Aujourd’hui mon iPhone est mort. Ou peut-être hier, je ne sais pas. Après une soirée riche en alcools divers et variés, j’avais eu la bonne idée de le poser au beau milieu d’un lavabo, mais ce dernier fuyait, et toute une nuit durant, de mortelles gouttes d’eau se sont propagées dans ses circuits tel un poison violent. À l’aube, il ne restait plus de lui qu’un cadavre inanimé, et la terrible vérité m’apparut au grand jour : mon tendre iPhone, mon cher iPhone était mourru.
Aujourd’hui, je tiens donc à lui rendre l’hommage qu’il mérite : ôtez vos chapeaux, joignez vos menottes et priez avec moi pour le salut de son âme.
Ô cher et regretté iPhone,
Aujourd’hui s’achève ton existence, et avec elle, notre belle histoire, jalonnée de joies et de plaisirs variés. Je me souviens des jours anciens que nous passâmes ensemble, et je pleure. Pour t’obtenir, j’ai travaillé comme femme de ménage dans un camping en Cerdagne : en ce lieu déshérité où l’électricité existait à peine et où le wifi n’était qu’une légende urbaine, tu m’apportas un peu de réconfort et de bonheur, et me permis de regarder moult épisodes de South Park ou du Cœur a ses raisons.
Puis, alors que j’entrais en hypokhâgne, tu devins mon meilleur allié : grâce à toi, cartographies, chronologies, déclinaisons et autres inventions du malin me furent aisément accessibles. C’est par tes hauts-parleurs que je découvris de délicieuses et décadentes musiques, par ton écran que je connus des nouvelles qui allaient bouleverser ma vie (recette du gâteau triple chocolat, ville de naissance de Cyrano de Bergerac, conjugaison exacte du verbe « gésire », entre autres), et par tes vibrations que j’appris de grandes choses. (Cette phrase ne veut pas dire que feu mon téléphone me servait de sex-toy, soyez-en certaines, obsédées du séant que vous êtes).
Certes, tu as été fabriqué par des petits-Chinois-qui-n’ont-rien-à-manger, dans des conditions de travail qui feraient rougir les patrons de la World Company. Certes, tu es l’emblème d’un capitalisme sauvage, et tu es possédé par les cuistres les plus fieffés de ce monde, au nombre desquels se trouvent Mickaël Vendetta, l’intégralité des candidats de Secret Story, Paris Hilton, Nadine Morano et George Bush. Certes, tu seras certainement rendu coupable, dans un demi-siècle, de la vague de cancers qui fera de l’humanité une race déliquescente au cerveau coulant.
Mais en dépit de ces quelques désagréments, tu vas me manquer. Beaucoup. Et cette question lancinante m’obsède : quand te reverrais-je, iPhone merveilleux ? N’étant pas fille d’émir du Qatar, j’aurai grand mal à te remplacer dans l’immédiat. Et malheureusement, mes talents de persuasion ne seront sans doute pas assez puissants pour convaincre mon bien cher patron de m’en offrir un, parce que c’est-bien-connu-toute-loljournaliste-qui-se-respecte-doit-avoir-un-iPhone-pour-la-sauvegarde-de-son-inspiration.
Adieu, donc, iPhone chéri : pour me punir de t’avoir laissé te noyer dans un lavabo, je me flagellerai les oreilles tous les jours avec un disque de Lara Fabian. Par déférence envers ta fin tragique, je me passerai également de douche pendant un mois : ces décisions ne sont que menu fretin, comparées au supplice que tu as enduré. Sache que toute ma vie, ma conscience ploiera sous la culpabilité de ta mort. J’espère que, du paradis des produits Apple® où tu me regardes d’un oeil courroucé, tu as enfin trouvé le bonheur. Va dans la paix du Christ : je ne t’oublierai jamais.
Ton affligée propriétaire,
Alfrédette.
EDIT : Grâce à vos précieux conseils, mon Iphone est revenu à la vie. Reconnaissance éternelle. Je vous aime. Vous êtes les meilleures. Qu’une pluie de roses blanches s’abatte sur vos têtes.
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