On pourrait légitimement penser que quand les temps sont durs, on a tendance à se rabattre sur les valeurs sûres : la tendresse et les mots doux, les baisers et câlins, les parties de jambes en l’air… Après tout, une relation sexuelle épanouissante, non seulement ne coûte (presque) rien, mais en plus, aurait – a priori – tendance à nous détendre.
Et pourtant, en période de crise, nous serions plutôt du genre à faire ceinture autant qu’à se serrer la ceinture, si l’on en croit les résultats du rapport annuel Let’s Talk About Sex: The UK Report de Hims & Hers (une compagnie américaine 100% digitale, vendant des médicaments sur ordonnance et en vente libre). Voici comment l’inflation peut ruiner notre vie sexuelle en ayant un impact négatif sur la libido. Et ce, peu importe notre genre.
Crise économique et libido, des chiffres records
Si vous avez l’impression que votre vie sentimentale et sexuelle n’est pas au beau fixe ces derniers mois, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul·e ! Selon la société anglaise Hims & Hers, près de la moitié des personnes interrogées (42 %) déclarent que les récents événements politiques ou économiques ont eu un impact sur leur vie sexuelle et amoureuse et 30% à évoquer une large baisse de leurs relations sexuelles (13% n’en ont plus du tout).
L’agitation politique, la remise en cause des droits des femmes, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’augmentation brutale du coût de la vie et de l’énergie… ont créé une atmosphère d’anxiété et d’incertitude financière chez la plupart d’entre nous. Résultat, au moment de se détendre, il n’y a plus personne !
À lire aussi : Money Slave et BDSM : il est temps de briser le mythe de la domination financière
Le sexe, pas qu’une histoire d’hormones dans la culotte
Très étonnement, alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 aurait, elle aussi, pu avoir un impact négatif sur nos vies sexuelles, 48% des personnes interrogées déclarent qu’ils étaient très satisfaits de leur vie sexuelle avant et après la pandémie (40% au cœur de la crise).
42%… Un chiffre qui prouve à quel point le sexe ne serait pas qu’une histoire d’hormones dans la culotte. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y aurait un vrai lien entre ce que vit notre société et notre envie de sexer, que ce soit dans le cadre d’une relation prolongée ou d’une rencontre court-termiste. Dans les deux cas, l’inflation et ses retentissements sur notre pouvoir économique et sur notre mental auraient un impact sur notre libido, que même l’idée de se réchauffer à moindre coût avec des ébats torrides ne saurait motiver.
« Si vous vivez dans des conditions instables ; si vous devez travailler 24 heures sur 24 jusqu’à l’épuisement ; si votre santé est affectée par votre faible pouvoir d’achat, il se peut que vous ayez moins de temps et d’envie pour le sexe » indique Alix Fox, journaliste, animatrice et éducatrice sexuelle, qui a participé à la réalisation de ce sondage. C’est ainsi qu’un fossé important se creuse, entre celles et ceux qui ont les moyens d’investir dans leur histoire d’amour (sorties à l’extérieur, cadeaux, voyages…), et les autres.
Des disputes amplifiées, qui passent l’envie de coucher
« Tout ce qui rend la vie difficile – crise du coût de la vie, perte d’un emploi, mauvaises nouvelles incessantes… peut être très accablant. Si aucun de ces facteurs n’a de conséquence directe sur la chambre à coucher, leur effet cumulatif est un problème » explique Martin Robinson, fondateur et rédacteur en chef de The Book of Man dans le compte rendu de l’étude avant d’ajouter : « Il y a tellement de stress qu’il peut être difficile de devenir soudainement un dieu du sexe ».
Ainsi, 24% des personnes interrogées constatent avec regret une baisse de leur libido et la même part trouve aussi que leur santé mentale est moins bonne, en raison des changements dans leur vie sexuelle.
À lire aussi : Le syndrome des « couilles bleues » est-il un mythe qui sert surtout la culture du viol ?
Laisser les problèmes hors de la chambre ? Plus facile à dire qu’à faire…
Contrairement à ce que dit l’adage, l’argent pourrait fortement contribuer au bonheur et l’amour peut s’acheter en quelque sorte. « L’argent vous donne accès à plus de sécurité et à des choses qui facilitent la vie quotidienne, ce qui peut signifier que votre santé mentale est susceptible d’être un peu meilleure. Vous avez plus de chances d’avoir une situation confortable, privée et sûre. Vous avez plus de liberté pour sortir avec des amis. Vous pouvez peut-être vous permettre de payer quelqu’un pour vous aider à garder vos enfants ou au nettoyage de la maison. L’argent permet d’acheter les choses qui peuvent rendre le plaisir plus facile » indique Alix Fox.
Surtout, le fait d’être à l’aise financièrement rend souvent les relations de couples plus légères, ce qui permet de se concentrer sur son amour, plus que sur son portefeuille. « Vos relations sont peut-être plus faciles, parce que vous êtes moins stressé·e par l’argent et que vous ne vous disputez pas au sujet des factures » ajoute donc la journaliste.
À lire aussi : IST : Pourquoi rappeler ses anciens plans après un dépistage positif (et comment surmonter la honte)
Dating : les célibataires sortent moins
S’il était auparavant plus facile d’enchainer les date ou de sortir le grand jeu pour séduire, les adeptes des applis de rencontre ont dû se résoudre à freiner les dépenses. Ils sont 22% à affirmer à Hims & Hers qu’ils ont revu leur budget à la baisse et 15% à dire qu’ils sortent moins souvent, sous prétexte que cela revient trop cher : verre dans un café, achat d’une bonne bouteille, préservatifs et de contraceptifs, nouvelles tenues éventuelles…
L’air de rien, tout cela peut revenir cher à un·e célibataire en quête régulière de nouveaux·elles partenaires.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Quand à la baisse de libido, clairement faut garder la tête froide car c'est pas ce qui devrait cimenter un couple.