On y est. C’est l’été et tu vois déjà quelques uns de tes amis partir se griller la panse à Hossegor. En ce qui te concerne, tu as décidé d’envoyer ton cv (vide) et ta lettre de motivation (copiée collée du net) à la plupart des entreprises qui t’entourent. Sur une dizaine de candidatures spontanées, tu as reçu une réponse positive et tu t’apprêtes à faire le grand saut dans le monde du travail, jusqu’alors inconnu. Tu ne sais pas trop où ça va te mener et tu aimerais qu’on éclaircisse un peu plus ta situation ? madmoiZelle est là pour toi.
Equipier polyvalent dans un fast-food
En théorie – Tu as sûrement vu la publicité à la télé. Celle qui passe en boucle depuis l’an 1975. Un jeune à jean taille haute raconte à Madame X qu’il travaille dans une grande enseigne de restauration rapide, qu’il a très vite arrêté d’y faire des frites et que, maintenant, il manage les autres. Il est bien traité, bien payé, il se sent bien dans ses pompes. À mon avis, il doit surtout être soulagé de ne plus porter ce filet immonde utilisé pour empêcher ses cheveux coiffés à la Delahousse de s’éparpiller sur les frites, mais là n’est pas la question.
En pratique – De la caisse à la cuisson des steaks, tu devras savoir tout maîtriser très rapidement. Le rythme est effrené car lorsqu’un jeune déboule pour son Big Mac, son estomac n’attend pas. Tu fais partie de ces gens qui soupirent bruyamment dans la caisse en voyant un nouveau appeler un ancien pour se faire aider ? Il y a des chances pour que ton karma t’en fasse baver pendant quelques jours. Et après un été à travailler dans ces conditions, je peux te dire que tu seras la plus aimable de toutes les mangeuses de nuggets quand tu reviendras en tant que cliente. L’avantage, à ce qu’il paraît, c’est que tu peux facilement entrer en contrat étudiant dans ce genre de boîte et plus ou moins choisir tes horaires. Veinarde.
Hôtesse de caisse dans une grande surface
En théorie – L’hôtesse de caisse est la vitrine du magasin. Elle est la dernière personne que le client voit en faisant ses courses, et donc, le dernier maillon de la chaîne. Dans le magasin où je travaillais le samedi, et où le sourire est un dogme, il y a une campagne en ce moment pour mettre les hôtesses en avant à grands coups de photographies qui respirent la joie de vivre et de phrases-types telles que « l’hôte ou hôtesse de caisse, toujours là pour vous servir« . En outre, une adaptation cinématographique du livre d’Anna Sam (Les tribulations d’une caissière aux Editions Stock) est en préparation. L’hôtesse de caisse est donc en passe de devenir une icône sexy et enviée.
En pratique – On ne te colle pas du scotch aux quatre coins des lèvres qui en ont deux, mais on t’encourage vivement à faire semblant d’être contente d’être là. Je t’avouerai que les premières semaines, c’est compliqué. Quand, après ta formation, tu te retrouves seule, abandonnée face à une horde de clients pressés, il te sera difficile de ne pas faire un petit nérvousse brékdaone en bonne et due forme. Mais on s’habitue à tout. Je veux dire, on s’habitue bien à l’idée d’être menstruée douze fois par an ou à porter des soutiens-gorge sans bretelle, alors on peut bien s’habituer à ça. Il te deviendra alors beaucoup plus simple de sourire et de discuter avec les clients qui en ont envie (si je peux me permettre, cantonne-toi à « je suis étudiante en blabla, j’ai un frère et deux chiens, moi aussi j’aime le pâté« . Pas la peine de leur parler de ta cystite. Ca pourrait être mal interprété). Vers le milieu du mois d’août, tu feras ton show, on t’aura peut-être offert des bouquets de fleurs ou des chocolats et tu repartiras gaiement, ton chèque sous le bras, vers de nouvelles aventures estudiantines.
Dernière recommandation, illustrée par une petite anecdote. Un jour, une cliente passe à ma caisse, commence à papoter jovialement avec moi et, je ne sais plus pour quelle raison, se met à me raconter que tout le monde lui donne beaucoup moins que son âge. Comme je suis conciliante, je lui demande combien elle a de printemps. Radieuse, l’oeil malicieux, elle me défie de trouver par moi-même: « Vous me donnez combien ?
« . Sûre de moi, je réponds « 54« . Son visage se ferme, son regard devient noir. Elle en avait 50. C’est pas d’bol. Un conseil, donc : ne joue jamais à ce jeu-là avec les clientes, ou il pourrait t’arriver des bricoles, du style te faire taper dessus à coup de saucisson sec. Je plaisante pas : c’est déjà arrivé. Et il y a des choses dont on ne se remet pas.
