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Mes parents ont choisi mes études (et c’était pas une bonne idée)

Sophie a dû faire des études dans « la tradition de l’excellence » pour ses parents… et ça l’a rendue franchement malheureuse. Elle témoigne aujourd’hui pour insister sur l’importance de faire ses propres choix.

Depuis notre plus jeune âge, mes parents nous ont élevé•es, mes frères, mes sœurs et moi, dans « la tradition de l’excellence ». Toute notre vie, ils nous ont formaté•es et préparé•es à une carrière prestigieuse.

Mon père rêvait que mon frère intègre Polytechnique. Il dit encore à ses collègues que sa fille va devenir normalienne et que la plus jeune finira magistrate. La plus grande hantise de ma mère lorsque nous étions enfants était ainsi que l’un•e de nous soit dyslexique.

Nos performances scolaires étaient une priorité

Nous n’avions pas le droit de sortir en soirée, d’avoir un petit ami, de regarder la télé en français… d’être comme tous les adolescent•es de notre âge, en fin de compte. L’école était une priorité. J’ai dû faire une croix sur la danse en raison de l’investissement personnel trop grand que cela demandait, qui risquait d’affecter ma performance scolaire.

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Un parcours tracé par les adultes

« Tu feras khâgne-hypokhâgne, ma fille ! », a commencé à me dire ma mère lorsque j’ai eu 12 ans. Je n’étais de toute façon « pas faite pour la fac » à ses yeux, il fallait que je sois « tenue et encadrée ». Cela m’a encouragée à complètement délaisser les matières scientifiques, dans lesquelles je n’étais pourtant pas si mauvaise.

« Tu feras khâgne-hypokhâgne, ma fille ! »

Après une seconde générale et des notes catastrophiques en sciences, je suis allée en L et ai décroché mon bac deux ans plus tard avec une mention très bien. Aux yeux de tous, de mes professeurs et mes parents, mon parcours était tout tracé : je devais me diriger en classe préparatoire.

J’ai donc déménagé seule à 17 ans dans une grande ville pour intégrer l’une des meilleures prépas de province.

Formation « élitiste »… et grande déprime

Ça a été pour moi le début de la fin. Je voulais devenir interprète et ne rêvais que d’une chose : faire des études à l’étranger et retourner dans le système anglophone, dans lequel j’avais été de passage quelques années. À la place, on ne m’a pas laissé le choix et je suis entrée en classe préparatoire, une formation « élitiste » et d’excellence, pour faire plaisir à mes parents.

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Ces années ont été extrêmement dures pour moi. Académiquement ma prestation était honorable, j’étais bien classée — mais j’étais extrêmement malheureuse. La première année, j’ai manqué un mois de cours en raison de troubles alimentaires et de crises d’anxiété aiguës. Mes parents, malgré mon état, m’ont forcée à faire une seconde année, sous peine de ne plus financer mes études.

Réaliser le rêve de ses parents au lieu du sien

Après une seconde année tout aussi pénible, j’ai repris ma vie en main en m’inscrivant dans une université anglaise en L1. J’ai été acceptée dans l’une des meilleures écoles du pays, un véritable rêve !

Je sortais enfin de l’impasse.

Je réalise le rêve de mes parents, pas le mien

Mais quand l’annonce d’une sous-admissibilité au concours est tombée, mes parents ont été catégoriques : c’était une khûbe (troisième année) pour décrocher le concours ou rien. Après des mois de résistance, j’ai finalement cédé, encore une fois.

Je suis en train de finir ma troisième année à l’heure actuelle mais je ne suis toujours pas épanouie : je réalise le rêve de mes parents, pas le mien.

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J’ai appris une leçon fondamentale

Vous ne serez jamais heureuses tant que vous ne ferez pas vos propres choix

Je sais que l’obstination de mes parents est, à leurs yeux, un geste d’amour, mais si j’écris ces quelques lignes, c’est pour encourager toutes les madmoiZelles à se battre pour ce qu’elles veulent faire dans la vie. Vous ne serez jamais heureu•x•ses tant que vous ne ferez pas vos propres choix.

Toute ma vie, j’ai couru après les notes, les mentions, les écoles ou encore telle ou telle formation prestigieuse pour exister aux yeux de mes parents et, à travers les épreuves, j’ai appris quelque chose de fondamental : ce qui compte le plus, c’est votre bonheur et de vous sentir bien dans votre peau et dans ce que vous faites.

Vous n’avez qu’une seule vie, alors prenez en soin et vivez-la bien. Les moments qui compteront le plus ce seront les fous rires avec votre copine dans un café, pas le fait d’être major dans une matière.

