Dans nos contrées tempérées, la saison des moustiques est surtout un problème rapport à la pénibilité du bruit que fait l’insecte, à zoner près des nos oreilles pendant notre sommeil. Ses piqûres nous démangent et nous agacent pour les traces disgracieuses (et terriblement démangeantes) qu’elles laissent sur la peau. Et c’est à peu près tout.
Mais ailleurs dans le monde, le moustique est redoutable. Porteur et vecteur de parasites et d’infections, ses piqûres sont responsables de milliers de morts chaque jour, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique Latine. Le paludisme (également appelé « malaria », notamment par les anglo-saxons) est dû au plus meurtrier de ces parasites, transmis par les piqûres de moustique.
Le paludisme en chiffres : 600 000 morts par an, plus de 200 millions de contaminations.
Un vaccin bientôt disponible ?
Au centre de recherche de vaccins de l’Institut Nationale de la Santé au Maryland, le Docteur Robert Seder confirme que les premiers tests du vaccin contre le paludisme sont prometteurs. Ces tests doivent encore être confirmés à plus grande échelle. D’autres questions restent en suspens, notamment quant à la durée de la protection qu’offrirait ce vaccin potentiel (à quelle période faut-il le renouveler, à quelles doses…)
Compte tenu de l’importance de l’épidémie et de la gravité de la maladie, plusieurs vaccins ont été développés, et sont actuellement en phase de test. Le problème est qu’il existe plusieurs types de parasites ; la plupart des vaccins en cours de développement ne ciblent que le Plasmodium falciparum, le plus répandu.
La femelle moustique anophèle, responsable de la propagation du parasite Plasmodium falciparum, cause du paludisme.
Le vaccin PfSPZ sera-t-il en mesure de protéger contre les autres parasites ? À l’heure actuelle, ce n’est pas certain, il faudra attendre d’autres tests. Par ailleurs, la production massive de ce vaccin pourrait s’avérer « coûteuse et problématique », selon le Docteur Anthony Fauci, directeur de l’Institut National Américain des allergies et maladies infectieuses.
En effet, le principe du vaccin est le suivant : on irradie des moustiques porteurs du parasite, puis on extrait le parasite (rendu inoffensif par les radiations) des glandes salivaires des moustiques. Et cette manipulation est délicate à réaliser, on s’en doute (compte tenu de la taille d’un moustique).
En attendant la diffusion massive d’un potentiel vaccin, la résistance s’organise.
Kite Patch, l’anti-moustique miracle
Le Kite, c’est un carré adhésif, à peine plus gros qu’un timbre. Il est imbibé d’une substance qui interfère avec le système de navigation du moustique. Le porteur d’un patch Kite devient « invisible » pour le moustique, pendant 48 heures environ (durée de protection d’un patch).
Pour financer la commercialisation, l’équipe a lancé le projet sur la plateforme de crowdfunding Indiegogo. Voici la vidéo de présentation du projet, qui explique le fonctionnement du Kite Patch :
[vimeo]https://vimeo.com/71615608[/vimeo]
« Un enfant meurt de la malaria chaque minute, chaque jour. »
Le projet Kite part du constat qu’aujourd’hui, les techniques de défense contre les moustiques sont au mieux, artisanales, au pire, nocives.
Fig. 1 : méthode de défense artisanale, la moustiquaire.
La moustiquaire reste en effet la meilleure (et parfois la seule) ligne de défense des habitant-e-s des régions les plus pauvres contre les risques d’infections par piqûre.
On procède également par endroit à l’épandage intensif d’insecticide, pour éviter la prolifération de moustiques. Non seulement cette technique n’est efficace que très localement, mais ces produits sont rarement bons pour la santé humaine. Entre le risque d’infection ou d’empoisonnement, les populations ont un peu le choix entre la peste et le choléra…
Le Kite Patch pourrait être une solution de
protection efficace et sans danger pour la santé, contre toutes les maladies contractées par les piqûres de moustique, pas uniquement le paludisme.
À 17 jours de la fin de la campagne de financement, l’équipe de Kite a d’ores et déjà obtenu près de 480 000 $, soit plus de 6 fois leur objectif de 75 000 $.
L’équipe du projet Kite Patch, capture d’écran de la rubrique « Qui sommes nous ? »
Pour l’instant, il faut résider aux États-Unis pour pouvoir se procurer le patch magique (via les contreparties offertes dans la campagne de financement). Mais au vu du succès qu’a récolté le projet sur Indiegogo, on peut espérer que la commercialisation interviendra rapidement.
Pour aller plus loin…
- Un vaccin expérimental prometteur contre le paludisme, Le Monde.
- Malaria vaccine shows early promise in clinical trials, BBC News / Health.
- Vaccin expérimental prometteur contre la malaria, Radio Canada.
- Kite Patch, campagne de crowdfunding Indiegogo
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