Le 4 octobre au soir, vers 17h30, les applications et services web du groupe Facebook ont commencé à tourner dans le vide. En quelques minutes, Instagram, Messenger, WhatsApp et Facebook se sont éteints. Plus une personne ne pouvait accéder à une panne qui, on l’ignorait, allait durer à peu près 6 heures.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette panne n’est pas « normale ». Des bugs et autres erreurs peuvent arriver sur le Web, même de la part d’entreprises aussi puissantes et préparées que celle de Mark Zuckerberg, mais ce qu’il s’est passé le 4 octobre 2021 est une anomalie qui fera date.
Le déroulé de la panne de Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp
Mais que s’est-il passé réellement ?
Pour les utilisatrices et utilisateurs, c’est simple : plus aucun service Facebook ne fonctionnait. Pour les employées et employés de Facebook, la panne allait jusqu’à leur logiciel interne de messagerie — et, d’après la journaliste Sheera Frenkel du New York Times, l’incident a eu des conséquences bien réelles : des personnes se sont retrouvées dehors, incapables de rentrer dans les bâtiments de Facebook, car leurs badges ne fonctionnaient plus.
Des spécialistes du fonctionnement des réseaux comme Stéphane Bortzmeyer, architecte système à l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet en coopération), ont eu rapidement une intuition pour comprendre d’où venait la panne.
En faisant quelques tests, on pouvait s’apercevoir hier que Facebook avait cessé d’émettre sa « position sur le Web ».
Quand vous tapez facebook.com dans une barre de recherche, cette adresse facile à retenir est convertie par un serveur nommé DNS (Domain Name System) en une adresse IP (une suite de chiffres, qui pointe vers un serveur bien physique où est hébergé tout Facebook).
Dans le cas de Facebook, vu que le géant est colossal, il existe une autre étape gérée en interne, avant de vous renvoyer le site : ce que l’on nomme un « serveur DNS faisant autorité » va vous orienter dans les serveurs de Facebook pour vous montrer la page que vous cherchez.
La réalité technique est plus complexe que cela, mais retenez qu’un système d’aiguillage à deux niveaux se charge de convertir votre intention (aller sur Facebook) en un résultat (afficher Facebook). Si l’un de ces deux niveaux est mal configuré, il ne sait pas vous dire où se trouve le site que vous cherchez.
C’est précisément ce problème qui a causé cette panne monumentale : Facebook n’a pas été effacé, mais son coin du Web est soudainement passé sous les radars. C’est comme si tous les panneaux routiers vous amenant à une ville cessaient d’exister à quelques kilomètres de votre arrivée, sur une route avec des millions d’embranchements !
D’après Facebook, c’est une « erreur de configuration », très probablement humaine, qui est à l’origine de cette panne mondiale et totale, qui s’est propagée à l’ensemble du groupe et a touché Instagram, WhatsApp et Messenger dans la foulée. L’identifier, la corriger et déployer le correctif a pris énormément de temps.
Pourquoi d’autres sites que Facebook, Instagram ou WhatsApp semblaient inaccessibles ?
Par effet de bord, d’autres parties du Web ont été inaccessibles, alors même qu’elles n’étaient pas liées à Facebook ou à ses applications.
C’est tout à fait normal : les milliards (oui) d’utilisatrices et utilisateurs de Facebook, Instagram, Messenger ou WhatsApp se sont posé des questions. Toutes ces personnes se sont retrouvées sur Twitter, Signal, Telegram, Reddit… et l’afflux soudain a entraîné une surcharge des serveurs, qui a pu être remarquée.
De la même manière, des applications et services Web qui vont « interroger » les services de Facebook pour fonctionner se sont retrouvés avec une absence de réponse… et ont réessayé sans discontinuer, ce qui a augmenté leur charge.
Jusqu’à, parfois, rejoindre Facebook dans la panne.
Pouviez-vous faire quelque-chose pour éviter cela ? Dans ce cas précis, pas le moins du monde. Facebook était seul capable de faire remonter Instagram, WhatsApp, Messenger et son réseau social principal.
Reste que cette affaire rappelle que le groupe Facebook n’est qu’une partie du Web : vous avez tout intérêt à ne pas faire reposer vos occupations, votre vie sociale ou votre activité professionnelle uniquement sur cette plateforme. Des messageries alternatives comme iMessage sur iPhone, Signal ou Telegram sur tous les smartphones — ou le bon vieux SMS ! — sont des moyens de communication fiables, que vous devriez avoir sur vos appareils en utilisation principale ou en cas de pépin.
Il restera désormais à chiffrer, financièrement, les conséquences de cette panne. Pour le groupe Facebook, qui vit de la pub, mais également pour les millions de créatrices, créateurs et commerces qui dépendent (trop ?) de WhatsApp ou Instagram…
En attendant, les réseaux sociaux survivants ont été le théâtre d’une belle collection de blagues.
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