Des chiffres existent : les femmes jouissent moins que les hommes.
Élisa Brune s’est demandé pourquoi. Cette auteure et journaliste scientifique fait le bilan de tout ce que l’on sait aujourd’hui sur le plaisir féminin, et donne son mode d’emploi très rationnel pour atteindre l’orgasme.
Le clitoris, frère jumeau du pénis
Cette inégalité dans le plaisir vient d’abord d’une méconnaissance totale de l’appareil génital féminin.
L’anatomie interne complète du clitoris a été publiée par une urologue australienne en 1998, soit 30 ans après que l’Homme ait marché sur la Lune, comme le souligne Élisa Brune devant le public hilare de cette conférence TEDx.
Une des conceptions fausses qui entretiennent le déficit de plaisir féminin est celle de voir le vagin comme équivalent du pénis.
Élisa Brune explique que le miroir féminin du pénis, c’est en réalité le clitoris :
« Pendant les trois premiers mois de la gestation, on a une structure unique, identique pour les deux sexes. Ce n’est qu’au bout du troisième mois qu’un signal hormonal va induire une divergence. »
Le clito est donc un véritable frère jumeau du gland, « formés exactement du même matériau », capable d’érection et bien sûr de déclenchement d’orgasme…
Comment avoir un orgasme selon la science ?
Élisa Brune pointe deux conditions pour atteindre l’orgasme : le rôle des réflexes dans le cerveau et celui d’un stimulus adapté.
Pour offrir un stimulus adapté, maintenant que l’on sait que l’organe qui donne du plaisir n’est pas le vagin mais le clitoris, il s’agit de stimuler celui-ci de manière correcte !
Trois possibilités donc :
- Titiller sa partie externe, le gland, qui est aussi la plus innervée donc la plus sensible.
- Titiller de l’intérieur la fourche du clitoris qui est « à cheval » sur le vagin, par pression ou frottement.
- Titiller de l’intérieur la fourche du clitoris par la pénétration, un moyen relativement aléatoire d’avoir un orgasme et auquel il faut bien souvent ajouter la stimulation externe du clitoris.
Élisa Brune note que la stimulation du vagin peut aussi procurer des sensations, via des nerfs plus profonds, mais que la science n’a aujourd’hui RIEN à dire sur ce qui peut se passer dans le vagin en terme de plaisir…
Des rapports sexuels centrés sur les hommes
L’auteure souligne aussi l’importance du rôle de la femme qui doit guider le rapport sexuel en fonction de ses sensations pour obtenir une stimulation adaptée.
Seulement, les femmes n’ont jamais vraiment appris à écouter leurs sensations !
Dans la réalité, Élisa Brune souligne que le rapport hétéro est bien souvent androcentré, c’est-à-dire orienté sur l’avènement de l’éjaculation, même lorsque la femme guide le rapport.
Elle remonte aux racines des sociétés phallocratiques « qui ont pour caractéristiques d’ignorer ou de supprimer la libido des femmes, et de la remplacer par un code de conduite réputé normal, et qui aboutit à l’orgasme masculin ».
L’accès à l’orgasme est toujours une inégalité aujourd’hui : moins de la moitié de la population féminine des pays où les études sont menées déclare accéder à l’orgasme souvent ou très souvent lors des rapports sexuels.
Pourtant 80% des femmes déclarent jouir pendant la masturbation. Il leur faut en moyenne 4 minutes pour cela, le même temps que pour un homme.
Pourquoi donc les femmes jouissent moins en couple, alors qu’elles savent parfaitement se donner du plaisir seules ?
Se libérer pour avoir un orgasme
C’est qu’intervient l’imaginaire, la stimulation intellectuelle nécessaire à l’orgasme, et que les femmes n’ont jamais pris l’habitude de solliciter.
Élisa Brune démontre avec plusieurs exemple que, pendant le rapport, les femmes pensent soit au plaisir masculin, soit au regard que l’homme pourrait porter sur elle.
Elle cite notamment une étude sur les obstacles qui séparent les femmes de l’orgasme. La majorité des sondées cite « la peur de faire des grimaces » !
Lorsqu’elles ne pensent pas à faire plaisir à l’homme et provoquer son éjaculation, les femmes se soucient donc de l’image qu’elles renvoient.
Deux options qui laissent peu de place à l’abandon de soi, au lâcher-prise ou à l’excitation…
L’auteure appelle donc à « faire la révolution » pour reconquérir le plaisir féminin, en partant à l’aventure !
Pour elle, puisque la sexualité n’est pas innée, qu’elle doit s’apprendre, et qu’elle est évolutive, nos blocages peuvent donc être surmontés par l’apprentissage, par la pratique.
Développer son imaginaire, ses fantasmes, utiliser son mental est très important maintenant que les femmes ont la liberté de le faire.
Élisa Brunet conseille aussi de se débarrasser de toute notion de performance et de « se sortir de la tête qu’il y a des choses normales ou anormales » :
« Ce qui est normal, c’est ce qui vous convient. »
À nous donc d’inventer notre liberté !
Et toi, quels conseils donnerais-tu à une femme pour jouir en couple ?
À lire aussi : Comment jouir en couple quand on est une femme hétéro ?
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Les Commentaires
Personnellement, pour moi l'orgasme c'est à 100% du temps depuis que je sais parfaitement me donner du plaisir, depuis que je dirige l'acte... et que je m'autorise à penser à moi en premier. J'ai la chance d'avoir un partenaire très à l'écoute qui me laisse diriger, et je me sens suffisamment aimée pour ne pas avoir peur d'être moi-même.
Si on venait à se séparer à l'avenir (ce qui n'est pas dans les plans), je ne pourrais plus être avec un partenaire qui ne me laisse pas dominer ou qui pense à lui avant de penser à moi. Ça paraît égoïste mais... depuis que mon plaisir est central ou prioritaire, pour mon mec comme pour moi, je viens à chaque fois. Attention, son plaisir n'est pas en reste. Il sait exactement comment jouir aussi, et visiblement le fait que je passe en premier lui convient et ne l'empêche nullement d'y trouver son compte, bien au contraire. C'est juste que... j'ai la prio pour l'orgasme, quoi. Et ça se fait naturellement.
Autre chose très importante qui m'aide à vraiment être excitée de ouf et favorise toute la suite : recevoir des caresses, des baisers et un long cunnilingus.