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Ouf : dans sa dernière saison, Brooklyn Nine-Nine ne met pas d’oeillères et aborde les violences policières

La huitième et dernière saison de Brooklyn Nine-Nine vient de débuter outre-Atlantique. Elle parvient à aborder frontalement la question des violences policières, cassant au passage le mythe des « bons flics ».
Attention spoilers
Attention, cet article spoile des éléments de Brooklyn Nine-Nine saison 8.

Il y a quelques semaines, on s’est demandé comment Brooklyn Nine-Nine, une des meilleures séries comiques de ces dernières années, allait aborder une question hautement actuelle : celle des violences policières et du racisme systémique. Il était aussi question de comprendre comment celle-ci rentrait malgré tout dans le registre de la copaganda (contraction de cop, flic en anglais, et du mot propaganda, propagande), en participant à entretenir la bonne image de la police.

En annonçant qu’ils n’éluderaient pas ce sujet dans la huitième et dernière saison de Brooklyn Nine-Nine, les créateurs du show Dan Goor et Michael Schur ont donc fait une promesse à leur public. Celle de parler de l’actualité, de questionner la responsabilité des policiers, et en creux, leur propre responsabilité.

Un épisode qui casse l’image des « bons » et des « mauvais » flics

Alors, pari réussi ?

C’est dès le premier épisode, The Good Ones, que le thème est abordé. La joyeuse bande du Nine-Nine a subi de plein fouet la crise du Covid-19 mais a aussi été ébranlée par les nombreuses affaires de violences policières qui ont émaillé l’année 2020. C’est là-dessus que s’ouvre la saison, et plus spécifiquement sur la démission de Rosa.

Oui, je vous entends d’ici crier « OH NON ».

La personnalité la plus badass du commissariat rend son badge parce qu’elle « pense qu’on fait partie du problème » résume amèrement Jake, aussitôt repris par Ray Holt qui rappelle qu’elle est partie juste après le meurtre de George Floyd estimant qu’elle serait plus utile en devenant détective privée pour les victimes de violences policières.

Frustré de ne plus faire équipe avec elle, Jake propose alors son aide à Rosa dans une affaire dont elle s’occupe : une de ses clientes a été agressée par deux policiers, qui ont porté plainte contre elle. Rosa et Jake doivent donc trouver la preuve de la bavure pour l’innocenter… chose plutôt difficile, quand aucun témoin ne veut plus avoir à faire à la police.

On a toujours aimé Jake et son esprit de grand enfant. C’est ce qui fait de lui un personnage drôle et attachant (ok, un peu agaçant aussi parfois). Mais ici, sa naïveté et son idéalisme en prennent un coup : la police n’est pas faite de bons et de mauvais flics. Et il ne suffit pas que les bonnes personnes soient aux commandes pour que les choses tournent bien et que justice soit faite.

L’épisode fait preuve d’une vraie lucidité sur les limites de la police en tant qu’institution : peut-on vraiment changer un système pourri de l’intérieur ? Ou doit-on en sortir pour trouver d’autres moyens d’œuvrer pour la justice ? C’est tout l’enjeu du différend entre Jake et Rosa. Et il est passionnant.

Alors que Jake a le sentiment que Rosa lui reproche de rester du mauvais côté de la barrière, elle lui rétorque que son choix n’est pas de gaieté de cœur :

« C’est la chose la plus dure que j’ai jamais faite. J’ai renoncé à ma carrière, à mes amis. Mais je ne peux plus ignorer ce que la police fait à ma communauté, aux personnes qui sont COMME MOI. »

Ce que Jake ne comprend pas tout de suite, c’est qu’il ne s’agit pas de lui, à titre personnel. Et qu’il doit gérer sa culpabilité – en tant que flic, en tant qu’homme blanc – tout seul, que ce n’est pas Rosa qui doit avoir la charge de le rassurer. L’épisode se termine sur une note amère. Même en amenant la preuve de la bavure, faire condamner les deux policiers s’avère mission quasi impossible, face à la lenteur de la justice et au poids des syndicats.

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Le poids du racisme

The Good Ones n’est pas parfait, mais il aborde à travers Rosa la façon dont une policière racisée choisit d’agir, les conflits intérieurs auxquels elle fait face. Elle n’est d’ailleurs pas le seul personnage à travers qui ce thème est exploré. On comprend avec le personnage de Ray Holt que le racisme systémique peut avoir des répercussions jusque dans l’intimité, en apprenant sa séparation avec Kevin.

Je vous entends encore crier « OH NON ».

Sur le site The Mary Sue, la journaliste Princess Weekes s’interroge sur cet élément de l’intrigue :

« Quand Rosa doit expliquer ce qu’elle ressent quand sa communauté est visée, on ne peut pas s’empêcher de s’interroger – Jake et Amy ont-ils eu cette conversation ? Avec Holt et Kevin (son ex-mari), est-ce que Kevin n’a pas compris ni fait preuve d’empathie avec le tiraillement de son mari noir et gay ? Sans indice, cela conduit à davantage de questions sur ces deux couples interraciaux et s’ils communiquent ou non à ce sujet. »

Cette dernière saison promet donc encore de belles surprises et des gags (encore heureux !), mais elle nous apporte aussi d’intéressantes réflexions et n’évitera pas certains sujets, aussi complexes et sensibles soient-ils.

À lire aussi : 5 preuves que Brooklyn Nine Nine est la meilleure série


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

1
Avatar de ....
17 août 2021 à 20h08
....
Perso, je suis fatiguée de notre monde pourri. Est-ce qu'on pouvait pas nous laisser un espace de fantaisie sans ramener dedans une réalité violente qui dégueule de partout? Est-ce qu'on pouvait nous laisser un espace de repos qui n'empêchait ni la connaissance, ni l'action contre les injustices?
Manifestement non. Hors combat, point de salut. Ça se discute mais surtout point de rire salvateur pour récupérer de conditions de vie et de lutte difficile.
Je passe mon tour sur la saison.
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