En mars 2019, une américaine du nom de Maryann White avait adressé une lettre ouverte au journal de l’université de ses enfants, soit Notre Dame dans l’Indiana.
Dans cette lettre, elle pointait du doigt les jeunes femmes qui portaient des leggings, les accusants de distraire ses fils qui ne pouvaient apparemment pas se concentrer correctement, en particulier à la messe.
Une lettre qui mobilise les étudiants
Elle écrit notamment dans sa lettre, que je t’invite à lire sur The Observer :
« J’ai pensé à tous les hommes autour qui ne pouvaient pas faire autrement que de voir leurs derrières ».
La conséquence de cette lettre a été que des centaines d’élèves se sont présentés à l’université vêtus de leggings, en signe de protestation.
Le hashtag #LeggingsdayND est notamment né de cette histoire, toujours en signe de soutien, que ce soit de la part des étudiants ou venant d’autres personnes.
À cette occasion, le magazine Slate est donc revenu sur l’histoire du legging, expliquant pourquoi il représente une forme d’émancipation.
Ce qui m’a donné envie moi aussi de réfléchir à la question avec toi !
Le legging, un vêtement controversé
Je me rappelle du boom du legging (ou du moins, de son intégration au vêtement du quotidien) à la fin des années 2000.
Étant généralement composé d’une matière fine, élastique et moulante, le legging laisse deviner toutes les courbes du corps qu’il y a en dessous.
Je me rappelle que les filles qui portaient des leggings au collège et au lycée était parfois moquées, et lorsqu’elles avaient le « malheur » d’avoir des courbes, on estimait qu’elle ne devaient même pas oser en porter.
Tu sais, c’est cette fameuse idée reçue qui dit que quand tu as des courbes, il ne faut pas porter du moulant…
Tu as peut-être d’ailleurs déjà entendu cette phrase :
« Un legging, c’est pas un pantalon ! »
La « bonne manière » de porter un legging, c’était à la manière d’un collant, avec un haut un peu long pour recouvrir le derrière.
La mise en valeurs du corps par le legging
Je me souviens d’une fille de ma classe en première année d’école supérieure, qui était pulpeuse et qui avait de multiples courbes. Elle ne portait que du moulant et des leggings.
Une de mes amies s’était émerveillée de la voir s’assumer autant, ce qui a contribué à faire évoluer mon avis sur la question.
Il ne s’agit pas de dire qu’il faut porter un legging transparent à travers lequel la culotte apparaît sans ne rien mettre pour recouvrir cette partie, déjà parce que ce serait jugé indécent dans la rue.
Le problème que beaucoup semblent avoir avec le legging, c’est soit le fait qu’il laisse trop voir les courbes du corps, soit le fruit d’un blocage à cause de la « règle » qui dit qu’un legging ne se porte pas seul.
En ce qui concerne la fameuse mère de famille à l’origine de la lettre ouverte, c’est donc le premier cas.
Mais quand bien même le legging épouserait les courbes des fesses, le vrai problème n’est pas les personnes qui le portent mais bien le fait que cette dame s’en serve pour justifier le fait que ses fils soient dissipés.
D’où vient le legging ?
Le legging est un dérivé du collant, lui même popularisé dans les années 1960.
Son ancêtre n’est autre que la culotte, qui se porte très moulante à partir du 14ème siècle chez les hommes.
La culotte a petit à petit évolué jusqu’à l’arrivée du pantalon au 15ème siècle, qui fut d’abord porté par le peuple, en signe de protestation contre la noblesse qui continuait de porter des chausses.
Dans les années 1940, les Bas nylon pour les femmes ont fait leur apparition, mais le début de la seconde Guerre Mondiale
a freiné la propagation de ce nouveau textile à cause de l’économie en déclin.
En 1959, Allan Gant propose les premiers collants, qui étaient jusqu’alors destinés aux danseuses.
