— Article initialement publié le 27 janvier 2017
Depuis que le site d’Admission Post-Bac est accessible, une vaste fumée noire a envahi les plafonds des salles de classe. La cause : les lycéen•nes réfléchissent beaucoup à ce casse-tête, et en particulier à la façon dont ils vont parler de leur choix à leurs parents…
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Si pour certain•es, ça s’annonce pépouze, expliquer son choix d’orientation à ses parents n’est pas forcément une sinécure pour tout le monde.
Entre le syndrome de l’imposteur qui menace de pointer le bout de son nez et le fait de devoir affronter ses parents pour parler avenir et travail, c’est potentiellement un sacré morceau qui s’annonce. Alors je te propose un plan de bataille.
Connaître tes forces et tes faiblesses
Pour rallier l’opinion de tes parents à la tienne, il vaut mieux leur proposer un projet cohérent.
Si tu veux faire médecine mais que la vue du sang te fait défaillir, ça risque d’être compliqué, par exemple !
Si tes envies d’orientation peuvent paraître… farfelues, commence peut-être par identifier tes forces et tes faiblesses.
Qu’est-ce que tu aimes ? Dans quoi tu te débrouilles bien ? Qu’est-ce qui te motive ? À l’inverse, qu’est-ce qui t’ennuie ou te rebute ?
Attention, le but n’est pas d’avoir une liste disproportionnée avec plein de défauts et une qualité (ou inversement), mais plutôt de trouver un bon équilibre. N’hésite pas à les mettre à l’écrit si ça peut t’aider à y voir clair, par exemple en faisant deux colonnes.
Puis, fais le tri dans ces envies : tu aimes le théâtre mais tu as trop le trac pour jouer un rôle ? Tu peux plutôt imaginer un futur dans la mise en scène. Tu as envie d’aider les autres durablement, de rendre leurs vies meilleures… as-tu pensé à la politique ?
Bien sûr, il ne s’agit que d’exemples, et je me rends compte que ton projet post-bac est peut-être moins précis ou moins défini que ça. Mais c’est normal ! Tu n’as pas à être sûr•e à 100% de ton projet professionnel, et tu as le temps d’y penser (si, promis tu as le temps) et de trouver ta voie.
Et quand bien même tu te tromperais d’orientation, ce n’est pas immuable, et tu peux toujours changer d’avis en cours de route, y compris en milieu d’année !
Avoir un projet (raccord avec APB ou pas)
Quand on ne sait pas quelle école ou fac choisir, avoir un projet est encore la meilleure des boussoles : ton projet, c’est l’aiguille rouge, le cap que tu veux suivre.
Pas de panique, je ne te demande pas un plan de carrière en 3 étapes sur 10 ans, mais plutôt une idée, même vague, mais réfléchie de la direction que tu veux prendre.
Un cap, c’est une direction générale, pas un itinéraire tout tracé ! Reste à expliquer pourquoi c’est cette direction que tu veux suivre, surtout si l’horizon apparaît un peu bouché…
Pour mener ta barque, il faut savoir prendre le vent… façon de dire que si tu te contentes de dire à tes parents « je fais un truc dans le genre », il est normal qu’ils s’inquiètent pour toi. Donc tu as grosso modo deux situations possibles :
- Tu ne sais pas ce que tu veux exercer comme métier ou dans quel domaine. L’idée est donc de gagner du temps en te laissant l’opportunité d’approfondir certaines matières.
Ce qui expliquerait que tu aies envie d’aller vers une filière plus générale, « qui ne te ferme pas de portes », ou qui au contraire soit nouvelle pour pouvoir découvrir de nouveaux domaines (comme le droit ou la psycho par exemple, des matières très peu voire pas du tout abordées dans les filières générales du bac).
- Tu sais ce que tu veux faire, ou au moins quel domaine qui t’attire. Dans ce cas là, le mieux c’est d’être aussi précis•e que possible et de détailler le parcours (voire les rémunérations, si on pousse le bouchon) qui t’attend pour bien montrer à tes parents que tu y as réfléchi et que tu t’es renseigné•e.
Si tu te diriges vers ta passion, en attendant d’y trouver un métier associé, tu peux montrer à tes parents que tu as déjà commencé à t’investir dans ce domaine.
Toi, qui prends plaisir à alimenter ton compte Instagram, toi, la photographe officielle de vos événements de famille, voilà des moyens de prouver ton implication sérieuse dans une spécialité.
Toi, le ou la comédien•ne en herbe, ton projet sera plus crédible auprès de tes parents si tu passes déjà tes week-ends entre des petits rôles dans les vidéos de tes amis, et les répétitions de textes avec ton club théâtre !
Les aspirant•es journalistes pourront partager leur blog, ou simplement montrer à leurs parents qu’utiliser les réseaux sociaux pour organiser une revue de presse et commenter l’actu au quotidien, ce n’est pas de la procrastination !
Enfin, n’hésite pas à mettre en avant un plan B. Même si tu n’as pas l’intention de le mettre en pratique, avoir une alternative (cohérente et possible, bien sûr) rassurera tes parents, surtout si le métier que tu vises a la réputation d’être précaire, difficile d’accès ou très restrictif.
Par exemple, si tu rêves de devenir comédienne, tu peux t’engager dans une voie qui t’ouvre à d’autres métiers de la scène et/ou du cinéma, selon tes préférences !
Ça te permettra de rester en contact avec ton univers de prédilection, le temps de préciser ton projet professionnel.
Les profs, ces alliés insoupçonnés
Si malgré tous tes efforts, tes parents ne sont toujours pas convaincus, c’est peut-être parce qu’ils refusent de te voir comme un•e adulte, et ne t’accordent pas assez de crédibilité.
