressemblent, donc fais comme toi tu as envie, de façon à ne pas avoir de remords ou de regrets.
Et toi, quand est-ce que tu as réalisé que tes parents n’étaient pas parfaits ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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