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Une personne portant fièrement le drapeau des transidentités // Source : pixelshot
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Parents d’enfants trans, comment les accompagner au mieux ?

Alors que la société évolue sur les questions de genre et de sexualité, les parents sont de plus en plus nombreux à devoir faire face aux questionnements de leurs enfants et adolescent·e·s. Parfois déstabilisés, en manque de repère ou plus simplement de réponses, ils doivent trouver les mots et les informations pour les accompagner.

Au téléphone, Marylin s’excuse d’emblée, elle a encore du mal à genrer correctement son fils Paulo, qui lui a fait son coming out récemment : « À l’écrit, je ne fais pas l’erreur, mais à l’oral, j’ai encore du mal à dire ‘il’. Quand je lui ai parlé de cette difficulté, il m’a dit ‘pas de soucis, on fait au fur et à mesure.’ » Depuis l’annonce de son fils, cette mère a lu beaucoup de témoignages, ainsi que des livres traitant de transidentités. « Ça n’a rien changé, c’est toujours la même personne, le même caractère », insiste-t-elle.

S’il n’existe aucune statistique officielle sur le nombre de personnes trans, force est de constater que la parole s’est grandement développée sur le sujet, au point d’amener de plus en plus de jeunes à légitimement se questionner sur leur identité de genre et par la même occasion, de nombreux parents à devoir se renseigner sur la question.

À lire aussi : Six livres LGBT+ pour s’éduquer sur les identités et luttes des personnes queers

Comment accompagner son enfant trans en tant que parents ?

Pour ce qui est des coming out LGBTQI+ les clichés narratifs que l’on retrouve dans la fiction nous ramènent souvent à des histoires de douloureux rejets et de ruptures totales. Si ces réactions de la part des parents existent encore, il est également important de rappeler qu’être trans n’est pas toujours synonyme de rupture familiale, bien au contraire.

Pour beaucoup de parents souhaitant accompagner du mieux qu’ils peuvent leurs enfants, un des premiers réflexes est de discuter avec des personnes trans ou d’autres parents dans la même situation.

À lire aussi : On ne devient pas trans par « pression sociale » prouve une étude sur la dysphorie de genre

Un besoin pris en charge par les associations 

C’est pour répondre à ce besoin d’échange que l’association OUTrans a créé des groupes de parole à destination des personnes trans et de leurs proches. « L’idée est de parler de sa relation avec ses proches, que l’on soit une personne trans venue seule, avec ses proches ou alors des parents seuls, par exemple. Cela permet de rencontrer d’autres personnes passées par des interrogations similaires et de faire disparaître certains fantasmes ou peurs », détaille Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente de l’association.

Avec deux groupes spécifiques, l’un pour personnes trans et proches et l’autre pour les mineurs et parents de mineurs trans, c’est une soixantaine de personnes qui se réunissent chaque mois, poursuit la coprésidente d’OUTrans: « J’ai souvent vu des proches qui venaient parfois deux à trois semaines après le coming out de la personne trans. Il y a des gens régulièrement qui arrivent en pleurs, qui ont du mal à parler, et très fréquemment, ces personnes terminent le groupe avec un grand sourire. On voit les gens changer en trois heures. Entendre les témoignages de personnes trans qui sont semblables à ce que vit son enfant permet de réaliser que ce n’est pas juste une lubie ou un endoctrinement. Ça change le point de vue, l’entendre d’autres bouches, c’est très important, ça montre une cohérence. »

C’est également la démarche qu’a réalisée Susan, après le coming out de son enfant, en se rendant auprès de l’association Contact. Aujourd’hui, elle est bénévole et intervient en milieu scolaire ainsi que lors de cercle de paroles. « On a vraiment beaucoup de demandes » relate-t-elle : « Il y a des personnes qui viennent, mais qui n’y comprennent rien et qui en ressortent chamboulées. J’ai assisté à des échanges notamment avec une jeune fille trans et son papa qui ne voulait pas venir, mais qui a pleuré à la fin. »

À lire aussi : Transidentité à l’école : des progrès restent à faire pour protéger élèves et enseignants trans

Devenir un vrai soutien de son enfant trans en tant que parent

Cette démarche de se rendre dans une association permet aux parents non seulement de mieux appréhender la transition de leur enfant, mais aussi de pouvoir devenir un vrai soutien face au reste de la famille ou au milieu scolaire. Pour Thomas, père d’un garçon trans de douze ans, le coming out de son fils n’a pas été un événement en soit, mais il était plutôt étonné de la précision de son discours : « Lorsqu’il nous a fait son coming out, on a découvert après qu’il était allé sur des sites, qu’il avait eu des discussions sur des forums pour s’informer. Il avait un discours hyper structuré, avec un vocabulaire super précis. »

La scolarité au collège se passe sans accroc pour le moment, avec un personnel éducatif compréhensif, qui a changé son prénom sur les listes et le genre au masculin. « À part bien le genrer, l’appeler par son nouveau prénom, discuter dès qu’il en a besoin et ne pas passer ses binders au sèche-linge, il n’y a finalement pas besoin d’en faire plus », explique ce père. Autant d’aménagements qui semblent anodins mais qui sont pourtant essentiels au bien-être de son enfant.

C’est cette simplicité et bienveillance dans les démarches que veut également appuyer OUTrans dans ses groupes de parole. « Quand on pense aux associations LGBT+ on a l’image de l’association repliée sur soi-même avec un discours très pointu. Au final, les parents sont étonnés d’accéder à un discours très simple et très bienveillant. On accueille la parole de tous, on ne va pas bloquer si quelqu’un dit un truc problématique, on ne coupe pas, on explique après calmement », expose la coprésidente, Anaïs Perrin-Prevelle. Et effectivement, avec de la bienveillance, de l’écoute et de la discussion, tout peut très bien se passer.


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