Ces dernières ont en effet été obligées d’en porter puisque leurs jambes nues étaient jugées indécentes.
La mini-jupe de Mary Quant fait son apparition en Angleterre dans les années 1960, et les jambes des femmes n’ont jamais été aussi visibles.
Les collants trouvent alors leur place dans les placards des femmes.
Le legging est popularisé par le sport
Le legging naît de la fusion entre collant et pantalon, et est censé permettre de pratiquer une activité sportive en ayant la liberté de mouvement que propose un collant tout en gardant l’opacité d’un pantalon.
Ce nouveau vêtement se popularise dans les années 1980 avec l’aérobic, et c’est dans les années 2000 qu’il devient réellement, comme je le disais, un basique à avoir dans son placard.
Si le legging était d’abord destiné à la pratique sportive, il est devenu une pièce basique du vestiaire du quotidien, au même titre que d’autres pièces sportswear comme les tennis ou le bomber !
Mais le legging a presque perdu sa connotation sportive et s’accorde aujourd’hui avec tout type de style vestimentaire.
Tu peux le retrouver porté avec des talons et des tenues assez chics comme décontractées.
Le legging semble être encore moins bien vu en France qu’il l’est ailleurs, et Cristina Cordula n’y est peut-être pas pour rien, comme ne manque pas de le rappeler Slate.
Elle exprime en effet régulièrement son dégoût pour cette pièce qui selon elle n’a rien à faire hors d’une salle de sport.
Pendant longtemps, le pantalon moulant était donc réservé aux hommes, puisque jugé indécent sur les femmes.
Aujourd’hui, il semble que les leggings et pantalons moulants ne soient bien perçus chez aucun sexes.
C’est-à-dire que pendant des siècles, c’était une manière pour les hommes de montrer leur virilité et leurs formes, notamment celle de leur pénis mis en valeur par la matière moulante.
C’était encore le cas jusque dans les années 1980, où les chanteurs portaient beaucoup de moulant. Ils avaient d’ailleurs aussi les cheveux longs, et tout ça était encore considéré comme viril.
Le legging, comme le pantalon, est donc lui aussi une forme d’émancipation pour les femmes.
Un allié au niveau des critères de beauté
N’en déplaise à ses détracteurs, le legging est aussi en vogue aujourd’hui en raison de l’attention qu’est portée aux fesses.
C’est ce que rappelle notamment l’article de Slate : les fesses sont presque « les nouveaux seins ».
Kim Kardashian et son boule refait représente un idéal de corps recherché aujourd’hui. Sur Instagram, il y a évidemment les corps totalement fins et fit qui sont mis en avant, mais aussi la team formes.
Ou plutôt, la team grosses fesses et taille de guêpe, un idéal d’ailleurs très peu atteignable puisque les Kardashian elles-mêmes sont passées par la case chirurgie pour obtenir cette morphologie.
L’idée n’est pas de savoir si le fait qu’elles mettent en avant des formes qui ne sont pas vraiment les leurs est bodypositif ou non. Ce serait là le sujet d’un article différent.
Cependant, cette « tendance » a fait naître une certaine fierté chez les détentrices de ce genre de formes, et les fesses protubérantes sont devenues un nouvel idéal à atteindre.
Et justement, le legging est l’un des moyens de mettre en valeur cette partie du corps.
Slate développe sur cette culture des fesses, du twerk et bootyshake, qui est mieux expliquée avec leurs mots si cela t’intéresse.
En tout cas, j’ai toujours apprécié porter des leggings, quoiqu’on en dise. C’est hyper confortable certes, mais ça peut AUSSI être très joli. Il y en a de tous les styles et pour tous les goûts.
Que tu aimes ça ou pas est une affaire de préférences. Mais juger ce vêtement sexuel et surtout en faire l’objet d’une interdiction semble très régressif en 2019.
Et toi, que penses-tu du legging, et de celles et ceux qui en portent ?
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