Mon papa à moi, il est femme de ménage.
Tout au long de mon enfance j’ai eu le droit aux railleries de mes petits camarades, lui qui travaillait en blouse rose dans le collège ou j’étudiais. Je pensais qu’avec le temps il n’y aurait plus de sourires en coin ou d’incrédulité chez les gens lorsque je leur dirais le métier de mon père mais je me suis trompée. De ma prof de philo de terminale (les femmes de ménage étant sa cible préférée) à mes petits camarades en droit, chacun y allait de son petit commentaire déplacé. Et il y a peu, j’ai vu le film Mon père est femme de ménage, pensant y retrouver des scènes familières. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Rien ne m’a paru plus éloigné de ma famille, et de la réalité, que ce à quoi j’ai assisté.
L’histoire de mon père
Pour beaucoup, si mon père est femme de ménage c’est qu’il est bête, paresseux, qu’il boit de la bière devant le foot et ne sait même pas écrire. Trop souvent blessée je n’ai jamais pris la peine de leur raconter son histoire. Mon père a perdu sa maman lorsqu’il avait six ans. Délaissé par un père qui a voulu refonder une famille sans lui, il à été élevé par sa grand-mère. Triste et mal dans sa peau, il s’est réfugié dans les livres, arrêtant d’écouter à l’école. Ce fut cet acte de rébellion qui lui couta une brillante scolarité, à entendre ses anciens professeurs.
Dès l’âge de seize ans, il se mit a travailler sans relâche. Il accumulait les petits boulots et rencontra ma mère, qui était en train de passer le concours pour devenir professeur. Dès que je suis née il a arrêté de travailler et s’est fait embaucher comme femme de ménage. C’est un sacrifice qu’il a fait pour avoir du temps pour nous construire une maison, s’occuper de mon petit frère et moi, nous emmener au théâtre, au cinéma ou encore acheter un camping car pour que nous puissions sillonner la France. Oui, mon père est femme de ménage,
mais c’est un choix qu’il a fait, plutôt un sacrifice, pour que mon frère et moi ne manquions de rien.
Au-delà des clichés
J’ai toujours eu du mal a parler du métier de mon père, notamment à mon copain dont le père gagne en un mois ce que le mien gagne en un an. Je suis en droit, et la plupart de mes petits camarades viennent d’un milieu différent du mien. Pourtant mon père n’était pas le genre à se gaver de bière devant la télé à longueur de journée comme le sous-entendaient certaines connaissances. Il nous interdisait de regarder les jeux télévisés, il nous emmenait chaque année au festival d’Avignon et ne jurait que par Arte. Son idole est Daniel Mermet, chroniqueur sur internet et non Cauet.
En ces temps de fête des pères, j’écris cet article pour remercier mon papa d’avoir été pour moi le meilleur papa du monde. Au fil du temps j’ai appris que les préjugés étaient faciles, et qu’on peut parfois vite juger quelqu’un selon son métier, sans avoir eu vent de son histoire.
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