Depuis 2009, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (anciennement CSA) rend compte chaque année au Parlement français d’un « baromètre de la représentation de la société française ». Celui-ci permet de faire le point et de mesurer les progressions (ou régressions) de l’image de la société renvoyée par nos écrans.
Pour l’année 2021, les chiffres sont révélateurs : la télévision montre avant tout une France des centres-villes, blanche, valide, et d’une catégorie socio-professionnelle élevée.
Une diversité peu visible
Sur la question de la race sociale, le rapport indique que les personnes perçues comme non blanches ont été moins vues en 2021, à la télévision qu’en 2020 : leur présence a reculé de 2%, de 16 à 14 plus exactement. Sur les chaînes d’information en continu, elles représentent 10% des personnes indexées.
Cette sous-visibilité dans certains contextes s’accompagne d’une hyper-visibilité dans d’autres : dans les programmes d’information, 43% des personnes ayant une attitude à connotation négative dans les programmes d’information sont vues comme « non-blanches ».
La représentation du handicap est quant à elle extrêmement faible : 0,8% du total des individus indexés est en situation de handicap. Après avoir qualifié ces résultats de « particulièrement décevants », le rapport analyse :
« Les politiques de ressources humaines des entreprises de médias audiovisuels, de plus en plus favorables à l’inclusion des personnes handicapées au sein de leurs entreprises, ne trouvent pas leur pendant à l’écran. »
La prédominance des centres-villes et des CSP+
Le rapport se poursuit sur la représentation des territoires français et de leurs habitants. En 2021, on voit majoritairement à la télévision des habitants des centres-villes (65%). Les habitants des villages représentent seulement 13% des images (trois points de moins que l’année précédente), et ceux des banlieues, 4%.
Quant aux français des territoires ultra-marins, en cette première année depuis la fin de la chaîne France Ô, ils ne représentent plus que 3% du total des personnes indexées, contre 10% en 2019 et 2020.
Par ailleurs, les catégories socio-professionnelles visibles sont loin d’être le reflet de la société. Celles qu’on appelle supérieures (cadres, chefs d’entreprises, professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires…) sont représentées à 75% alors qu’elles composeraient environ 29% de la population générale. Les CSP- sont représentées à hauteur de 10%, et les inactifs à 15%.
Les femmes de plus de 50 ans n’existent pas
Ce n’est pas tout : l’âge est aussi un vecteur d’invisibilisation, ou du moins, il l’est pour les femmes. Chez les plus de 50 ans montrés sur nos écrans, elles ne représentent que 28% contre 39% de présence globale, tous âges confondus.
Pour changer ce miroir déformant qu’est la télévision, l’Arcom encourage les chaînes d’info en continu à se « saisir davantage des enjeux d’une juste représentation de la société française dans sa diversité ». Elle invite par ailleurs tous les éditeurs de programmes à prendre plus d’engagements en matière d’âge, de handicap ou de situation socioprofessionnelle… Et à les tenir.
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Crédit photo : Pinho / Unsplash
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