Une solution dans ce cas-là, c’est d’aller chercher le secours d’un « vrai adulte » aux yeux de tes parents ; et qui de mieux que tes professeurs pour incarner l’autorité et le savoir ?
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N’oublie pas que
tes profs sont les référents scolaires pour tes parents, ce serait donc dommage de te priver de ces alliés de taille.
Je te conseille donc d’aller trouver un ou plusieurs d’entre eux et de leur demander un coup de main, puis de solliciter un entretien entre tes parents et eux.
Si l’idéal est de t’entretenir avec le prof dont la matière est la plus en adéquation avec ta future filière, ne néglige pas pour autant les autres.
Par exemple, je détestais la géographie (je déteste encore d’ailleurs), mais lors de mon orientation, j’ai demandé à mon prof de m’aider dans mon choix, s’il le pouvait.
Celui-ci a donc bien voulu s’entretenir avec mes parents pour leur dire qu’effectivement, la géographie ce n’était pas ça, mais qu’il me verrait bien dans une fac de littérature, car il pouvait déceler une facilité d’écriture dans mes devoirs. Tout simplement.
De même, si tes parents persistent à croire que tu ferais une excellente chirurgienne, n’hésite pas à solliciter ton prof de SVT pour qu’il leur explique que ce n’est pas parce que tu t’intéresses à la matière que tu as 13 de moyenne, mais parce que tu fais des efforts pour avoir de bonnes notes.
Parce que quoi qu’en pensent tes parents, ce n’est pas pour eux que tu feras des études mais pour toi, et ta vie future…
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Donner à tes parents les ressources pour comprendre
Tu veux une confidence ? C’est pour toi que tu fais (ou non) des études, pas pour tes parents. Oui, même si ce sont eux qui les paient.
Si la simple contemplation de cette idée te fait monter des bouffées d’ingratitude, file lire Comment s’émanciper de ses parents en 8 leçons, c’est le remède qu’il te faut !
Ceci étant dit, il n’est pas nécessaire de monter au conflit, si tes parents ne sont pas convaincus par tes choix d’orientation, c’est peut-être qu’ils n’ont pas suffisamment d’informations sur le sujet pour être rassurés.
À toi de leur donner les clés, afin qu’ils puissent appréhender correctement le milieu ou le corps de métier qui t’intéresse.
Pour ce faire, être aussi explicite que possible est un premier pas (par exemple en citant des débouchés, le nombre d’années d’études…).
S’il s’agit d’une filière, plutôt que d’un métier précis, là encore la pédagogie est de mise. Dis-toi que plus tes parents sauront de quoi il retourne, plus tu auras de chances de les convaincre que tu t’es bien documenté•e et qu’en quelque sorte tu sais ce que tu fais.
Autre possibilité : visiter un salon étudiant avec eux. Les salons sont parent-friendly, car ils sont peuplés d’adultes et de jeunes élèves passionnés ou qui réussissent dans leurs études, ils sont donc une bonne carte de visite.
Une fois bien informés sur le sujet, ils seront plus enclins à te faire confiance et à te suivre dans tes choix d’études, que ce soit pour APB ou même plus tard.
Finalement, si vraiment tes parents ne veulent rien entendre, rappelle-toi qu’il s’agit de ta vie, c’est donc à toi de choisir, et à personne d’autre, quitte à ce que tes parents ne soient pas d’accord avec toi…
Le pire n’est pas de les décevoir : ce serait de te décevoir toi-même, et d’avancer dans la vie en nourrissant des regrets. Si tu crois en tes choix, assume-les !
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Les Commentaires
Je me voyais vaguement aller en fac d'anglais à la fin de la terminale. J'étais bonne élève et je ne savais pas trop comment continuer à faire du théâtre. Et pis mon papa m'a proposé une prépa littéraire avec des cours de théâtre intégrés dans l'emploi du temps.
J'étais sceptique. On a fait pas mal de portes ouvertes (dont une ou j'avais la crève, l'agonie complète).
Et finalement c'était une bien bonne idée.
Je suis arrivée au lycée Lakanal. Même matières qu'au lycée mais version fac. Le rythme était soutenu, mais les profs tops et les camarades trop tout. J'ai gardé de très bons amis de ces deux années. En plus des colles, des devoirs, on avait quatre heures de théâtre tous les vendredis aprèm. On a monté deux pièces, on est partis en Italie, on a fait des stages. Notre prof était extra.
Et pis à la fin de ces deux ans, je suis partie en fac de théâtre à Paris. J'ai changé à la dernière minute, je voulais aller en lettres et une amie m'a donné ce conseil: "Mais Clo, le théâtre c'est ce qui te passionne!" (C'était la punchline de ce pavé).
Année de fac décevante par rapport à la prépa, on est moins stimulés et plus spécialisés mais j'ai appris plein de choses et rencontré de belles personnes. Et je n'ai plus voulu être comédienne. Mais j'ai voulu continuer dans le théâtre et la culture, parce que c'est ce qui me passionne. Je suis actuellement dans une école de production culturelle, je suis en stage dans un théâtre en Seine Saint Denis et ça me plait.
Et comme ça me plaît et que je sais enfin comment je vois ma vie, j'ai décidé l'année prochaine de prendre une année à césure pour faire du théâtre. Je ne veux pas être intermittente, ni actrice, ni rien, je veux juste faire du théâtre et vivre ma passion à fond tant que je suis jeune (c'est mémé qui cause). Je me donne un an pour monter mon spectacle et lancer ma compagnie, je finis mes études et je fais du théâtre, de manière générale.
Donc c'est pas grave de ne pas savoir et vous avez le droit de vous tromper (Mon copain en est à sa troisieme première année, après GEA et arts du spectacle, cette fois c'est la bonne).
Allez-y à fond !
Deso pour le pavé.