À la maternité, vos interrogations pourraient remplir un parchemin. Ça tombe bien, une auxiliaire de puériculture entre dans votre chambre. Votre bébé a pleuré toute la nuit. Pour apaiser son besoin de succion constant, elle vous invite à lui proposer la tétine (aka sucette, tutute…). Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le lendemain, après une meilleure nuit, c’est une de ses collègues qui s’occupe de vous. Et elle ne semble pas tout à fait d’accord : « Ça peut retarder la montée de lait ! Ou pire, entraîner un problème de succion ! Et puis après, il ne saura plus s’en passer ! » Ok, elle a gagné, vous imaginez déjà chouquette ne plus se nourrir ou avoir encore sa tétine au collège. Vous jetez immédiatement l’objet de la discorde. Mais comment se fait-il que les soignants n’aient parfois pas le même discours ?
Nos connaissances médicales évoluent sans cesse
Raison n°1 : On dit que la moitié des connaissances médicales sont obsolètes en moins d’une décennie. C’est fou non ? Des recommandations de bonne pratique basées sur la recherche scientifique récente sont publiées très régulièrement à l’attention des professionnels de santé.
Mais elles se renouvellent sans cesse. Vous ne recevez donc pas forcément les mêmes conseils que pour votre premier enfant, et c’est normal ! Est-ce qu’une recommandation plus ancienne que la toute dernière est « périmée » ? Pas forcément. Elles évoluent à travers le temps, renforcées de précisions, d’améliorations, et parfois de corrections, à la lumière de ce que l’on sait à l’instant T.
Petit exemple : il y a une dizaine d’années, pour les soins du cordon d’un nouveau-né, on utilisait de l’éosine (le liquide rouge qui tache tout sur son passage). Ça permettait de nettoyer, et d’assécher. La génération de parents actuelle s’est probablement faite tartiner le nombril en rouge étant bébé et s’en porte très bien. On a ensuite switché pour la chlorhexidine (biseptine) et ses propriétés antiseptiques. Depuis peu, on convient que l’eau et le savon sont largement suffisants.
Votre bébé aussi évolue vite, très vite
Raison n°2 : Ce qu’on vous a conseillé quelques jours plus tôt à la maternité n’est plus forcément d’actualité lorsque vous rentrez à la maison. Votre bébé, son anatomie, son fonctionnement, ses compétences, ne sont déjà plus les mêmes. Si on vous préconise de ne pas dépasser 30 ml de lait pour les biberons le 2ᵉ jour, faut-il encore appliquer ce conseil 8 jours après, sachant que son estomac grossit à vue d’œil ? Bien sûr que non, de la même façon que vous ne lui mettriez plus son body taille naissance si les pressions manquaient de sauter à chaque mouvement !
Il y a mille bonnes façons de faire
Raison n°3 : Les céréales avant le lait, ou le lait avant les céréales ? Demandez autour de vous, chacun a sa propre réponse, plus ou moins argumentée, mais pas sûre que vous récoltiez toujours la même. Personne n’est raccord, mais tout le monde a raison. Il n’y a pas de vérité générale à propos de « comment bien préparer son bol de céréales » parce qu’au fond, on s’en tamponne le coquillard. Tout comme il n’y en a pas pour « comment mettre les pressions dans le dos d’un nouveau-né ». Certains l’installent sur le ventre, d’autres sur le côté, d’autres encore le portent à la verticale contre eux. Tous les moyens sont bons tant qu’à la fin votre bébé porte son body fermé non ?
6 étapes pour s’en sortir
- ANTICIPER : Entourez-vous d’une sage-femme pour faire de la préparation à la naissance et à la parentalité en amont. Cette démarche peut vraiment vous rassurer et vous offrir un espace de questionnement personnalisé. Une consultante en lactation certifiée peut aussi être consultée en anténatal si vous avez le projet d’allaiter.
- OSER POSER DES QUESTIONS PRÉCISES : Demandez à ce qu’on vous explique tous les tenants et aboutissants : il sera beaucoup plus facile d’appliquer un conseil si vous l’avez compris. Red flag si un professionnel s’agace et ne sait pas argumenter son avis bien tranché.
- SE RENSEIGNER DE SON CÔTÉ : Mais correctement hein, pas sur un obscur forum de parentalité ou de santé. Les recommandations de la Haute Autorité de Santé et autres consensus d’experts sont consultables en ligne. En cas de très gros dilemme, ça peut toujours servir. Et puis en prime : brandir l’étude qui démontre que porter un bébé ne le rend pas plus dépendant, bien au contraire, ça peut fermer des clapets.
- RELATIVISER : C’est naturel de se questionner face à l’immensité de l’inconnu. Le fait de vous poser des questions est déjà signe que vous faites au mieux.
- S’ADAPTER : L’essentiel, c’est la flexibilité et l’adaptation. Rien ne se passera comme prévu. Si une astuce fonctionne, tant mieux, sinon, tant pis. Ça ne vous coute rien d’essayer. Quelque chose qui fonctionne aujourd’hui ne fonctionnera peut-être plus demain. Et ce n’est pas grave ! Vous trouverez une autre solution.
- SE FAIRE CONFIANCE : N’hésitez pas à vous écouter, et à écouter votre bébé. Je ne parle pas d’instinct maternel, je parle de ce que vous observez 24h/24 à son contact. Vous seriez surprise de ce qu’il sait déjà faire comprendre. Et puis, puisqu’il y a mille façons de faire, pourquoi ne pas suivre celle qui vous parle ?
Des conseils essentiels à garder
Dans toute cette jungle de conseils, certains sont précieux ; ce sont souvent ceux qui se trouvent dans le carnet de santé de votre bébé. On sait que vous avez autre chose à faire que la lecture, mais ils ont le mérite d’être plutôt bien répertoriés. Par exemple, aujourd’hui, on vous invitera toujours à coucher votre bébé sur le dos pour sa sécurité. Le plus important, c’est de ne rien faire qui puisse le mettre en danger. Le reste, c’est du détail. Pour ce qui compte vraiment, les professionnels de santé sauront souvent s’accorder.
À lire aussi : Voici ce que contient la valise de maternité idéale d’après une sage-femme
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Alors, c'est sûr, pour la sécurité et la santé, ça ne suffit pas, et il faut toujours croiser plusieurs témoignages d'une même chose pour avoir un recul sur la situation, mais il n'empêche, que c'est à ces endroits (et dans la vraie vie si les gens discutent sincèrement, ce dont je doute dans pas mal de situations) que l'on apprend à remettre sa propre parentalité en perspective. Si on se cantonne aux informations quasi institutionnelles, et si son bébé se met à dormir sur le ventre de lui même à 1 mois, vous êtes prêts pour ne pas dormir pendant des semaines d'angoisse. Alors que, si vous savez que c'est arrivé à d'autres, vous serez plus à même de le vivre sans paniquer.
(et ce n'est pas parce que certains forums sont réputés pour être anxiogènes ou parce que les parents s'expriment mal ou que sais-je que dans l'absolu, ils sont à bannir. Comme pour tout dans la vie, il faut juste croiser les infos et remettre en perspective).
Perso, j'ai eu une phase avant d'avoir des enfants où je remontais le forum de discussion grossesse/bébé sur Madz (en mode lecture) et je trouve que ça apprend beaucoup.