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Vie quotidienne

Par pitié, ne m’offrez plus de cadeaux à Noël

La pratique implique trop d’emballages, trop de plastique, trop de centres commerciaux… Pour son bien, et pour le vôtre, cette lectrice a décidé d’avoir cette conversation difficile : elle voudrait qu’on arrête de lui offrir des cadeaux à Noël.

Il y a différents types de signes que la société commence à vous percevoir comme un véritable adulte. Parfois, des gens de l’âge que vous avez encore dans votre tête (22 ans et demi) vous vouvoient dans un fumoir de boîte de nuit, vous recevez quatre faire-part de mariage et trois de naissance en une semaine. Dans mon expérience toutefois, l’indicateur le plus efficace pour savoir si vous avez passé la barrière de l’âge adulte, c’est la panique de Noël.

Que les choses soient claires : recevoir des cadeaux de Noël est un privilège, particulièrement en cette période où l’inflation fait grimper les prix plus vite que les salaires. Mais si j’écris ces lignes, ce n’est pas tant par ingratitude que par amour : s’il vous plaît, pour les prochaines années, ne me faites pas de cadeaux de Noël.

La panique de fin d’année, ce rituel

Enfant, j’attendais Noël avec impatience pour retrouver toute la famille, dîner à la bougie, et surtout, pour les cadeaux à déballer au matin. En grandissant, j’ai appris à apprécier aussi les six heures à table, le soin particulier qu’on peut mettre dans la préparation du repas, et la joie d’offrir des cadeaux choisis avec soin aux membres de sa famille.

Mais voilà, j’ai 30 ans, et après 10 ans dans la team des offreurs ou des offreuses de cadeaux, il faut que je le dise : je n’en peux plus.

Tous les ans, dès le 1ᵉʳ novembre, on nous ressasse que Noël approche et qu’il est temps de penser aux cadeaux. Moi, le 1ᵉʳ novembre, je suis en train de combler le découvert que m’ont causé mes vacances d’été et je me dis que j’ai encore le temps.

Ensuite, je cligne des yeux et on est le 10 décembre. À partir de là, c’est le chaos. Chaque week-end, des messages et coups de fil en continu m’assaillent pour savoir où je serai le 24, le 25, le 26, où sera mon copain, si nous serons ensemble. On m’appelle pour me demander s’il préfèrerait un pull bleu ou un pull vert, si je viens en train ou en voiture, et surtout, ce qui me ferait plaisir. Et à chaque appel, croyez-moi, mes interlocuteurs et interlocutrices sont loin de respirer la magie et la joie de Noël : elles ont plutôt l’air au bord du nervous breakdown.

Ne m’offrez pas d’objets (j’habite dans une cage à poule)

On rêve toujours d’offrir des cadeaux personnalisés, spéciaux et plein d’attention à chacun de ses proches. Dans la pratique, entre le secret santa du boulot, le repas de Noël des potes et la flemme des jours si courts à cette période de l’année, les gens de mon entourage finissent toujours dans des centres commerciaux bondés, le week-end d’avant Noël, à écumer les FNAC et les UNIQLO à la recherche d’une babiole qui fera plaisir.

Est-ce que c’est normal ? Bien sûr, c’est la chose la plus pratique à faire quand on a une après-midi pour trouver 30 cadeaux à répartir sur quatre générations. Est-ce que le pull H&M qu’on va m’offrir correspond à mes valeurs, moi qui évite les centres commerciaux, la fast-fashion et les marques soupçonnées d’exploiter le peuple ouïghour ? Un peu moins. Et, même si j’apprécie le geste, il faut bien se le dire : après dix ans à recevoir des « cadeaux d’adulte », je n’aurai plus jamais besoin ni d’écharpe ou de bonnet de ma vie.

Surtout (cela peut sembler étrange aux générations qui m’ont précédée), malgré mon âge canonique, j’habite dans une cage à poules que je loue pour près de la moitié de mon salaire. La faute à un marché immobilier saturé et non règlementé dans le seul coin de France où je peux trouver un boulot qui correspond peu ou prou à mes études.

Mes parents n’ayant pas eu le bon goût d’avoir assez de patrimoine pour me faire une rondelette avance sur héritage, autant vous dire que j’ai pris goût au minimalisme mobilier : dans le deux pièces où j’habite, chaque objet doit être petit et fonctionnel. Aucune chose ne peut me faire plaisir si elle vient encombrer mon petit espace de vie, d’autant plus que je ne peux ni la vendre, ni la donner pour cause de culpabilité. À ce stade, j’ai deux tiroirs consacrés uniquement aux cadeaux de Noël vestimentaires et il m’est physiquement impossible d’y ajouter un centimètre cube supplémentaire. Ne me forcez pas à la reconversion professionnelle pour pouvoir stocker des chaussettes à motifs, s’il vous plaît.

Ne vous prenez pas la tête avec l’argent

Alors certes, il n’y a pas que des cadeaux matériels dans la vie. Certaines proches ont bien compris mes appels à l’aide (maman, désolée d’avoir hurlé « SURTOUT PAS » quand tu m’as montré une machine à café à dosettes de trois mètres cube) et se sont mis à m’offrir des cadeaux immatériels. Un e-book, une place pour une pièce de théâtre sont autant d’attentions précieuses qui ne se déballent pas sous le sapin.

Mais je ne vous apprendrai rien en disant que le réveillon n’est pas seulement une source de stress logistique, et qu’il peut aussi être une source de stress financier. Pour avoir été dans la position de la cousine au chômage qui se pointe à la fête en famille sans cadeaux, je peux vous dire qu’elle n’a rien d’agréable : j’avais terminé la soirée avec une boule au ventre difficile à gérer. Vous me rétorquerez, à raison, que les cadeaux n’ont pas forcément à être coûteux : on peut aussi offrir des choses faites maison ou upcyclées. Mais faire des cadeaux à la main pour une dizaine de personnes à Noël, ça réclame un temps, une énergie et des matières premières que beaucoup de personnes précaires n’ont pas. Alors, annulons tout : ne m’offrez rien !

Je ne veux pas vous coûter de la charge mentale

Après une décennie à pratiquer les fêtes de fin d’année en adulte, j’ai bien compris une chose : Noël, et particulièrement les cadeaux, survivent grâce à la charge mentale déjà immense que portent les femmes. Quel que soit le cadeau qu’un homme vous offre, ne soyez pas dupe : il a été probablement choisi, acheté, voire emballé par sa mère, sa meuf ou sa coloc’.

Alors, à toutes celles qui veulent me faire plaisir à Noël, prenez les 30 à 40 minutes que vous auriez passées à vous demander si j’ai besoin d’un tour de cou en polaire (non), ou à vous creuser la tête sur mes goûts en littérature, et gardez-les pour vous. Faites une sieste, buvez un thé, ou envoyez bouler votre mec/frère/boss qui vous demande quoi offrir à sa propre mère : c’est ça, l’esprit de Noël que je nous souhaite pour 2023.

À lire aussi : On vous raconte nos meilleurs cadeaux de Noël histoire de vous donner de l’inspi

Crédit photo de Une : Clint Patterson

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Les Commentaires

25
Avatar de Marre des
2 janvier 2023 à 14h01
Marre des
@Lizni on l'a fait l'année dernière, c'était cool au départ... Déjà il y a eu ceux qui disent "je participe" et n'ont pas joué le jeu...
Et j'ai reçu de la part d'une collègue (car rien n'est resté secret) une bougie père Noël sous cloche... La personne savait que je déteste Noël (je ne fais jamais de déco chez moi, je fête de temps en temps Noël en famille en fonction de...je suis païenne) donc j'étais bien déçue par rapport à d'autres qui ont reçu plaid, chocolat, bijoux...
J'ai gardé la bougie, j'hésite à l'offrir à qqn qui adore Noël, ou l'utiliser si coupure d'électricité... Mais à la rigueur j'aurais préféré des bougies chauffe plat ou un bougeoir
En tout cas cette année je suis tellement déçu de plein de personnes... J'ai l'impression que personne ne me connaît (alors que je ne suis pas difficile... Pour pas cher tu prends de l'encens, des chocolats même des kinder, une bière ou un livre surtout d'occasion que je privilégie...) mais bon, j'avale beaucoup et me dit pourquoi faire des efforts pour ces personnes ?
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