Publié initialement le 3 avril 2013
J’ai eu envie de vous parler de Pâques. Non pas qu’il s’agisse d’une fête très importante en Suède ou qu’elle soit si différente de la version française* mais c’est pour moi l’occasion de vous parler des festivités suédoises en général.
*Ne soyez pas déçu-e-s, il y a quand même quelques funny facts juste après.
Pâques, c’est jour de fête, mais pourquoi ?
Quand je demande à des Suédois-es de m’expliquer l’origine d’une fête ou le pourquoi du comment de telle ou telle tradition, ils/elles sont en général bien embêté-e-s : soit j’obtiens une foule de réponses différentes, soit pas de réponse du tout ! Le charme des festivités suédoises est qu’elles évoluent sans cesse. Il y a souvent un fondement religieux comme chez nous mais pas seulement. J’ai le sentiment que les Suédois-es ont perpétué bien plus de traditions païennes dont l’origine se perd dans les nuits des temps. Qu’il s’agisse de Noël, du 1er mai ou de la Nuit de la St Jean, des jours de fêtes que nous célébrons aussi, leurs versions suédoises ont un point commun : elles entretiennent un lien très fort avec la nature, ses forces mystérieuses voire magiques (bénéfiques ou maléfiques) et le cycle des saisons. Bien souvent j’entends « c’est pour fêter l’hiver/la neige/la forêt/ le printemps/ le jour le plus long » etc. Par exemple Noël c’est la fête de la Nativité certes mais c’est aussi la célébration de Sainte Lucie, sainte de la lumière qui fait cruellement défaut au cœur de l’hiver. C’est encore une fête teintée de paganisme qu’on aime passer à la campagne pour profiter de belles balades en forêt sous la neige.
Bref, les fêtes suédoises sont bien souvent laïcisées, customisées et chacun peut y trouver son compte. On mélange l’ancien et le nouveau, le folklore local et les racines venues de l’extérieur. Difficile de démêler tout ça par la suite.
Pâques ne fait pas exception à la règle : c’est donc un mélange de plein de choses. La fête chrétienne, certes, mais les Suédois-es préfèrent la fêter à la maison plutôt qu’à l’église. Après tout c’est la première occasion de se retrouver en famille après avoir passé l’hiver barricadé chez soi. À Pâques la neige fond, les jours s’allongent et les premiers barbecues de l’année ont lieu (avec des moufles, certes, mais barbecue quand même). Bref, Pâques en Suède c’est unique, coloré, ça annonce le retour du printemps et ça fait du bien.
Pâques en Suède, ça change quoi ?
J’ai fait un petit comparatif France-Suède notamment en interrogeant mes colocs. Côté œufs : c’est la première chose à laquelle on associe Pâques tout comme chez nous. Mais la tradition des œufs peints est un peu plus présente en Suède. Disons que même si les enfants français décorent encore quelques œufs à l’école ou à la maison, la plupart sont en chocolat. En Suède les vitrines sont richement décorées d’œufs plutôt gros et qui ne sont pas seulement couverts de motifs graphiques. Parfois c’est toute une histoire qui est peinte dessus ! Ça ne m’étonne pas vraiment. J’ai déjà eu l’occasion de constater l’importance donnée à l’artisanat en Suède et au travail du bois en particulier.
Des oeufs de Pâques décorés (påskägg en V.O.)
Insolite :
les Suédois-es ont une sorcière de Pâques. Les enfants (filles et garçons… mais quand même majoritairement les filles) se déguisent en sorcières et vont frapper aux portes en quémandant des bonbons. Ça vous rappelle Halloween ? Quand je vous disais que les Suédois-es mélangeaient un peu tout ! Les sorcières sont souvent représentées avec des cafetières accrochées à leur balai… « Café + bonbons » : c’est bon, on a le combo gagnant pour une tradition suédoise réussie !
Le lapin de Pâques, mes colocs le connaissaient, ils ont le même. En revanche les cloches volantes qui apportent les œufs ça les a beaucoup fait rire (et ce n’est pas une mince affaire de faire rire un Suédois). Ils étaient franchement surpris qu’il n’y ait pas une histoire magique derrière. « Non mais attends, des cloches qui volent… y a forcément un enchantement ou une légende qui va avec… Pas de sorcière, t’es sûre ? ».
En Suède, Pâques est bariolée mais a une couleur dominante : le jaune ! Tout comme le rouge est la couleur de Noël. Après l’hiver, ça fait mal aux yeux mais je crois que c’est le but. Et comme Mère Nature fait bien les choses , les jonquilles commencent à pointer le bout de leur nez à cette période et on en vend dans tout le pays.
Je termine avec ce que j’ai trouvé de plus ravissant dans cette Pâques suédoise et que j’appelle les brindilles-à-plume. Ce sont des branches de bouleau ornées de plumes multicolores vendues par les fleuristes sur les marchés. À l’origine de cette tradition, il y a probablement un peu de la flagellation chrétienne symbolisant la souffrance du Christ mais aussi l’habitude suédoise de se flageller avec des branches de bouleau en sortant du sauna. Rassurez-vous, aujourd’hui leur but est purement décoratif !
Les brindilles à plumes, ou påskris
C’est aussi ce que j’aime dans le fait de ne pas être partie à l’autre bout de la planète. Pas de gros choc culturel mais plein de nouvelles interprétations et de petites adaptations locales qui me permettent de redécouvrir ce que je pensais connaître. Joyeuses Pâques (un peu en retard) à tous-tes !
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