D’ordinaire, les gens de Caen me sont plutôt sympathiques. Une de mes meilleures copines en est originaire, un couple amis de mes parents aussi, ces gens sont charmants et donnnent à la cité de Guillaume le Conquérant de la vivacité aux chatoyantes couleurs que son héraldique a déjà. Mais toi, sacrebleu, toi : tu fais drôlement honte au Calvados.
Qu’on s’entende bien : bien sûr, aucune investiture ne t’a jamais invité à incarner une quelconque autre entité que celle d’Aurélien Cotentin (ton « toi civil ») et tu n’es vraisemblablement pas forcé de « représenter » ton département. Mais dans le domaine que tu as choisi de pénétrer (le rap game), « to reprezent », c’est important. Et la soupe musicale d’opportuniste que la logique marchande (ton alliée) nous sert, elle n’est malheureusement pas seulement vaseuse – elle est aussi outrageusement offensive (quand elles violent nos conduits auditifs et que, entre 2 rayons de supermarché l’on n’a d’autre choix que de rester bredouille).
Il paraît que tu as découvert « l’univers du rap » à l’âge de 12 ans. Grâce à tes camarades de basket-ball, tu expliques. Il est regrettable que dans la vie, les bons dribbleurs ne soient pas aussi visionnaires, car le hip-hop, s’ils le respectaient vraiment, ils t’en auraient tenus aussi éloignés qu’un attaquant essoufflé de ce Saint-Graal de panier. Avant cette intronisation au rap, tu dis avoir été fan de Nirvana, Iron Maiden et des Gun N’Roses. La main invisible de l’histoire de la Musique aurait du stopper ta course à cet épisode boutonneux où tu t’adonnais à des solos foireux dans ta chambre. À cette époque au moins, tu faisais chier personne d’autre que tes parents enseignants – et un instit, c’est bien connu, ça a déjà les nerfs aguerris par les cancres de sa classe.
Mais Aurélien, te laisser être le seul réceptacle de mon courroux ne serait pas, pour rester dans le vocabulaire sportif, « fair play ». Je blâme également la presse quotidienne nationale, qui, (la principale caractéristique de la peste étant de toucher tout le monde – dixit Camus), s’y met aussi. Il paraît que parler de toi draine des thunes – je ne savais pas la profondeur de la crise de la presse si abyssale. Libération, après t’avoir comparé à Eminem (ils ont dû faire un pot de départ un peu trop arrosé le même jour ou laisser un stagiaire avec de la merde plein les yeux écrire), t’a trouvé des similitudes avec TTC. Cette dernière comparaison ne t’avait pas trop plu : tu dénonçais alors le côté élitiste du « rap-electro » de la bande à Téki. Critique que tu réitères dans ton morceau intitulé Courez Courez avec la punchline suivante : « je sais que j’ai des fans dans ce délire et je voudrais pas les vexer mais quand tu me compares à des TTC c’est comme si tu me manquais de respect ».
Admettons. Mais alors, comment justifies-tu CE TRUC ?
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Si l’alliance rap et électro est selon toi affaire de prostitution, qu’en est-il du concept de mélanger URL et IRL et de surfer sur les phénomènes Facebook, Chatroulette et consorts dans un clip qui ressemble à un mauvais jeu d’arcade futuriste ? Aurélien, tu amènes un genre nouveau : le purisme de demi-mesure. D’autres appelleront ça de l’opportunisme. Fais le rimer avec « arrivisme » si tu veux, c’est pas dur et ça marche aussi.
Et ton refrain « bouge ton corps n’importe comment »: ne sonne t-il pas hyper tektonik pour un partisan de la séparation des genres ? Rap-electro, on disait ?
Au final, je m’interroge encore sur ce qui me laisse le plus perplexe : le passage émotion discount x vocoder x gimmicks empruntés au respectable R. Kelly OU ton incommensurable fierté d’avoir tourné cette bouse visuelle à Los Angeles. Je m’accorde l’attente de ton prochain album pour me décider, si tu veux bien.
Sur le terrain sentimentaliste, ton morceau Sale Pute a déjà grillé auprès de ces dames le gigolo du rap des années 2010 que tu es. Et dans la case du » frenchie qui kiffe plus les U.S.A. que son hexagone natale » , nous la fais pas à l’envers, on a déjà notre très cher Booba.
Laisse moi conclure en musique :
Killer Priest – Fake MC’s
http://www.youtube.com/watch?v=HwX597fyrWo
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'ai vu qu'on parlais beaucoup de second degrés.. Pour moi c'est du quinze millième degrés !
Je trouve ça un peu dommage qu'on rabaisse toujours Orelsan à cause de ses paroles misogynes ou de ses phrases choquantes mais quand on écoute du rap US ou bien même le rap "de chez nous", les paroles ne sont pas plus poétiques ! Au moins, Orelsan s'efforce d'aborder les sujets de tous les jours tels que la dépression, les ruptures, etc. et il le fait avec humour !
Bref j'aime Orelsan, je suis allée le voir en concert, c'était juste génial ! & j'attends son nouvel album avec impatience !