Ici, au sein de la rédac, je suis en charge de la veille. Je cherche les infos, les sonars un peu cool et les actualités qu’on peut traiter sur le site.
Aujourd’hui, quand j’ouvre mes flux, je ne vois qu’un seul mot, partout : « Orlando ». Et je ne veux pas.
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Je veux juste que ça redevienne une journée normale, une semaine normale.
Je veux fuir, et je veux juste que ça redevienne une journée normale, dans une semaine normale, où quand je rigole, c’est avec tout mon cœur. Une semaine comme toutes les semaines, pas forcément au top tout le temps, mais sans cette vilaine boule au fond de la gorge qui me laisse juste espérer que mon rire ne va pas se transformer en torrent de larmes.
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Je ne connais pas les victimes d’Orlando, mais…
Pourquoi être aussi mal ? C’est vrai, c’est un peu con. Ces gens-là, je ne les connais pas, je ne sais pas qui ils sont et j’ai aucune idée de leur histoire. En plus, ils habitent de l’autre côté de l’Atlantique, alors c’est dire s’ils sont loin. Mais…
Ça aurait vraiment pu être moi
Mais, c’est là qu’est le « ça aurait pu » intervient, parce que ça aurait pu être moi. Parce que ces personnes ont été tuées ou blessées pour ce qu’elles sont, et parce que ce qu’elles sont, je le suis aussi.
Ça m’arrive d’aller dans des boîtes où je peux vivre — en théorie — librement mon orientation sexuelle. Où je n’ai pas trop à réfléchir à ce que je peux ou ne peux pas faire en public. Ça c’est passé à Orlando, ça aurait pu se passer partout.
Je me souviens, à 18 ans, j’ai fait ma première Gay Pride ; c’était même pas à Paris, c’était en province, on était pas tant que ça, et l’ambiance était plutôt cool… jusqu’au moment où on s’est pris une grenade lacrymogène dans la gueule. J’avais relativisé, sur un mode de « il y a des cons partout, ok ça pique la gorge, mais y a pas mort d’homme ».
Comment est née ma peur des homophobes
Au fur et à mesure des années, j’ai commencé à avoir peur : après les lacrymos sont venues les banderoles, avec des messages pas franchement sympathiques, et maintenant plus que jamais, j’ai l’impression de me mettre en danger quand je marche pour mes droits, pour moi, ou même pour rien.
J’ai l’impression que tout recul, que l’Histoire recule et qu’on ne s’en sortira jamais. Je me sens désemparée, je me sens triste, et surtout complètement impuissante.
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J’ai l’impression de me mettre en danger… en existant
J’en ai marre qu’on parle de courage dès que je veux tenir la main de ma copine dans la rue. J’ai pas envie que ma vie soit liée à un risque, juste parce que j’ai décidé de vivre sans me cacher, et d’aimer où va mon cœur.
À chaque fois que je crois que ça va mieux, des événements comme celui-ci me rappellent qu’on est des cibles mouvantes. Et si j’ai toujours su relativiser les agressions isolées dont j’ai pu être victime… dès qu’il s’agit d’une tuerie de masse, ça devient beaucoup plus compliqué.
C’était pas une boîte au hasard, c’était une boîte gay : c’était une attaque homophobe.
Parce que c’est nous qui avons été visé•es. C’est une communauté, la communauté LGBTQA, c’est de l’homophobie. Pure et simple. Peu importe au nom de quoi. C’était une boîte GAY.
Vous entendez, les gens ? C’était pas une boîte au hasard, c’était une boîte queer, alors est-ce qu’on peut juste se mettre d’accord sur le fait que cet acte était homophobe, et que ça laisse toute une communauté dans la stupeur et dans la peur ?
MOGAI : Marginalized Orientations, Gender identities, And Intersex. C’est un terme générique pour n’oublier personne.
Queer : c’est un terme qui est utilisé généralement pour parler des personnes non-hétérosexuelles et/ou non-cisgenres. Il est moins récent que MOGAI.
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Des jeunes sont morts, ils ne vous ont rien demandé. Ils voulaient juste faire la fête, être tranquilles. On sera toujours pas hétéro après ça. On ne se cachera pas plus après ça. Mais on ne vous fait rien. Laissez-nous. J’ai peur mais je suis debout, laissez-moi.
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