Même si j’avais beaucoup aimé Perdu d’avance il y a trois ans, j’avoue aujourd’hui que j’aurais pas foutu un pied dans un concert d’Orelsan à l’époque. Son personnage de gros loser en survêt’ criard, avide de bonnes meufs et de soirées foireuses était un piège à petits merdeux en Nike Air bons à beugler les paroles désespérées de Différent ou de 50 pourcents en se raclant la gorge bruyamment.
Avec Le Chant des Sirènes, Orelsan est passé au niveau supérieur, aussi bien du côté production que du public visé. Et c’est ce que je peux constater, coincée dans les escaliers de l’Aéronef : 40 minutes d’attente dans le froid, à ma droite un jeune homme en tee-shirt qui tombe dans les pommes et à ma gauche un autre jeune homme qui s’étonne du nombre élevé de filles dans la file d’attente. Malgré les polémiques suscitées par Sale Pute et Saint-Valentin, Orelsan a réussi à reconquérir les filles, venues, effectivement en nombre très conséquent.
La première partie est assurée par Parayonan, rappeur lillois dont la subtilité des paroles me laisse pantoise (ironie) (exemple : « Va te faire enculer » + triple mouvement du bassin). Si Parayonan rappe sur une bande son, on devine derrière lui les instruments du groupe d’Orelsan : bingo, bonus de vie et double pouce, le secret d’un concert de rap qui a de la gueule c’est une musique live !
Je rejoins la frontstage (la petite fosse entre la scène et le public) pour shooter les 3 premières chansons. Le premier rang est quasi uniquement composé de jeunes filles hurlant « OrelsaaaAAAAAAAAAn ». Puis noir, arrivée des musiciens et d’Orelsan, Gringe et Ablaye, tous encapuchonnés de noir. Raelsan entre en scène.
« Je continue de faire du chemin pour devenir moi même, dans l’amour, dans la haine, dans la moyenne » — RaelSan
Nouveau bon point : le concert est joliment et drôlement bien scénarisé. Après Raelsan, c’est au tour de Mauvaise idée de fédérer le public. Un buzzer géant est installé sur scène pour ponctuer chaque « mauvaise idée ». À la fin de la chanson, Orelsan explique que dès qu’une connerie sera dite = un coup de buzzer. Il annonce alors que c’est le moment du concert où il chante Sale pute. Ablaye défonce alors le buzzer et une voix féminine annonce qu’ils viennent de faire péter une faille temporelle et se retrouvent alors dans les années 90. Enchaînement tout trouvé, en casquette inqualifiable et blouson Waïkiki, Orelsan enchaine 1990 et Jimmy Punchline = grandiose !
« Dans les années 90, nouvelle génération, ils disent qu’on est des fous parce qu’on écoute nos walkmans à fond » — 1990
La suite du concert se déroule dans
une ambiance complètement dingue : le public entier connait tout par coeur et remue en rythme. Alors que je ne pensais pas le voir apparaître dans la setlist, Orelsan interprète son duo avec The Toxic Avenger, N’importe comment. Bien que je comprenne toujours pas le pourquoi du comment de cette collaboration, elle a mis une ambiance ouffissime. À ceux qui considèrent qu’Orelsan a un charisme équivalent à celui d’une huître avariée, sachez que vous avez tort : le mec assure. Plus tard, Saint-Valentin signe l’arrivée d’un Ablaye torse nu et ailes d’ange dans le dos, ravissant.
Skread, le producteur des deux albums d’Orelsan, connu aussi pour avoir bossé avec Sinik et Booba.
Dans le public, ça filme, ça chante, ça danse, ça hurle et devant moi je découvre une nouvelle race de spectateurs : ceux qui miment. Trois jeunes hommes, venus visiblement en fans de la première heure, ont mimé TOUTES les paroles de TOUTES les chansons : c’était à la fois drôle et cosmique. Car quand arrivent les paroles « j’ai plus la tête sur les épaules, Louis XVI » (Ils sont cools) et « les geôles du gouvernement » (La petite marchande de porte-clefs) je crois m’étouffer de rire tellement les mecs ont une imagination débordante (sachez que pour « les geôles du gouvernement », ils se sont mis en Johnny-style « mourir d’amour enchainé » bras croisés au dessus de leur tête).
La terre est ronde boucle la première partie du concert, et on entend plus le public chanter qu’Orelsan lui-même. Le rappel conclue la soirée avec Le chant des sirènes et Suicide social, autrement dit : avec une sacrée tension, ces deux chansons étant loin d’être funky.
Conclusion : je savais que j’allais passer une jolie soirée pendant ce concert, mais ça a dépassé mes espérances ! Très chouette ambiance, due en partie à la prestation live du groupe, à la bonne humeur et l’entrain d’Orelsan et bien sûr, à ses chansons qui se prêtent particulièrement bien au live.
>> Notre interview d’Orelsan >> Perdu D’Avance, son premier album >> Le Chant Des Sirènes, son deuxième album >> Toutes les dates de sa tournée
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Les Commentaires
Et nous on a eu de la chance, la première partie était un mec qui faisait du beatbox, c'était plutôt très sympa