Ce seront les nuits blanches à danser le rock, vos voyages en Europe, toutes les expériences bonnes et mauvaises que la vie vous donnera. C’est tout cela qui fera de vous la personne que vous deviendrez, et non un diplôme ou l’approbation de votre famille.

À lire aussi : Parents et scolarité — Les madmoiZelles témoignent

Changement de priorité et émancipation

J’ai décidé de finir ma prépa et de faire un pas de foi. Je déménage aux Pays-Bas l’an prochain et me réoriente en commerce. Mes priorités vont changer, je vais faire une remise à niveau en maths et donner une chance à une histoire d’amour qui a commencé à l’autre bout du monde. Une folie pour mes parents, une erreur de parcours… Mais pour moi, ce sera le début du bonheur.

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En ce qui concerne les finances pour l’année prochaine, je vais donc sans doute devoir payer une partie de mes études ; j’envisage de trouver un job là-bas, parce que je ne souhaite rien lâcher et me donner les moyens de partir quoi qu’il advienne.

La désapprobation de mes parents me fait bien sûr de la peine : je ne me sens pas soutenue, et mes proches font plus souvent figure d’adversaires que d’alliés. J’ai toujours donné la priorité à ma famille jusqu’à maintenant, je ne voulais pas être en mauvais termes avec eux parce que je sais que la vie est trop courte pour se passer de son entourage.

Ils peuvent désapprouver, mais ils doivent respecter mes choix

Cependant, je pense qu’il faut aussi avoir conscience que c’est notre vie et que nos choix vont être déterminants par la suite. Ils ont le droit de désapprouver mais je leur demande de respecter mes décisions. Je leur ai ainsi franchement avoué que je n’aimais pas mes études et continuais pour leur faire plaisir.

Ils ont du mal à l’accepter, mais c’est un début de dialogue. Je sais qu’ils m’aiment vraiment, alors je pense qu’un jour ils parviendront à accepter mes choix et mes envies. Pour moi, l’important c’est d’en parler et d’avoir le courage de prendre un nouveau départ.

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Les Commentaires

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Avatar de Tiael
7 juillet 2019 à 12h07
Tiael
@Sommaii euh.... what ??? Ok, les crédits c'est une sacrée pression, mais si tu fais une dépression c'est pas mieux. Après, si tu peux éviter le chômage c'est mieux, certes, mais si tu peux te réorienter, à mon sens n'hésite pas. Rien ne t'empêche de chercher un autre boulot tout en continuant ce si dur métier de prof (bien trop sous-estimé). Et cet argument de merde sur l'immaturité... Si tu les écoutes à 50 piges tu seras encore trop immature pour savoir ce qui est bon pour toi, mais EUX ils savent parce qu'ils savent tout mieux que tout le monde.

@shirahane Un parcours "chaotique" n'est pas une mauvaise chose, il faut juste savoir le valoriser : multiplier les expériences, ça a développé tes capacités d'adaptation, ton ouverture d'esprit, du coup t'es polyvalente et surtout, ça t'a permis d'être sûre maintenant que ta voie c'est CA et c'est pour ça que tu es parfaite pour le job
J'ai eu un texte comme ça à présenter pour l'oral de mon concours, sur les détours, et c'est en gros l'idée que j'ai développé : ce n'est pas du temps perdu, c'est du temps gagné parce que ces expériences ont formé la personnalité que tu as maintenant, et ça t'a FORCEMENT appris des trucs (ne serait-ce que le fait que justement, tel domaine c'est pas ton truc ^^). Le tout c'est une manière de présenter les choses

De mon côté, mes parents m'ont toujours soutenu dans mes choix d'orientation, le seul "impératif" que j'avais c'était de bosser pour réussir dans ce que j'avais choisi, ou en tous cas de faire de mon mieux. Et si je voulais arrêter l'école pas de souci, par contre c'est pas pour glander sur le canapé ^^ Mon père a arrêté l'école tôt, pour lui soit on bossait à l'école soit on bossait dans une boite Et on a eu beaucoup de chance avec ma soeur, ils ont financé nos études (et le loyer, la bouffe, ...) et ont toujours fait en sorte qu'on n'ait pas à s'inquiéter de ça.
Par contre, c'est de ma tante que j'ai eu les remarques assassines parce qu'un bac L c'est pas assez bien, "t'as les capacités", "qui peut le plus peut le moins", gnagnagna (putain je m'en rappelle encore et j'entends encore son ton méprisant quoi), puis plus tard quand je suis allée en fac de lettres et pas en prépa... Alors que bordel c'était les plus belles années de ma vie sur le plan scolaire quoi, j'ai kiffé ce que j'apprenais comme jamais !
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