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Surprise : même pendant la pandémie, le sexisme envers les expertes perdure

Dans une tribune publiée dans The Lancet, Karine Lacombe, Caroline Samer, et Alexandra Calmy, trois médecins-cheffes dénoncent le sexisme et le cyberharcèlement dont elles ont été les victimes durant cette pandémie.

Pas de trêve pour le sexisme, même pendant une pandémie.

Incroyable de devoir une nouvelle fois constater qu’une corporation de femmes subit des injonctions sexistes en 2020 sur des sujets aussi grave que le Covid-19.

Pourtant c’est bien le constat amer qu’on fait trois médecins-cheffes dans une tribune publiée sur The Lancet.

Karine Lacombe, Caroline Samer, et Alexandra Calmy signent un texte intitulé « Le cyber-harcèlement des femmes scientifiques ne sera pas la nouvelle norme » dans lequel elles dénoncent les discriminations.

Un combat qui transcende les frontières puisque la première contributrice est française et les deux autres, suisses.

Les femmes face à la discrimination et au cyberharcèlement

Alors que l’épidémie fait des ravages en France et à l’étranger, sans surprise, les experts se sont succédés dans les médias au détriment des expertes. Or, le peu d’entre elles n’ont pas été logés à la même enseigne. Très vite, elles ont été victimes de vives critiques de la part des internautes.

Parce qu’elles sont femmes, leur expertise est remise en question ainsi que leurs compétences scientifiques. Et bien sûr, il y a également les commentaires sur les physiques. Bref, nous avons droit à un vrai shoot de sexisme. Pour vérifier, il suffit de taper leur noms sur Twitter où on peut découvrir un flot incessant d’insultes et de haine.

Les trois signataires de la tribune évoquent « des propos diffamatoires violents, des harcèlements et des attaques misogynes et sexistes ».

Selon les médecins-cheffes, ces attaques étaient systématiques après l’intervention dans les médias.

À ce propos, elles affirment :

« Nous pensons qu’il est essentiel de fournir des informations impartiales à toute personne qui en fait la demande sans faire de fausses promesses, tout en respectant les principes de la médecine factuelle… Il n’y a aucune excuse pour les raccourcis, même au milieu d’une pandémie mondiale. »

Une mise en garde bienvenue d’autant plus que durant cette période, les attaques ne se sont pas arrêtées au cyberharcèlement.

Car un sujet a cristallisé les passions à travers le monde : celui de la chloroquine et l’hydroxychloroquine. Très vite, la planète s’est divisée en deux, les fans et les détracteurs.

Et les médecins qui ont exprimé des doutes sur le produit ont été pris pour cible.

Ce fut le cas de chercheurs en France dont Nathan Peiffer-Smadja , et Marcus Lacerda au Brésil, qui ont rapporté avoir reçu des menaces de mort après la publication d’études n’ayant pas démontré l’efficacité clinique du produit. Force est de constater que le monde est moins sûr pour les femmes scientifiques, même quand elles font tout simplement leur travail.

Face à ces agressions, se taire n’est pas une option. Le rôle des scientifiques est d’informer mais aussi de vulgariser leur savoir auprès du grand public. Les médecins-cheffes soulignent avec justesse :

« Nous pensons également qu’il est essentiel de rendre compte de nos recherches et de nos travaux dans une institution publique… Les chercheurs et cliniciens sont amenés à s’exprimer dans les médias dans leurs domaines de compétence à la demande des journalistes par l’intermédiaire de leurs institutions. »

Malheureusement, pour mener à bien cette mission, les médecins-cheffes se retrouvent seules face à une vague de haine. Une situation qu’elles dénoncent également.

« Assumer seuls les conséquences de nos discours »

Sous le feu des projecteurs, Caroline Samer, Karine Lacombe et Alexandra Calmy pointent du doigt le manque de soutien à tous les échelons, à savoir

la communauté scientifique et les institutions pour lesquelles les chercheurs travaillent.

Face à la menace, les expertes réclament de la solidarité et une condamnation unanime des scientifiques. Jusqu’ici, elles assurent devoir « assumer seules les conséquences de nos discours ». L’idée est de faire front uni en cas de menace dirigée contre les chercheurs pour éviter toute déstabilisation.

Celle-ci pourrait être dangereuse si face à la peur, les chercheurs et chercheuses optent pour « le silence forcé » laissant place dans les médias à « des théories du complot ou à des experts autoproclamés promulguant une mauvaise science ».

Pour éviter ce genre de situation, elle proposent deux pistes d’amélioration : « mieux préparer les médecins aux interventions publiques dans leur cursus » et « leur donner des garanties d’un soutien sans faille s’ils se sentent menacés ».

Les femmes scientifiques sont peu présentes dans les médias

Autre constat énoncé dans la tribune, le manque criant de parité dans les médias pendant cette pandémie de covid-19. Selon des études du CSA et de l’INA, les experts ont été représentés par des hommes dans 80 % des cas. Ce manque de représentation porte évidemment préjudice aux femmes.

Cependant, rien n’est fait réellement pour pallier ce problème et ce, malgré les études qui se succèdent et qui arrivent à la même conclusion. Elles préviennent :

« L’image des femmes dans des rôles scientifiques doit être normalisée, et des modèles devraient être entendus pour inspirer les jeunes générations et créer un cercle vertueux pour contrer le silence des voix des femmes dans la science ».

Pour ce faire, des outils existent comme le site Les Expertes, accessible en quelques clics. Cette plateforme propose un annuaire unique de 4000 expertes dans tous les domaines. Récemment, 13 médias et groupes de presse ont décidé de contribuer au financement du site.

Alors que de 2020 prend fin, une autre lueur d’espoir nous permet de croire à une meilleure représentation des femmes : Gitanjali Rao.

À tout juste 15 ans, la scientifique a été sacrée enfant de l’année par le magazine Time et veut faire passer le message que rien n’est impossible :

« Il est vrai que je ne ressemble pas à votre scientifique typique. Tout ce que je vois à la télévision, c’est un homme plus âgé, généralement blanc, dans le rôle du scientifique. C’est comme si des gens avaient assigné des rôles au sexe, à l’âge, à la couleur de peau…»

Espérons que 2021 projettera davantage de femmes sur le devant de la scène !

À lire aussi : Le prix Goncourt a-t-il un problème avec les femmes ?

 


Les Commentaires

6
Avatar de Fentanyl
28 décembre 2020 à 17h12
Fentanyl
pour revenir à l’article, il se pourrait donc que ce ne soit pas un manque de respect si les femmes n’ont pas droit à leur »Pr », car ce n’est peut-etre pas leur grade académique. Ou alors elles sont bel et bien professeures, et dans ce cas c’est dégueulasse de ne pas respecter leur travail

Je peux confirmer que Karine Lacombe et Lila Bouadma sont bel et bien professeures...
Il y a encore beaucoup à faire dans la société où on assimile trop souvent les femmes à des infirmières et les hommes à des médecins...
4
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