:: Sortie le 19 avril 2006 « en technicolor »
Avec Jean Dujardin, Aure Atika, Bérénice Bejo
Le pitch officiel : Égypte, 1955, le Caire est un véritable nid d’espions. Tout le monde se méfie de tout le monde, tout le monde complote contre tout le monde : Anglais, Français, Soviétiques, la famille du Roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, secte religieuse qui veut prendre le pouvoir. Le Président de la République Française, Monsieur René Coty, envoie son arme maîtresse mettre de l’ordre dans cette pétaudière au bord du chaos : Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117.
Après le carton réalisé avec le surfeur blond, l’équipe de Brice de Nice se reforme autour de Jean Dujardin et Michel Hazanavicius (le réalisateur du cultissime Grand Détournement).
OSS 117 est un James Bond avant l’heure, créé en 1949 par Jean Bruce, soit 4 ans avant le célèbre espion, qui a donné lieu à plus de 200 romans vendus à 75 millions d’exemplaires dans le monde (rien que ça) et des adaptations au cinéma dans les années 60.
Adapté sept fois au cinéma, mais sous une forme plutôt… classique, l’OSS 117 de 2006 est plutôt un détournement qu’un véritable film d’espionnage. « OSS 117, un peu de Sean… et beaucoup de conneries ». Et là, tout est dit.
Parodie, pas détournement
Ne parlons pas de parodie, mais de détournement. Les gags d’une parodie sont souvent grossis pour être d’autant plus hilarants. Là, Michel Hazanavicius (l’auteur du mythique Le Grand Détournement) reprend les codes des films d’espionnage en les remettant à sa sauce, faisant d’OSS 117 un film hilarant de bout en temps. Seul petit bémol : tu risques fort de te marrer… à condition de bien avoir en tête les codes des films d’espionnage et des polars.
Tous les ingrédients d’un bon détournement
Les couleurs vieillies, les costumes, les décors, les effets spéciaux, le vocabulaire (OSS 117 remet au goût du jour des mots oubliés comme pataquès par exemple), les gags… Tout est au rendez-vous.
Pour en arriver à ce niveau de perfection et de détail dans le gag, l’équipe d’OSS 117 a digéré l’esprit et l’univers des films de l’époque pour en faire un petit bijou de détournement.
Jean Dujardin… terrible
Le point commun entre Brice de Nice et OSS 117 ? Même si les deux personnages n’ont rien à voir, Jean Dujardin joue le rôle principal et il le joue à merveille. La différence entre les deux films ? Brice de Nice n’avait pas de scénario ni de fil conducteur, si bien que passé la première demie-heure, à part quelques moments cultissimes, on finissait par se lasser. Dans OSS 117, vrai film avec un vrai scénario, Jean Dujardin est exceptionnel… dans un jeu d’acteur complètement différent.
Il joue un agent français des années 50, colonialiste, paternaliste, homophobe, bien franchouillard comme il faut, avec des grosses oeillères sur le monde, sur la culture égyptienne et la religion musulmane.
Le film… super léché
OSS 117 est un bijou de mise en scène. Il y a très peu de plans qui ne comportent pas un gag dans le film, si bien qu’il faut y retourner une seconde fois pour bien en apprécier tous les détails. Ca donne un film très rythmé, sans jamais aucun temps-mort, des conneries à tous les coins de pelloche… et des moments, ainsi que des répliques, qui resteront forcément cultes. Je ne verrai plus jamais la blanquette de veau du même oeil et le moment où OSS 117 chante Bambino en arabe est… à pleurer.
Et un côté politiquement incorrect prononcé
Sous l’apparence légère du film, OSS 117 nous rappelle également que la France a jadis été un pays colonialiste, méprisant et suffisant vis-à-vis de ses colonisés. Pour cela, les auteurs ont sorti l’artillerie lourde : homophobie, racisme latent, islamophobie, tout y passe. Un grand plongeon dans la tête du Français moyen des années 50… pour finalement se demander si cet état d’esprit a changé depuis 50 ans. Ah si, on a avancé : maintenant, on en rigole. Toujours ça de pris.
Toutes les photos sont © Gaumont Columbia Tristar Films
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