Réalisatrice de documentaires engagés, des violences obstétricales (Tu enfanteras dans la douleur) à celles perpétrées contre les travailleuses du sexe (Là où les putains n’existent pas), Ovidie a voulu se pencher sur un cas d’école du traitement des violences sexuelles en France.
Avec Le Procès du 36, diffusé ce soir à 22h45 sur France 2 dans Infrarouge, elle donne à voir comment la justice a engagé sa mutation après Me Too à travers le procès en première instance des deux policiers accusés de viol en réunion par Emily Spanton en avril 2014.
À l’issue de trois semaines de procès en 2019, la justice avait condamné les deux policiers à 7 ans de prison ferme. Trois ans plus, le procès en appel les a finalement innocentés.
S’interroger sur le traitement judiciaire et médiatique de l’affaire
« L’idée n’est pas de “refaire le match” », insiste Ovidie, « mais de s’interroger sur l’évolution du traitement judiciaire et médiatique de ce type d’affaire. Et se demander à quel point un procès peut être le reflet d’une société a un instant-T. »
S’attachant aux faits, la réalisatrice a voulu donner la parole aux différentes parties, ainsi qu’à des journalistes ayant suivi le procès pour comprendre le traitement de cette affaire. Le documentaire donne aussi la parole à la victime elle-même, Emily Spanton, dont la vie privée et la personnalité ont été disséquées pour mettre en doute sa parole et dépeindre le portrait d’une mauvaise victime.
La diffusion de ce documentaire est toute symbolique, huit ans après les faits, et quelques jours après le jugement en appel et l’acquittement des deux policiers, le 22 avril, déclarés innocents.
Une décision de justice dénoncée par de nombreuses féministes, notamment à travers une tribune :
« Quand on porte plainte pour viol même le policier ayant recueilli la plainte nous traitera de « pute » devant ses collègues, comme cela s’est passé au commissariat du Ve arrondissement. Et encore si la police accepte de prendre notre plainte.
Quand on dépose plainte le parquet classera sans suite et quand on obtient un juge d’instruction après une constitution de partie civile le juge d’instruction prononcera un non-lieu.
Quand on obtient un procès on finit par être la « menteuse », la « nymphomane », la coupable.
«France, terre d’impunité du viol ?» Tribune dans Le Parisien
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Crédit photo : « Le procès du 36 » © Magneto
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