Employée de rayon dans une grande surface
En théorie – Tu trembles déjà à l’idée de devoir te lever à 3h du matin, heure à laquelle tu te couches généralement, et tu as bien raison. Tu es un peu effrayée en te demandant à quoi ressemble un magasin à l’ouverture, tu t’imagines un décor post-apocalyptique plongé dans le silence et la pénombre, et là, tu as un peu plus tort. La première fois que je suis arrivée à 5 h du matin dans le grand magasin où j’étais embauchée, je m’attendais à ce genre d’atmosphère jusqu’à ce que je me rende compte que l’ambiance était plus aux éclats de voix et aux hauts-parleurs braillards. Pas de chance pour moi, la station de radio préférée des employés était Chérie FM, – une station qui juge apparement que le rock s’arrête à Calogero. J’ai donc écouté Chérie FM bien malgré moi. Pendant trois semaines. De 5h à midi, 5 jours/7. C’était l’été dernier et, pourtant, je peux vous dire que je ferais toujours bien bouffer sa guitare à Milow et que je n’ai malheureusement rien oublié de la reprise par Roch Voisine de California Dreamin’. Donc, en gros, ton travail consiste à aller chercher des cartons, les ramener dans ton rayon, les ouvrir, mettre leur contenu à leur place sur les étagères, et aller jeter les cartons vides que tu auras stockés dans un plus grand carton vide qui te sera désigné. WARNING : intervertir ton grand carton avec le grand carton de quelqu’un d’autre est diplomatiquement aussi grave que si tu offrais un chemisier deux fois trop grand à ta patronne.
Animatrice de centre aéré
En théorie – Tu penses que les enfants sont merveilleux et tu t’apprêtes à passer le plus bel été de ta vie. En revanche, si, tout comme moi, tu penses que les enfants sont à peu près tout sauf merveilleux, qu’ils n’ont rien à dire mais ne cessent jamais de parler, qu’ils courent partout, qu’ils font peur, et que s’ils te collent au slip c’est uniquement parce qu’ils pensent que traîner avec des jeunes majeurs, c’est hype, passe ton chemin. (C’était un message du comité contre les gosses).
En pratique – Si tu te sens partante pour ce job, il te faut le BAFA, un sens des responsabilités aigü, un dynamisme en béton et une créativité à toute épreuve pour imaginer des activités afin d’occuper les joyeux mouflets. Garde à l’esprit que, parfois, le plus grand défaut des enfants reste leurs parents qui te feront peut-être passer un interrogatoire pour savoir si par hasard tu ne serais pas une criminelle pataugeant dans une sombre histoire de trafic d’organes, et s’ils peuvent te faire confiance.
Tu travailleras probablement 5 jours sur 7, toute la journée en plus des réunions qui ne sont pas toujours payées. Il y a de grandes chances que tu finisses le mois avec une paie à 4 chiffres, ce qui n’est pas du luxe compte-tenu de l’énergie que tu vas dépenser. Et pour couronner le tout, petite chanceuse, tu auras certainement perdu quelques kilos à force de passer ton « temps du midi » à empêcher les Gremlins de faire une bataille de purée. Point positif : tes week-ends seront libres, tu pourras donc dormir et rester dans le noir 48h non-stop. Si tu as fait ce choix de job étudiant, j’ai envie de te dire – même si c’est une maigre consolation – que je t’admire énormément. Jamais. Je. Pourrais.
Tu as testé d’autres contrats saisonniers ? Tu as quelques anecdotes à nous raconter? Fais tourner dans les commentaires.
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Les Commentaires
Attention, pas le genre restaurant à service rapide style Quick ou McDo. Non, plutôt le genre de restaurant où tu payes ta glace 10 euros, où tu as un couteau à viande et un couteau à poisson (la fourchette qui va avec) et où t'as une vieille musique de crotte en fond. Oui, j'étais dans un restau assez chicos j'avoue.
Premier jour : je me coupe le doigt "Pas grave c'est le métier qui rentre !" Merci patronne mais vous voyez pas que je pisse le sang là ? Parce que oui les patrons ce qui les préoccupe ce sont les clients. Toi ils s'en fichent si tu as un bout de doigt en moins (okay là je fais ma chochotte...).
Ce que j'ai retenu humainement de cette expérience qui a duré 4 week-end : dans le monde du travail, les employés se crachent les uns sur les autres dans le dos, mais avec de grands sourires devant (toujours garder le sourire en public !), ne croyez jamais ce que dis une serveuse, (les pains sont décongelés et pas frais, nan mais vous croyez quoi ?), tu fais des pauses quand les autres ont le plus besoin de toi (mais non mais laissez la nouvelle faiiiire, elle fume pas de clope tant pis pour elle !).
Sinon, je sais que l'eau brulante directement sur les tâches, au lieu de frotter, c'est un miracle. Je sais tenir trois assiettes, olé ! Je sais reconnaitre les couverts à entrée/viande/poisson/dessert. Je sais plier une serviette en dissimulant les faux plis, sisi. Et surtout, je sais que je n'irai jamais manger chez eux.