Sarah Manning est une jeune femme un peu crado, un peu grunge et très badass, qui rentre chez elle après un long moment d’absence. Sur le quai de la gare, elle voit une femme qui se déchausse calmement, pose son sac au sol, puis tourne la tête vers elle.
BIM : l’inconnue a exactement le même visage que Sarah. De quoi se manger un gros choc dans la gueule et donner envie de causer. Mais la jeune femme a de toute évidence d’autres plans, vu qu’elle se jette sous le train sous les yeux médusés de notre héroïne…
Comme Sarah en a vu d’autres dans sa vie, elle saute sur l’occasion pour piquer le sac de Beth, puisque c’est comme ça qu’elle s’appelait, et prendre son identité (et sa thune, pas folle la guêpe).
https://youtu.be/mOlWUsyzEcU
Ça y est, vous êtes curieuses ? Bon, vous l’aurez compris, si j’en dis plus je spoile… Donc passons aux arguments !
Orphan Black, une série sombre et haletante
Orphan Black est un thriller d’anticipation : ce n’est pas vraiment de la science-fiction, mais le scénario pourrait bien se dérouler dans un futur proche, et ça en dit long sur l’état de notre société (d’ailleurs en parlant de série d’anticipation avec Black dedans, regardez aussi Black Mirror !). Le scénario est donc on ne peut plus sérieux, avec des gens en costume, des complots et des vies en danger en permanence.Avis à celles qui aiment bien deviner le twist ou la signification d’une scène qu’on ne comprend pas tout de suite : vous allez vous en donner à coeur joie. Les intrigues s’imbriquent les unes dans les autres, on s’y perd, on bondit et on hyperventile quand on comprend enfin quelque chose, on se ronge les ongles sur un cliffhanger… C’est bien écrit, on sent dès le début que le scénario est tentaculaire et c’est délicieusement accrocheur.
Orphan Black, c’est drôle !
Alors c’est sérieux, oui… Sauf qu’il y a Vic, l’ex complètement con et hilarant de Sarah ; il y a Félix, le frangin, folle assumée qui a la réplique acerbe et le coup de pinceau salace, et bien d’autres que vous découvrirez au fur et à mesure des épisodes et que vous aurez hâte de retrouver pour une grosse marrade.
On ne PEUT PAS se planquer dans de la déco minimaliste !
Le comique est très différent selon les personnages, donc vous aurez de quoi trouver votre bonheur. On souffle avec une scène drôle après une grosse montée de stress, on repasse au mode scénario avant que ça ne devienne lourd… L’équilibre entre sérieux et humour est foutrement bien dosé, et c’est devenu rare en ces temps de dualité sitcom/série 100% sérieuse.
À lire aussi : Les sitcoms touchent-elles à leur fin ?
Les personnages sont merveilleux
Vous connaissez déjà Sarah, Vic et Félix ; sachez qu’il y a BEAUCOUP de personnages dans cette série. On s’y retrouve assez facilement parce qu’ils sont tous plutôt bien écrits. Pas de manichéisme ni de protagoniste parfait dans Orphan Black : tous les personnages ont leurs défauts et leurs qualités, et c’est ça qui les rend si réalistes et attachants. Si vous en découvrez un que vous détestez d’emblée, ne vous y fiez pas ! Les scénaristes vous trollent.
Ils vous trollent tellement.
Si vous cherchez une nouvelle série où vous trouverez à coup sûr LE perso chouchou qui vous donnera envie de vous jeter sur l’épisode suivant, testez Orphan Black : vous en aurez au moins deux. Trois. Bon sang, j’en ai au moins cinq…Ça parle d’identité, sans stigmatiser
Dans Orphan Black, tu peux être noir, latino, blanc, gay, lesbienne, bi, roumain, trans, bouddhiste ou vert à pois jaunes, personne n’en a rien à foutre.
La diversité de couleurs de peaux, d’orientation sexuelles, etc. est trop souvent utilisée par les séries pour attirer l’attention du spectateur sur un sujet de débat, pour convaincre que « mais vous savez, en fait, l’homosexualité c’est normal ». Orphan Black ne vous prend pas pour des jambons et part du principe que vous savez DÉJÀ que l’homosexualité, c’est normal. Ici, on s’en branle autant que si les personnages avaient les cheveux bouclés ou raides, et ça fait du bien.
C’est confo comme un kimono.
Comme le thème principal de la série est l’identité, chacun se cherche et chacun est différent,
mais personne ne trouve son identité dans l’unique fait d’une couleur de peau ou d’une orientation sexuelle : c’est assumé comme une composante comme une autre. C’est aussi la première série où j’ai entendu le terme genderfluid: bonus, les deux personnages qui discutent savent ce que c’est et ne se sentent pas le besoin d’expliquer !
À lire aussi : 13% des jeunes en France ne sont « ni homme ni femme » : la non-binarité, c’est quoi ?
De quoi attiser la curiosité du public qui ne connaît pas le sujet, et qui se dira probablement que si c’est posé comme ça dans une conversation, c’est qu’il faut probablement se renseigner et ajouter ce mot à son vocabulaire. De l’éducation tout en finesse, un jour notre monde sera comme ça, mais si.
Tatiana Maslany
J’ai bien envie de ne rien écrire dans ce paragraphe, parce que Tatiana Maslany est un argument en elle-même. Difficile de vous expliquer pourquoi sans vous spoiler, mais vous avez bien compris que toute cette histoire sent un peu le pâté et que pas mal de personnes se trimbalent avec la tête de Sarah (le visage, pas sa caboche coupée dans un panier à fruits).
L’actrice principale, Tatiana Maslany, est tellement badass et talentueuse qu’elle joue tous ces personnages, et qu’on les intègre parfaitement comme des identités à part entière.
LE TALENT.
Gestuelles, expressions du visage, façon de marcher, de parler, de se recoiffer, de s’assoir, de faire caca : je pense que Tatiana pourrait nous faire différencier toutes ses incarnations en DORMANT avec des petites variantes.
On oublie très vite que c’est la même actrice qui joue tous ces rôles. Je ne suis pas la seule à le dire : la petite fanbase d’Orphan Black a lancé un mème, un peu dans le genre de « Chuck Norris a réussi à compter jusqu’à l’infini. Deux fois. » :
- Tatiana Maslany a secrètement joué tous les rôles de tous les films des cinq dernières années sans que personne ne s’en aperçoive.
- Lors de sa première année de présidence, Barack Obama a été incarné par Tatiana Maslany.
- Tatiana Maslany a un jour tué un homme en jouant le rôle d’une arme à feu.
- Avant de boire ou de manger quelque chose, assurez-vous que ce n’est pas Tatiana Maslany qui joue le rôle de votre repas.
Alors regardez Orphan Black… mais vérifiez d’abord que votre écran n’est pas joué par Tatiana Maslany !
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires